Chapitre 3

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Himari était belle, et Kenpachi le savait. En effet, la plupart des hommes se retournaient sur son passage, et cette attention n'était en rien hasardeuse. Parce qu'Himari possédait une longue chevelure noire qui ne laissait personne indifférent, parce que sa peau blanche était immaculée de tout défaut, parce que son port de tête droit intimidait les personnes qu'elle croisait, parce que son regard était déterminé et parce qu'elle portait l'uniforme réglementaire comme personne.

De fait, le Haori et le Hakama d'Himari étaient toujours impeccables, et portés surtout avec fierté. Himari était un membre de la Society Society depuis son entrée à l'Académie, et même si elle respectait la majorité des règles militaires, elle ne pouvait être indifférente à une restriction qu'elle contestait : la démonstration des émotions, l'expression des ressentis, l'explication des sensations et la révélation des sentiments.

Cette raison était pour laquelle Himari laissait toujours se deviner un léger décolleté, sublimé par un simple débardeur (ou juste-au-corps) léger. Elle le portait tout au long de l'année, notamment pour que ses reins ne soient pas rafraîchis par des courants d'air froids désagréables. En effet, Himari était sensible aux températures fraîches, mais elle assumait de s'habiller par des vêtements confortables qu'étaient ses hauts et ses collants épais, toujours noirs. Himari pouvait ainsi affirmer en toute sincérité qu'elle se tenait prête à affronter tous les contextes, même ceux urgents de la nuit.

Kenpachi ne put empêcher ses yeux de se poser instinctivement sur le décolleté d'Himari, mais également sur ses épaules fines, ses bras qui l'étaient tout autant, et surtout ses mains. De fait, ses doigts étaient sublimés par plusieurs anneaux argent et or, qu'elle ne quittait que pour les situations urgentes. Himari était sans doute l'une des seules femmes de la Soul Society à en porter, et ce détail attirait inévitablement le regard des hommes.

Les yeux fixes, Kenpachi réfléchissait à tous les détails qui l'attiraient chez Himari. Il rêvait inexplicablement de glisser ses mains dans ses cheveux qui étaient indéniablement doux, de toucher la peau de son visage qui ne pouvait qu'être agréable, de passer sa main derrière sa nuque pour la soulager de sa stature, de plonger son regard dans le sien pour lire et découvrir tous ses secrets.

En effet, qui ne rêvait pas d'être soigné et touché par cette femme enchanteresse ? Himari était guérisseuse, et si Kenpachi apprenait qu'elle pratiquait des envoûtements, il ne contesterait même pas cette version. De fait, pour quelle raison se sentait-il aussi... Vulnérable alors que sa puissance était à son paroxysme ? Certainement parce que l'Homme n'est fragile qu'en présence de l'être qu'il aime. L'amour. L'attachement. L'admiration.

Kenpachi réalisa à cet instant précis qu'il n'était tombé amoureux que trois fois dans son existence. Du combat, puis de Retsu et d'Himari, enfin. Cependant, par peur et par pudeur, Retsu et Kenpachi ne s'étaient jamais dévoilé leurs sentiments, à regret. Ils s'étaient persuadés que les émotions ne conciliaient pas avec leurs vies, et s'étaient finalement laissé convaincre que leurs ressentis étaient incompatibles à leurs situations de guerriers.

Sauf que Kenpachi ne pouvait à présent ignorer ces sensations qu'il s'était pourtant tant forcé à dissimuler dans le passé ; car Himari se différenciait de Retsu par une seule subtilité : elle assumait son désir envers Kenpachi, et sa volonté d'apprendre à le connaître, même son côté sombre.

Passé de sanguinaire, puissance au combat qui ne doit pas être minimisée, aspect agressif et sauvage, cicatrices sur le corps, combattant violent, vit pour la bataille, tendance à être brutal, l'un des Capitaines les plus redoutables, force démesurée, surcharge de puissance, perte de la raison : Himari aurait pu avouer sans honte que Kenpachi traînait une réputation de sanguinaire qui le rendait craint, méprisable ou respecté, mais qu'elle aurait pu dévoiler sans négociation ses véritables ressentis envers lui.

Que pour Himari, Kenpachi était avant tout reproche un homme qui savait respecter les femmes, notamment Retsu qu'il admirait plus que tout, qui présentait une apparence grande et musclée qui la rassurait, qu'elle aimait son long visage aux pommettes prononcées, ses longs cheveux noirs et ses yeux verts, qu'elle se tenait prête à affirmer que les actions de Kenpachi n'étaient réalisées que dans le but du bien commun, qu'il pouvait arrêter un duel si son adversaire était trop affaibli, qu'il lui montrait un grand respect, que cette qualité prouvait qu'il méritait son titre de meilleur combattant et surtout qu'il ressentait des émotions, puisqu'il s'occupait de Yachiru. Enfin, Himari était tombée amoureuse de Kenpachi parce qu'il était au fil des ans devenu plus calme et concentré, et qu'il était disposé à entendre raison, tout en sachant prendre du recul.

La tension entre Himari et Kenpachi était donc à son paroxysme, entre elle qui se retenait de découvrir son corps, lui qui voulait bien plus que ses doigts dans sa chevelure et le contexte qui insinuait une suite bien moins prude qu'Himari et Kenpachi ne pouvaient le penser.

Himari attira finalement Kenpachi vers elle, et décida tout simplement d'ignorer le précepte de la pudicité (réserve, discrétion...) imposé par le règlement de la Soul Society, qu'elle jugeait injuste et ridicule. En effet, elle considérait que les émotions, les ressentis, les sensations et les sentiments ne pouvaient être refoulés, tout en proclamant haut et fort que le quotidien était déjà assez rempli de restrictions pour s'imposer d'autres complications et contraintes.

Les doigts d'Himari déclenchaient à chaque fois une sensation de brûlure sur le corps de Kenpachi, qui essayait de retenir sa serviette autour de son flan, tout en s'abandonnant progressivement à Himari, sa détermination et sa douceur. Il ressentait une tonne d'émotions, entre le lâcher-prise et le plaisir... Il se sentait en réalité privilégié, car jamais il n'aurait cru pouvoir profiter des regards aussi désireux d'une femme, dont la peur d'une première fois n'existait pas pour elle.

Or, Himari était également consciente que Kenpachi n'était pas coutumier de ces rapports, charnels. Elle l'aimait, et elle en était convaincue puisque les battements de son cœur étaient si forts et puissants qu'elle n'aurait même pas été étonnée si ce point vital avait transpercé sa poitrine.

Himari effleurait Kenpachi comme si elle découvrait le corps d'un homme, en n'oubliant aucun recoin de son visage, de son cou, de sa nuque, de ses épaules, de ses bras, de ses mains, de son torse... Lui se sentait plus vivant que jamais, comme si les cellules renaissaient sous le passage des doigts d'Himari. Un silence uniquement rompu par des soupirs et des râles pouvait être entendu dans la chambre, dans laquelle régnait une buée qui présentait un ensemble chaud et flou.

Kenpachi embrassait Himari comme si les lèvres de cette jeune femme étaient le dernier élément qu'il touchait, et il aimait la proximité qu'il créait malgré lui avec elle. Il savait qu'il ne paraissait pas décontracté, bien qu'il pouvait tout à fait reconnaître qu'Himari était une partenaire parfaite.

Cette pensée fut la dernière à laquelle Kenpachi pensa lorsqu'il décida de totalement déconnecter de cette retenue, en laissant tomber sa serviette sur le sol, tout en agrippant le débardeur d'Himari dont il n'eut aucun scrupule à le balancer à l'autre bout de la pièce.

Himari déstabilisa par le poids de son corps Kenpachi qui se retrouva immédiatement au-dessus d'elle par terre, plus précisément sur son futon. Elle était forte... et audacieuse en retirant les derniers tissus qui lui collaient à la peau. Elle était courageuse, notamment pour dissimuler son appréhension. Et si... Sauf que les doutes d'Himari et de Kenpachi disparurent lorsqu'ils ne firent enfin plus qu'un.

La sensation des peaux l'une contre l'autre, les regards complices, les mains qui se rejoignent, les lèvres qui se lient... Leur étreinte les envoya dans un univers parallèle où ils n'étaient que tous les deux. Kenpachi s'était lié à une femme qu'il considérait comme la plus belle de la Soul Society, et ne souhaitait surtout pas revenir à la réalité de ce monde. Il se sentait léger, mais dorénavant perdu sans elle. D'où lui provenait ce manque ? Il commença à s'interroger, jusqu'à ce qu'Himari revienne avec deux tasses de thé, dont elle but hâtivement la sienne, et s'assit délicatement sur le bord du lit.

Accepterait-il sa présence au-delà d'une nuit ? Himari ne put pas profiter du temps nécessaire pour répondre à son interrogation, car Kenpachi l'attira auprès de lui. Il la serra contre son torse et elle continua d'effleurer son corps. Que deviendraient-ils ? Ils préférèrent se dévisager en silence, pour profiter de leurs baisers, câlins et caresses brûlants et sensuels. Himari et Kenpachi ne sentirent pas le sommeil les envahirent, et seulement les premiers rayons du soleil les réveillèrent. Demain était un autre jour, avec ses histoires, ses péripéties et surtout ses dénouements.

Zaraki KenpachiWhere stories live. Discover now