Dix ans se sont écoulés depuis ce terrible accident. Dix longues années durant lesquelles il s'était forgé un nouveau masque, une nouvelle existence. Rien ne pouvait présager qu'il retourne à nouveau en Californie, cette ville où tout a basculé pour...
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" Je me trouve pathétique à tout faire pour te revoir, mais maintenant que je sais que tu es vivant, je veux être sûr de ne plus refaire la même erreur, celle de te laisser partir. Malgré tes mots tranchants, tes provocations, je ne partirais pas. Je sais, non, j'espère que tu me reviendras. Tu nous reviendras d'une manière ou d'une autre"
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( DIX JOURS APRES )
Allongé dans mon hamac, je profitais de ces quelques minutes de répit avant que Keith ne débarque. Le calme avant la tempête ou l'ouragan, j'allais bientôt le savoir. Mais peu importait l'ampleur de la situation, il fallait qu'il réagisse un tant soit peu, c'était tout ce que je voulais aujourd'hui.
Depuis cette putain d'overdose, rares étaient les jours où j'arrivais à recevoir ne serait-ce qu'un baiser de sa part. Il m'évitait, et se cachait derrière son emploi du temps ministériel de PDG pour ne pas avoir à m'affronter. D'accord, je pouvais reconnaître sans mal que cette fois-ci, j'avais fait fort, mais jamais je n'aurais pensé que ça allait atteindre de telles proportions, allant jusqu'à m'assigner un garde du corps personnel. Que dis-je... C'était plus un baby-sitter, à ce stade.
Keith, mon amant, celui qui était en tête de la plus grande entreprise de cosmétique d'Amérique et d'Asie, la Keith Global Cosmetics, avait utilisé son argent pour me montrer son mécontentement et de la pire manière qui soit. La richesse pouvait nous permettre tant de choses. J'aurais dû ne pas en être choqué vu dans quel environnement j'avais baigné, mais venant de lui c'était comme recevoir un coup de massue en plein cœur.
Maintenant, je devais accepter la présence de ce gorille en permanence. Mike, la nounou de service, qui me suivait partout où j'allais même aux toilettes, il était là. L'intimité était devenue une notion qui m'échappait complètement. Et le pire dans toute cette histoire, c'était qu'il brillait aussi pour son mutisme. J'avais beau essayer de le provoquer, ce bloc de pierre d'un mètre quatre-vingt-dix ne cillait jamais.
J'avais tout tenté. Au bout du deuxième jour à essayer de lui soutirer d'autres mots que ses "hums" morbides, j'étais passé maître dans l'art de l'espièglerie et des pièges en tout genre. Pourtant, entre le café au tabasco ou les vêtements dans la benne à ordures, rien ne pouvait effacer son air de mort-vivant. C'en était presque écœurant. J'avais fini par me demander si ce n'était pas un humanoïde. Quel être humain normal, doté d'un cœur parfaitement fonctionnel parvenait à être aussi morne que lui ? J'étais prêt à parier que même le plus mort des vampires pouvait se montrer plus expressif, sauf s'il se formait pour devenir un garde à buckingham palace. Qui sait, je n'étais peut-être qu'un cobaye avant qu'il ne rejoigne leur rang ?
