Chapitre 6

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L'air devint froid autour de la jeune fille. Elle observait, les yeux écarquillés, la navigation énorme.

Un homme, assez laid, debout dans le bateau avait un sourire aux dents jaunies collé au visage.

Anne sentit un frisson la parcourir lorsqu'elle vit qu'il la fixait droit dans les yeux.

Soudain, elle aperçut une frêle silhouette, attachée à un poteau, juste derrière lui, qui l'observait, les yeux écarquillés et l'air terrifiée. Elle était baillonnée. Elle avait de cheveux noirs courts qui se balançaient au rythme de la brise et revêtait une vieille tunique en toile beige. Anne la reconnut.

Elle avait son ancienne apparence.

- Mary! hurla-t-elle.

Puis, l'autre navire les dépassa et elle ne vit que la mer.

- C'était qui? articula-t-elle malgré la peur qui l'avait envahie.

- Barbe d'Or, murmura Akila. Seul Barbenfeu a le mérite de l'appeler un idiot.

- Tu veux dire que...

Akila acquiesça.

- Il est surpuissant, et a l'esprit froid et calculateur. La seule personne que je connais, voire la seule personne du monde entier qui serait capable de le vaincre est le Capitaine Barbenfeu. Mary Line pourrait tenir le coup face à lui, mais

- Mais elle s'est fait capturer, termina Anne à sa place.

Anne ne sut comment réagir a une telle déclaration qui ne présageait rien de bon.

- Que va-t-il m'arriver? finit-elle par demander.

- Tu vas devoir rester avec nous. Car pour l'instant, nous sommes les seuls capables de te protéger.

La jeune fille baissa les yeux vers le sol en bois de la navigation.

- Oh, je vois.

La pirate sourit avec compassion.

- Ne t'inquiète pas, tout va finir par s'arranger.

Alors qu'Anne s'apprêtait à acquiescer, elle entendit un petit croassement.

- Mary, Mary!

L'instant d'après, le capitaine Barbenfeu sortait de la cale du navire. Son perroquet observait la jeune fille dans les yeux. L'homme qui l'avait suivi, Jack, était resté dans la cale du bateau.

- Mary Line! l'appela-t-il d'une voix grave et puissante.

Anne se leva et lança un regard hésitant à Akila, qui lui fit un signe de tête encourageant. La jeune fille se précipita aussi lentement que timidement vers le capitaine.

- Oui? demanda-t-elle. Elle se sentit destabilisée lorsqu'elle n'eut pas besoin de lever les yeux pour croiser le regard du capitaine. Elle avait du mal à s'habituer à son nouveau corps.

Dès qu'elle pensa à «nouveau corps», son regard s'assombrit lorsqu'elle se souvint de sa silhouette, à présent celle de Mary, baillonnée.

Le regard du capitaine Barbenfeu sembla s'adoucir. La jeune fille crut même y déceler une pointe de compassion. Il indiqua un vieux banc du menton, et Anne s'y assit.

Il resta levé et baissa les yeux vers elle gravement.

- Mary Line. Nous devons parler.

L'Etincelle BleueWhere stories live. Discover now