L'Etincelle Bleue

Chapitre 4

Anne sentit le soleil lui picoter la joue, et elle ouvrit doucement les yeux. Ses membres étaient ankylosés, mais elle fut étonnée de se savoir vivante.

Elle resta longtemps ainsi, couchée et immobile.

Lorsqu'elle se sentit un peu mieux, elle s'assit lentement.

Sa vision, assez floue, mit du temps à s'accoutumer à la lumière du soleil.

Lorsqu'elle put enfin distinguer le paysage à côté d'elle, elle écarquilla les yeux.

Elle-même se tenait juste à côté d'Anne, inconsciente.

La jeune fille observa l'autre Anne, puis s'approcha timidement.

Soudain, lorsqu'elle se leva, elle se sentit un peu plus haute.

Perplexe, elle baissa les yeux vers ses pieds, et vit qu'elle portait un pantalon large, quelque peu déchiré par endroits et un peu froissé après avoir séché au soleil. Elle remarqua aussi une chemise blanche légère, qui ondulait au même rythme de la brise.

Les vêtements de Mary.

Elle vit le chapeau de la pirate, par terre, juste à côté d'elle.

La jeune fille l'observa sans savoir comment réagir, puis prit une mèche de cheveux entre ses doigts.

Un frisson monta dans son corps lorsqu'elle vit des cheveux orangés, possédant quelques teintes de doré.

Anne se précipita vers la rivière afin de regarder son reflet.

Bien que légèrement flou à cause des flots mouvementés, elle put distinguer avec facilité son visage. Ou, non, pas vraiment son visage. Le visage de Mary.

Elle se précipita vers elle, la jeune Anne, couchée par terre.

Celle-ci ouvrit les yeux et la véritable Anne eut un mouvement de recul.

- Anne? demanda la fille à l'apparence d'Anne.

- Que se passe-t-il?

- Nous avons échangé nos corps. Je suis Mary. Tu étais morte, et je t'ai donné mon corps, plein d'énergie.

- Comment se fait-Il que tu sois vivante si tu es dans le corps d'une morte? demanda Anne, bien qu'elle sache que poser cette question en premier était étrange.

- Mon esprit, qui n'était pas mort, est entré dans un corps mort. Voilà pourquoi je peux à présent bouger.

Mary joignit le geste à la parole en se levant doucement. Elle observa par dessus l'épaule d'Anne et soupira de soulagement.

- Il est parti.

Ce que c'était étrange de se voir soi-même parler et bouger! Mary devait ressentir la même chose, car elle semblait un peu inconfortable.

- Désolée, tu es morte par ma faute.

Anne secoua la tête.

- Non, ce n'est rien. Et puis, je suis vivante, non?

Mary soupira.

- Viens, partons d'ici, ordonna-t-elle sans répondre à la jeune fille.

Elles durent contourner la Sichérée, ce qui leur prit une vingtaine de minutes.

Anne, encore faible, se sentait de plus en plus essoufflée.

Elle observa calmement ses mains.

- Je suis toi, et tu es moi, à présent, pas vrai? Il n'y a aucun moyen pour changer ça.