Bonus

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La guerre. La victoire. Les combats. Les victorieux. Les duels. Les blessures. Le sang. La douleur. La division médicale. Les infirmiers. Les aides-soignants. Les soins. La victoire. La résilience.

Zaraki Kenpachi poussa les grandes et lourdes portes de la salle commune de la 4e Division, où toutes les équipes médicales étaient réunies dans ce seul et même lieu. Divisé en de nombreux services qu'étaient la médecine générale, la radiologie, la neurologie, la cardiologie, le service d'accueil de traitement des urgences, la traumatologie, l'hématologie, la pharmacie et le service des grands brûlés, tous les effectifs (des officiers aux hommes du rang en passant par les sous-officiers) s'activaient pour offrir la meilleure prise en charge possible.

Lorsque Zaraki apparut dans l'encadrement, un silence assourdissant se fit entendre entre les murs, entre la joie de retrouver un Capitaine en vie et la force de soigner un nouveau blessé. Kenpachi balaya du regard la pièce, surtout pour retrouver la femme qu'il...

- « Bonjour Capitaine. De quels soins avez-vous besoin ? ». Un membre du personnel s'avança vers lui avec un sourire rassurant, malgré la fatigue qui se lisait sur son visage.

- « Où est Himari ? ». La panique n'était pas une sensation connue par Zaraki, exceptée quand la femme qu'il aimait ne se trouvait pas dans son champ de vision.

- « Dans l'arrière-cour Capitaine. Elle s'occupe du linge aujourd'hui. Elle est seule, et je peux faire en sorte que vous le restiez. », répondit le soignant en indiquant le chemin de sa main.

- « Merci. N'hésitez pas si vous avez besoin de quoi que ce soit. », rétorqua-t-il en se dirigeant expressément vers le fond de la salle.

Comme les derniers patients, Kenpachi était couvert de sang mais il voulait en priorité retrouver la femme de sa vie. Parce qu'il savait que les seules nouvelles du front qu'elle connaissait étaient l'afflux incessant des soldats dans cet hôpital de fortune.

Zaraki traversa la pièce en se forçant de n'accorder aucune attention aux lits occupés, et se félicita intérieurement de sa concentration lorsqu'il arriva devant la porte de la cour. Il n'était encore jamais entré dedans, bien qu'Himari lui avait toujours parlé de cet endroit comme un havre de paix. En effet, un jardin s'ouvrait sur ce patio et les équipes médicales appréciaient de profiter d'une pause apaisante.

Himari étendait le linge. Les draps et les habits des hospitalisés. Elle prenait son travail à cœur, car elle prêtait une attention particulière à ce que les couettes et les blouses soient correctement rangées sur des longs fils qui semblaient interminables. L'ambiance paisible contrastait avec l'environnement attenant.

Il la vit. Himari était habillée d'une robe mi-longue à bretelles, protégée par un tablier vert émeraude. Elle ne portait donc pas les différentes couches de la tenue des soigneurs. Kenpachi s'avança discrètement, avant de se cacher derrière les lessives qui sentaient le désinfectant.

Il souhaitait l'observer en secret encore quelques secondes, le temps d'effacer le mauvais souvenir de leur séparation. Zaraki était parti un matin sur les zones de conflits, en n'arrachant pas un baiser à... Sa fiancée. Il espérait qu'elle accepterait sa demande, surtout après toutes les épreuves qu'ils avaient traversées.

- « Bonjour Himari. ». Kenpachi ne put expliquer la raison pour laquelle il sortit de sa cachette. En effet, Himari sursauta et son homme vit dans ses yeux un mélange... De soulagement, et d'amour. « Tu peux me dire ce que t'as fait de si grave pour être relayée aux tâches ménagères ? ».

- « Zaraki ! ». Himari laissa tomber ses pinces à linge, et se rua vers l'homme qu'elle aimait. Elle l'entrelaça avec une intensité telle que Kenpachi en eut momentanément le souffle coupé.

Il pensait qu'elle l'accueillerait avec ironie, parce qu'elle aurait pensé voir un fantôme... Non. Himari ne porta aucune attention au sang de son homme, bien au contraire. Elle plaça ses mains douces de part et d'autre du visage de Kenpachi et se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un pudique baiser sur les lèvres du Capitaine.

Il désirait plus. Zaraki la voulait. Il attrapa ses lèvres et lui offrit paradoxalement l'un des baisers les plus passionnés qu'Himari n'ait connu. Elle attrapa ainsi le Haori blanc de Kenpachi maculé de sang, et le toucha comme si cette fois était la première où elle découvrait son corps. Musclé, abîmé.

Himari et Zaraki se séparèrent à bout de souffle. Ils se dévisagèrent comme si chacun était revenu de l'enfer, et Kenpachi recula curieusement d'un pas.

- « T'es belle dans cette robe. Tu devrais en mettre plus souvent, surtout quand on passera bientôt devant Shunsui. », lui avoua-t-il alors qu'il la faisait tourner sur elle-même.

Depuis des semaines, Himari rit aux éclats, un son qui lézarda les murs épais du cœur de Zaraki. Elle préféra réagir ainsi, plutôt que de bredouiller ou de rougir devant l'homme dont elle était éperdument amoureuse. Lui qui s'était transformé en sa compagnie, Himari admirait Kenpachi. Elle souhaitait le chérir, et s'engager à ses côtés dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie, dans les bons moments comme dans les mauvais pour le meilleur et pour le pire, jusqu'au dernier gramme.

- « Je serai honorée de porter ton nom. Himari de Zaraki. », chuchota-t-elle en s'approchant de lui, et en se réfugiant contre son torse. « J'ai moi aussi un événement à t'annoncer... ». Kenpachi sentit son cœur se retourner. Il serra malgré lui fort les épaules d'Himari, pour prendre du recul et planter son regard dans le sien. Himari était enceinte ? Elle portait un enfant, le sien ? Une nouvelle vie naîtrait ? Il manquait étonnamment de courage, car il n'osait pas regarder son ventre. « La nouvelle Vice-Capitaine de la 4e Division te fait face. », annonça-t-elle avec des yeux embrumés. « Cette situation répond à ton interrogation de tout à l'heure : je n'ai pas été rétrogradée, au contraire... J'avais seulement besoin d'être seule, jusqu'à ce que j'apprenne que tu étais vivant, et que tu me demanderais ma main : je t'aime tellement... ».

Parmi toutes les révélations que Kenpachi avait découvertes, cette confession était sans aucun doute l'une des plus belles qu'il avait entendue.

- « Une femme se tiendra donc à mes côtés toute ma vie, et en plus qu'elle soit jolie, elle sera la Vice-Capitaine de la 4e Division... », se parla-t-il en s'asseyant sur l'un des rebords de fenêtres. Des larmes de bonheur coulaient des yeux d'Himari, qui savait que Zaraki pouvait enfin profiter d'une chance qu'il ne se serait jamais permis de rêver jusqu'alors. Le regard perdu dans le vide, il revient à la réalité lorsqu'il sentit qu'Himari pratiquait des soins de premier secours. Il la contempla comme si...

- « Et toi Kenpachi : l'homme le plus courageux, le plus fort... Je ne ressens que de la fierté et de l'honneur de marcher à tes côtés. », confia-t-elle en lui retirant son Haori, et en touchant intentionnellement son buste du bout de ses doigts, toujours avec son sourire malicieux du coin des lèvres.

Zaraki n'était pas l'homme le plus démonstratif de ses émotions, de ses ressentis, de ses sensations et de ses sentiments, sauf devant Himari. Il attira Himari vers lui, et l'embrassa... Passionnément.

- « Je dirai à Isane que ta journée est consacrée à mes soins à partir de maintenant. Shunsui me prêtera bien sa salle de bain. Prends tes affaires, et rejoins-moi. », lui susurra-t-il en balançant à travers la fenêtre son Haori dans la machine à laver.

Kenpachi se leva, caressa la joue d'Himari, lui donna un baiser sur le front, sur la joue et sur les lèvres et partit sans se retourner. Comme à son habitude. Sauf que sa vie ne serait plus la guerre, elle serait une femme. La sienne, son épouse.

Et pendant que Zaraki s'en allait, il entendit un nourrisson pleurer. Dans un berceau, à l'ombre de la fontaine de la cour. Il feint de n'accorder aucune attention, car en vérité, il scruta Himari. Elle tourna les talons, se pencha vers le couffin, serra fort le nouveau-né et lui sourit. Des centaines d'orphelins attendaient leur famille... Zaraki pensa à Unohana et à son héritage : « L'acte de sauver un être dans le besoin ne devrait pas nécessiter de remerciements. »

Zaraki KenpachiOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz