Chapitre 7: Mal

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Je crois que je n'ai jamais aussi bien dormi de toute mon existence.

En tout cas, c'est ce que semble me dire le réveil de Tatsuki, qui affiche fièrement « 11: 07 » quand j'ouvre les yeux. Tous mes membres sont engourdis, et je reste quelques instants repliée sur moi-même, hésitant entre l'envie de me lever ou de rester dans la chaleur des draps.

Me redressant lentement en ébouriffant mes cheveux, je laisse mon regard se balader le long des murs de la chambre de Tatsuki. Cette pièce est en complet décalage avec le reste de la maison, que ce soit à cause des magazines qui recouvrent la quasi totalité du sol ou les enceintes énormes placées dans les coins de la pièce. Sur le bureau en bois est posée une pile de DVD, de bouteilles de bière et un vieux tourne-disque, parfaitement en harmonie avec l'aura désordonnée de l'endroit. La chambre est spacieuse, et dans un autre endroit de la pièce semble se trouver un sanctuaire cinéma, avec un écran plat enfoui sous une montagne de fringues et des poufs colorés. Je décide finalement de me mettre sur les jambes et je m'étire en me mettant sur la pointe des pieds avec délectation. Marchant alors quelques pas, je m'arrête devant la grande bibliothèque qui se trouve face au lit. J'aime regarder les paradis secrets de mes proches, on en apprend toujours plus sur eux, et je vois, soigneusement alignés devant les séries de mangas de nombreux trophées sportifs ou des dédicaces de hockeyeurs de Boston ou de Houston.

J'aimerais être aussi passionnée que mon amie. Sur les murs blancs sont collés tant de posters, de dessins ou de photos qu'on en distingue presque plus la peinture. Il y en a jusqu'au plafond, et je ne peux m'empêcher de rire quand je vois que le vieux lustre a été transformé en cendrier par mon amie.

Entre les mains de Tatsuki, tout devient de l'art abstrait.Souriante, je me retourne vers le lit et je ne peux m'empêcher de ressentir une sorte d'affection quand je vois mon amie enroulée dans les draps. Elle qui a un caractère si affirmé, la voilà en boule, les bras en croix sur sa poitrine, ses cheveux éparpillés autour de son visage apaisé, comme un pauvre petit oiseau qu'on pourrait supprimer d'une main. Seuls ses vêtements, toujours aussi rock n' roll peuvent nous faire rappeler que cette créature fragile est Tatsuki, dormant profondément.

Mais voilà que ma douleur au cœur revient de nouveau, et je me vois obligée de détourner les yeux. Il faut peut être que je vois un médecin, cela commence à devenir gênant...

« Dis donc Helen...on regarde les beautés fatales pendant leur sommeil ?

Et avec un cri de surprise, je me vois plaquée au sol par Tatsuki qui bondit du lit sans prévenir et qui visiblement ne dormait pas si profondément que ça. Nous roulons toutes les deux parmi les magazines et je tente vainement de résister à la poigne de Tatsuki, me chatouillant à m'en faire mourir d'épuisement. Se lassant finalement face à mon manque de combativité, Tatsuki finit finalement par s'asseoir en tailleur devant moi, et me demande avec un sourire

« Tu as bien dormi ma poule ?

-Merveilleusement bien malheureusement, je soupire en reprenant mon souffle, il est affreusement tard ! Je ne suis vraiment plus raisonnable quand je suis avec toi

-Tu m'en remercieras plus tard, sourit Tatsuki avec affection, que veux-tu manger Helen ?

-Rien merci, un thé suffira

-Tu plaisantes j'espère ?, bougonne Tatsuki, comme si j'avais commis un sacrilège, la bouffe c'est la vie ! Tu ne te réserves pas pour ton Dracula j'espère ?

-Tatsuki...

-D'accord, d'accord ce n'est pas un Dracula, rit Tatsuki en me faisant lever en tirant sur mes avant-bras, disons un corbeau rieur. Mais je vais t'obliger à manger Helen, tu n'as pas le choix

AleciaWhere stories live. Discover now