Chapitre 4

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Zaraki se réveilla en sueur et en sursaut. Pourtant, il se sentait reposé, et savait que cette nuit était sans doute bien l'une des premières pendant laquelle son sommeil fut profond et rassurant. Himari. Elle ne se trouvait déjà plus à côté de lui dans son futon. Kenpachi fut soudainement envahi de paradoxales pensées : pour quelle raison n'était-elle plus près de lui ? Cependant, elle était assez intelligente pour être partie avant qu'il n'ouvre ses paupières... Kenpachi préféra ignorer ses introspections bien trop matinales, et se leva pour glisser l'une des deux portes coulissantes s'ouvrant sur un magnifique jardin à l'herbe verte, et à l'aménagement épuré. En effet, Kenpachi n'était pas de ces hommes à s'accorder du temps pour jardiner, il préférait au contraire se reposer un peu l'après-midi lors d'une sieste.

Il la vit. Parce que les quartiers de Kenpachi étaient probablement les seuls à profiter d'une chance incroyable : celle de pouvoir profiter d'un paysage verdoyant, une petite colline plus précisément. Celle-ci était par ailleurs surmontée d'un saule pleureur, et bien que Kenpachi adorait auparavant se ressourcer dans cet endroit, il le fuyait à présent.

Néanmoins, Kenpachi décida en ce beau matin d'enfiler hâtivement son Shihakushō, et de se diriger vers Himari qui se tenait devant un monument très spécial : la pierre tombale d'Unohana. En se dirigeant vers la femme avec qui il s'était déjà engagé durant une nuit, Kenpachi se remémora que de nombreux soldats de la Quatrième Division s'étaient déjà rassemblés devant la tombe de leur Capitaine pour déposer d'immenses bouquets, pour nettoyer et même pour parler.

Le deuil se vivait différemment selon chaque personne, et Kenpachi ne se sentait même pas assez honorable pour pouvoir critiquer quelconque réaction. Puisqu'il aimait également Unohana, mais qu'il se sentait encore beaucoup trop bouleversé pour juste aller lui rendre visite. Son enterrement fut un événement douloureux pour toutes les personnes proches de cette Capitaine appréciée et estimée.

Au fur et à mesure que Kenpachi se rapprochait d'Himari (et ainsi inévitablement d'Unohana), le Capitaine de la Onzième Division se permettait de repenser à la soirée et à la nuit partagée avec Himari. De quelles façons la bête par laquelle se définissait Kenpachi s'était-elle attendrie devant une jeune femme qu'il ne connaissait à peine la veille ? Car Himari était délicate et douce, tout en possédant un caractère, une personnalité et un tempérament affirmés qui plaisaient à Zaraki.

Kenpachi appréciait la présence discrète mais rassurante d'Himari, parce que cette femme semblait posséder et surtout utiliser cet instinct inexpliqué de comprendre les besoins, les émotions, les envies, les ressentis et notamment les sentiments de l'homme qu'elle aimait en un coup d'œil. Il appréciait aussi le fait qu'elle était l'un de ces êtres qui préférait demeurer à l'arrière-plan d'une situation, en ne prononçant aucun mot mais dont les actions étaient explicites et puissantes dans leurs significations.

Himari était une femme à la hauteur de Kenpachi, parce qu'elle était en réalité consciente de tout ce que représentait cet homme aux yeux et face aux jugements de la majorité des personnes qui le croisait, tout en paraissant prête à répondre à chacune de ces accusations et de ces préjugés.

En effet, Himari savait par son énigmatique intuition féminine que Kenpachi était en vérité un être qui était capable de montrer les meilleures facettes de l'humain que sont l'admiration et le respect, surtout envers les femmes qu'il considérait et que malgré la violence qu'il pouvait exprimer au combat, ses actions étaient dirigées vers le bien.

-           « Vous êtes vraisemblablement l'une des seules femmes que je connaisse qui êtes aussi matinal. ». Kenpachi préféra engager en premier la conversation plutôt que de sentir le silence particulier qui accompagnait la plupart des visites de pierres tombales.

-           « Bonjour Kenpachi. », répondit Himari en tirant sur les manches trois-quarts du sous-pull de son Haori. De fait, un vent frisquet se leva et provoqua une vague de frissons chez Himari. Elle était frileuse. « Pour compléter votre affirmation, je dirai que je préfère considérablement le calme du matin à la frénésie de la journée. ».

-           « Cette raison est pour laquelle vous ne vous montrez jamais le soir dans les couloirs de l'hôpital. », déduisit Kenpachi en remettant plusieurs mèches de ses cheveux sur ses épaules. Himari le dévisagea comme si... Ce regard. L'amour.

-           « Oui. ». Une affirmation certaine, qui ressemblait à celui d'un engagement pour la vie. « Je suis reconnaissante de cette opportunité de m'être tenue aux côtés du Capitaine Unohana pendant toutes ces années. Or, je souhaiterais apprendre personnellement de vous cet art qu'est le combat, si vous me le permettez évidemment. », révéla Himari en se tournant vers Kenpachi, en plantant son regard dans le sien.

-           « Et si je vous proposais directement une mutation dans ma Division ? », rétorqua Kenpachi avec ce sourire malicieux du coin des lèvres, si reconnaissable entre tous. Or, la réponse immédiate d'Himari déstabilisa un instant Kenpachi qui ne s'attendait pas à ce qu'une guérisseuse ne demande ni n'exige aucun traitement de faveur.

-           « J'accepte. », déclara-t-elle avec une expression fermée que Kenpachi ne reconnut pas. « Pour mon Capitaine, et vous. Je veux apprendre à dépasser mes limites, qu'elles soient physiques et mentales. Je souhaite également manier le sabre, gagner sa confiance et ne faire plus qu'un avec lui. Je désire connaître toutes les conditions favorables ou non pour engager un duel. Enfin, j'aimerais obtenir vos faveurs, afin que le sacrifice de Yachiru Unohana ne soit pas vain. ».

-           « Sans même être informée des conditions d'intégration ? ». Kenpachi l'embêtait, mais ce comportement n'impactait pas l'humeur et la motivation d'Himari, qui ne semblait être aucunement consciente de ce premier test de résistance psychologique.

-           « Vous me décevez à être déjà amnésique par rapport aux événements de hier. », répliqua-t-elle immédiatement, en permettant à Kenpachi d'afficher pour la première fois un air amusé sur son visage.

-           « Vous devrez juste habiter dans mes quartiers, le temps que les nouveaux réservés aux femmes soient construits. Vous pourrez naturellement disposer d'une partie privée, avec votre chambre, votre salle de bain, votre salon, votre cuisine... », se surprit-il à expliquer avec une pointe d'amertume et de regrets.

-           « Ou sinon, je vous rendrai votre quotidien plus agréable et facile en vous tenant compagnie. », osa-t-elle proposer en étant prête à assumer toutes les conséquences de sa déclaration.

-           « Marché conclu. Vous pouvez déjà commencer à rassembler vos affaires, nous nous retrouverons dès ce soir alors. ».

Zaraki KenpachiWhere stories live. Discover now