L'Etincelle Bleue

Chapitre 17

Anne s'approcha lentement de l'Etincelle Bleue. Ses pas résonnèrent dans la grotte sombre.

La jeune fille hésita lorsqu'elle vit le diamant.

Avoir du pouvoir rendait folles les personnes, elle le savait.

Malgré tout, elle prit le diamant.

Dès que ses doigts le touchèrent, il commença à diffuser une lueur encore plus forte, qui devint si lumineuse qu'Anne dut se cacher les yeux.

Lorsqu'elle les rouvrit, l'Etincelle Bleue avait comme rétréci. Et elle était devenue un anneau.

Anne le glissa à son doigt, qui appartenait à sa main intacte, pas celle dont le poignet était brisé, puis sortit avec hésitation de la grotte.

Elle n'allait pas crier victoire trop vite.

Il fallait encore qu'elle parvienne à quitter l'Ile Noire.

Néanmoins, ce fut rapidement fait, et les fantômes semblaient avoir peur d'elle, car elle ne vit que quelques silhouettes floues.

Elle soupira, puis se jeta à nouveau dans l'océan.

Elle parvint à voir l'Ile des Perdus sans mal. Presque la totalité de la petite île était en feu.

Elle se hissa à la surface et courut tant bien que mal en esquivant les flammes. Les pirates, encerclés par des fantômes, étaient, leurs sabres dressés, occupés à menacer les esprits.

La jeune fille vit Barbenfeu et Barbe d'Or parmi les pirates.

Un gros fantôme la vit et ouvrit une bouche aux dents pointues tout en se précipitant vers elle.

Anne tendit machinalement sa main où l'anneau était glissé.

Un éclair bleu en surgit, et, l'instant d'après, le fantôme avait disparu.

Il n'y avait plus la moindre trace de lui.

La jeune fille leva la main, et une énorme lumière en surgit.

Toutes ses émotions.

Sa joie de vivre, sa tristesse, sa colère. Toutes se mélangèrent et se fusionnèrent.

Le rayon de lumière percuta de plein fouet les esprits présents, qui s'évaporèrent dès qu'il les toucha.

Elle avait réussi.

Elle avait sauvé les pirates.

Barbenfeu observa son anneau, les sourcils haussés.

- L'Etincelle Bleue? demanda-t-il.

La jeune fille hocha la tête.

Barbe d'Or ne réagit pas, l'air bien trop chamboulé par l'attaque des fantômes afin de dire quoi que ce soit.

- Notre bâteau avait coulé, souffla-t-il, car nous avons reçu un canon. Nous pensions que c'était la Voix de l'Océan qui nous l'avait envoyé, mais ça me semble impossible, plus j'y pense. Nous étions venus ici à la nage et étions restés ici pour nous reposer. Jamais je n'aurais cru que ç'aurait fini dans un tel désastre.

Ils continuèrent à avancer en silence.

Anne observait les cadavres de ses camarades. Elle s'arrêta en voyant une silhouette familière, dont le corps se faisait lentement brûler par des flammèches.

Jack.

Elle sourit tristement.

- Toi qui parlais du sacrifice de sa vie en tant que pirate, tu n'as pas l'air bien heureux d'être mort pour tes compagnons.

Elle suivit Barbenfeu ensuite sans rien dire de plus.

La jeune fille monta sur le bâteau en silence.

- Anne!

Celle-ci sursauta et se tourna vers la personne qui l'avait appelée.

Akila se précipitait vers elle, suivie de près par la petite silhouette de Mary.

- Nous nous sommes fait un sang d'encre pour toi! Tout va bien?

- Oh, oui, les rassura la jeune fille, quelque peu amusée. Mais vous n'êtes pas blessées, demanda-t-elle, alertée par leur air souffrant.

- Si, mais il fallait absolument que nous venions!

Elles se serrèrent dans les bras les unes des autres et Akila sourit doucement.

- Je suis si contente que tout ait bien fini.

Anne inspira d'un grand coup l'air frais de l'après-midi, puis observa le soleil des yeux qui appartenaient autrefois à Mary.

- Oh oui, moi aussi.

Soudain, Barbenfeu arriva et se mit juste devant elle.

- Anne, Anne! croassa Mochi.

- Tu as bien combattu, approuva le capitaine en ignorant son perroquet. Que dirais-tu de faire partie de l'équipage de la Voix de l'Océan? Voudrais-tu devenir une pirate?

Anne laissa le soleil lui picoter la joue, puis sourit doucement.

Elle avait dû vivre de choses bien étranges et traverser des épreuves, mais elle avait finalement réussi. Elle avait rencontré bien de personnes et s'était fait de nouveaux amis.

Papa, maman, où que vous soyez, j'espère que vous allez bien.

- Oui, avec plaisir!

Car moi, je viens de me faire de nouveaux amis, pour la première fois de ma vie.