sirius

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Il est vingt-trois heures quarante-huit
Le ciel a revêtu en vain ses plus beaux atours
Je m'improvise barwoman hypocrite
Vous battez pas, chacune son tour

Il est vingt-trois heures cinquante-trois
Je lève le nez et je la vois
La parure que les astres ont enfilée pour toi
Mais tu préfères Taylor Swift - chacun ses choix

Il est vingt-trois heures cinquante-sept
Seule sur le balcon, fumée de cigarette
J'ai arrêté de respirer, mes yeux te guettent
Je sais que tu viendras, et que je serai muette

Et ça me prend, comme ça
Cette envie de te hurler à quel point tu n'as pas le droit de jouer
Et ça me prend, comme ça
Cette envie de monter sur le toit et de sauter

M'envoler, m'écraser ?

Alors en attendant, laisse-moi t'écrire un peu
Juste quelques mots, gravés en lettres de feu
Tu sais, je sais, nous savons toutes que cette nuit est un adieu
Et que je suis la seule que ça brise en deux

Alors en attendant, laisse-moi suivre la mode
Comparaison stellaire à ma façon
Puisque tu ne sais qu'obéir aux codes
Et récolter leur approbation

Alors en attendant, laisse-moi t'expliquer
Que tout est plus complexe
Qu'un trou noir, une planète
Une étoile, une comète

Tu te souviens de Sirius ?

Pas Black,
blanc
Pas le personnage que tu idolâtres,
l'étoile qui lui a donné son nom

Auto-destructeur système binaire
Qui de nous deux est l'étoile,
Qui est la naine ?
Qui malgré l'admiration garde un cœur glacial,
Qui brûle sans qu'aucune onde jamais ne l'atteigne ?

Censées former une paire
Trop proches pour oublier,
Trop éloignées pour communiquer
Condamnées au repère de Frénet

Amour fou, force centripète
Roue sans fin, l'éternité pour se perdre
Chute libre, rien ne t'arrête
Pas de frottements, expansif infini pour cadre

Moi aussi je veux ma part
Celle qui me revient de droit,
Qui ne mérite pas ton sournois brouillard
Où le silence est roi
Où les sentiments se noient
Où seule la douleur flamboie

Laisse-moi me soustraire à la vicieuse ellipse
Que nous avons nous-même créée
Briser le cercle, braver l'éternité
Adieu ma sœur, adieu mon amie
Adieu le tournis

Et quand viendra l'apocalypse,
Que nos atomes s'éparpilleront
Que nous perdrons notre identité
Que temps et distance se dilateront
Que tout recommencera sans toi, sans moi et sans nous
Je serai heureuse de penser
Que j'aurai vécu pour la personne que je suis
Et qui mérite mieux que de compter les petits cailloux
Là, seule sur le balcon

Il est minuit et des poussières
Tu es venue, j'écrivais
Tu es repartie, j'écris
La lavande réveille mes allergies
C'est pour ça que ma gorge se serre

04/07/2022

Éclats d'adolescenceWhere stories live. Discover now