13- ... comme pour le pire.

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La porte s'ouvrit violemment en un bruit sourd, claquant contre le mur auquel elle était fixée et il me balança au sol alors que je commençais à voir flou, ce qui n'arrangeait pas les choses.

-Arès...
Prononça Ascian en un souffle. Il ne paraissait pas le moins du monde perturbé par la situation.

Alors son frère s'appelait Arès, visiblement dans cette maison faire des présentations normales n'était pas monnaie courante...
Je relevai la tête doucement vers le son de la voix d'Ascian.
Il était assis sur son large fauteuil en cuir, derrière la grande baie vitrée qui donnait sur le balcon sur lequel on s'était vu pour la "première fois", les bras posés sur les accoudoirs, torse nu et recouvert de sang...
Une des trois brunes était nue, assise dos à moi, sur lui mais ne bougeait pas.
- Je te ramène ton petit jouet qui essayait de te fuir. Quel dommage n'est-ce pas... S'exclama Arès d'un ton provocateur avec un grand sourire en coin, tout en s'accroupissant vers moi pour mieux pouvoir me tapoter la tête comme on le ferait pour un chien obéissant.
J'entendis un bruit sourd ce qui me fit tourner à nouveau la tête vers Ascian. Mon regard fût instantanément accroché à celui de la jeune femme brune qui venait de tomber aux pieds de Ascian, son corps était recroquevillé et paraissait lourd mais surtout ses yeux étaient grands ouverts et vitreux comme si...
Comme si ...
- aaaah! M'écriais-je de stupeur quand je compris que je me trouvais au sol à quelques centimètres d'un cadavre. Les larmes tout justement séchées se mirent de nouveau à couler instantanément. Je me recroquevillai et reculai vers le mur où se trouvait la porte. Je ne pouvais pas lâcher du regard les yeux vides de cette femme au sol.

- Sors là d'ici immédiatement!
Cria Ascian, maintenant debout, un verre de whisky à la main. Ses yeux étaient tellement verts que ça en était presque surnaturel, comme si des phares de voiture se tenaient juste devant lui et les illuminaient...

- Oooh tu as peur que ton petit ange découvre qui tu es vraiment ? Elle pourrait être tellement brisée...Répliqua Arès d'un ton faussement attristé comme si il se moquait de Ascian et voulait le provoquer. Pourquoi faisait-il ça ? Pourquoi ne réagissait-il pas face à ce cadavre au sol ?
Au moment où je regardai à nouveau la jeune femme, je la vis bouger les doigts vers moi et ses yeux clignairent un fois comme pour me faire un appel à l'aide.

-Mon dieu! Hurlais-je en fermant les yeux et en tournant la tête. Mes pleurs reprirent. C'était peut être égoïste mais je ne voulais surtout pas m'approcher d'elle, même si elle respirait encore, tellement que j'avais peur qu'il m'arrive la même chose. C'était lâche mais je préférais détourner le regard de cette scène digne d'un livre d'horreur, dû moins c'est ainsi que j'imaginais les choses quand je lisais ce type de roman...
-Heidna... sors de là tout de suite! M'ordonna Ascian.
Je restais un petit moment paralysé puis au bout de quelques secondes mon instinct de survie prit le dessus et je parviens à me redresser faiblement sur mes genoux.
Mais quelque chose me saisit le poignet et me tira violemment vers le fauteuil en cuir de Ascian.
- Non elle reste ici! On va bien s'amuser tous les trois. S'interposa Arès. Devant mon siège face à son frère, le provoquant pour la énième fois. J'attendais le moment où Ascian n'allait plus parvenir à se contrôler et allait l'envoyer à l'autre bout de la pièce...
Mais il n'en fit rien, il se contenta de s'approcher à moins d'un mètre de son frère, le surplombant d'une quinzaine de centimètres et le fixant avec sérénité.
Sa réaction me terrifiait, je ne savais pas ce qui allait se passer et à quoi il pouvait bien penser.
Les commissures de ses lèvres se relevèrent pour former un léger sourire empreint de provocation. La veine dans son cou ressortait plus qu'auparavant et sa mâchoire se contracta prouvant qu'il devait serer les dents pour se contrôler. Tous ses muscles étaient contractés jusque ses abdominaux...
Il ne le montrait pas par les mots mais il était fou de rage.

Une dernière larme coula le long de ma joue et je me figeai, concentrée sur Ascian qui occupait tout l'espace, même le silence en devenait pesant.

-Je vais te le demander une dernière fois, Heidna va m'attendre dans ta chambre!
M'ordonna une nouvelle fois Ascian toujours concentré sur son frère face à lui.

Je fus surprise qu'il s'adresse à moi, d'autant plus qu'il fixait droit dans les yeux son frère sans relâche... Même si je savais que Arès ne me laisserait pas partir et que j'avais peur de sa réaction, j'obeissais à Ascian. Il me faisait bien plus peur que son frère encore.
À la seconde où mes pieds touchèrent le sol, Arès me saisit le bras mais en une fraction de seconde la main de Ascian avait entouré le cou de son frère, l'empêchant de respirer ce qui le fit lâcher mon poignet.

Je partis en courant de cette pièce sans me retourner une seule seconde. J'entendis simplement quelques mots et un corps s'écraser contre un meuble, je n'avais pas besoin de réfléchir longtemps pour en déduire que ce corps devait être celui de Arès...

Tout ça en était trop pour moi.
Une fois dans ma chambre je récupérai quelques affaires que je glissai dans un sac en vitesse et je descendis en hâte dans le garage où je saisi sur le tableau, sans trop réfléchir, les premières clés qui me vinrent sous la main.
J'appuyai sur ces dernières, cherchant la voiture auxquelles elles appartenaient.
La Alpine A110 bleue nuit.
Je démarrai en trombe dans le garage faisant résonner les crissements des pneus contre le béton. Je vis dans les rétroviseurs un des gardiens de nuit du garage courir à moitié endormi derrière la voiture, mais il était trop tard j'étais déjà dans la cours et j'allais foncer droit sur la grille de manière à ce que les gardes m'ouvrent sans vérification.
Depuis ma dernière fuite du manoir, Ascian avait renforcé la sécurité, mais là c'était les gardes de nuit, ils allaient beaucoup moins être vigilants que ceux en journée. Dès qu'ils me verront arriver à toute vitesse il allaient forcément croire que c'est ce malade d'Ascian, ils m'ouvriront c'est évident !

Et j'avais raison, ils s'étaient empressé d'ouvrir avant que je fonce sur la barrière.
Un sourire aux lèvres je quittai ce manoir empli de tous mes souvenirs bien trop pesants pour que je les emmène avec moi. Désormais tous mes souvenirs resteront loin derrière moi, surtout lui et je me concentrerai sur ce qui allait m'arriver à partir de maintenant...

La Protégée du Vampire. Where stories live. Discover now