Chapitre 1: Vide

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Lentement, j'ouvre les yeux et je constate en soupirant que Joey n'est pas à mes côtés quand je me réveille. J'aimerais tellement qu'il se repose...ou même que nous puissions déjeuner un jour tous les deux, mais il est tellement occupé que ça en est désolant à voir.

Mais vous devez sans doute vous demander pourquoi je suis levée à 5h du matin alors que je ne vais au travail que dans quatre heures, et bien la réponse se trouve devant mon entrée: mon cher voisin de 17 ans est encore rentré à moitié ivre mort d'une de ses soirées et se sent obligé de hurler mon nom sous ma fenêtre jusqu'à ce que je daigne me réveiller. Tentant quelques secondes d'enfouir ma tête sous mon oreiller, je finis par céder comme à l'accoutumée en me disant que les voisins finiraient par me faire virer de la rue si je continuais à les empêcher indirectement de dormir.

« Heleeeeen ! Helen ouvre s'teuplais, j'ai...j'ai besoin...de toi... !

-Jacob !, je chuchote en ouvrant légèrement ma fenêtre, je t'en prie cesse de crier ainsi !

-Hééé oh, hein, du calme ok?, bougonne mon voisin en se traînant jusqu'à ma fenêtre, les yeux mis-clos, je suis...au bout du rouleau là...j'ai...besoin d'une jambe où pleurer...

-Jacob, tu vas parfaitement bien, tu as juste l'alcool triste, je soupire, fermant les yeux, appuyée contre la vitre, rentre chez toi et dors, je te passe un coup de fil après d'accord ?

-Helen ! Hé..tu me laisses tomber toi aussi ?, sanglote mon voisin quand je referme la fenêtre, hé ! Allez Helen sois cool, tu sais...bien que mon daron...il va me buter si je rentre comme ça !

Je soupire. Encore. Et encore. Ce gosse me rendra dingue.

Alors enfilant une fine robe de chambre en soie, je finis par me lever, les yeux tout gonflés de sommeil et j'ouvre la porte à Jacob qui manque de s'écrouler sur moi tant il ne tient pas sur ses jambes. Ravalant mon agacement, je soutiens l'adolescent jusqu'à mon canapé et je me tiens face à lui les mains sur les hanches. Sans espoir. C'est vraiment le seul mot qui me vient à l'esprit quand je pose les yeux sur lui.

« Je peux savoir comment tu es rentré ?

-Hein ?

-Comment tu es rentré ?

-En vélo...

C'est bien sûr faux, mais je fais semblant d'y croire en secouant la tête et allant chercher de la glace dans le frigidaire. Si ce n'était pas triste de voir des gamins traîner ainsi dehors à cette heure, des vapeurs de tequila plein la tête. Je ne me souviens pas avoir abusé des plaisirs de la vie quand j'étais adolescente, enfin...il faut dire que je n'avais pas eu énormément d'occasions de m'amuser.

Mes parents sont morts dans un incendie, il y a 22 ans. Nous habitions dans un immeuble désaffecté du Bronx, et avec les canalisations pourries que nous avions, ce genre d'accidents était courant dans cette partie de New York. Une étincelle, quelques tuyaux dégoulinant, et l'inévitable était survenu. Alors j'ai passé le reste de ma vie dans une pension non loin de mon ancienne maison, une sorte de taudis où nous étions écrasés les uns sur les autres en se poussant pour mieux respirer.

Quand j'ai quitté l'orphelinat, j'avais 16 ans. On ne m'a pas adoptée non, je suis partie.

Je suis partie parce que je sentais que je mourrais à petit feu, si je restais encore ne serait-ce qu'une année de plus dans ce concentré de sueur, de poussière et de cris.

Joey m'a littéralement sauvée la vie.

« Helen...

-Oui mon grand ?

AleciaWhere stories live. Discover now