Douloureuse matinée

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Enveloppée dans ses draps frais, le soleil illuminant son visage encore endormi, Tsuki peinait à se réveiller. Sa mère était assise à côté de la fenêtre, elle nouait des fleurs à des ficelles afin d'en glisser dans la jolie chevelure de sa fille. Tsuki, allongée là, comme plongée dans un profond coma, réussit à ouvrir légèrement les yeux, du moins... Juste assez pour pouvoir constater que son père n'était pas dans la pièce. Après environ dix bonnes minutes à fixer le plafond les yeux plissés, Tsuki décida qu'il était temps d'apprendre la vérité. Elle s'assit sur son lit, se frotta les yeux trois ou quatre fois avant de se lever pour se préparer. Elle atteignit sa mère en titubant, lui fit un câlin et partit en direction de son armoire. Elle enfila une chemise blanche, au dessus d'un tee-shirt blanc également et un pantalon basic noir qu'elle appréciait mettre pour son confort. Un joli collier de perles bleues qui appartenait à sa mère au cou, un bracelet brésilien au poignet, elle était prête pour sortir. Tsuki se rendit une seconde fois vers sa mère, lui demanda la permission de sortir et sourit. Sa mère accepta facilement, à la seule condition qu'elle revienne vite.

Alors, ravie de pouvoir partir à nouveau, Tsuki attrapa son sac à dos tout en marchant pour gagner du temps et sortit dans les couloirs. Elle s'en alla d'abord à l'accueil pour demander où était l'espace détente, étant certaine que son père y était allé faire un tour. Une fois au niveau d'un grand comptoir qui dépassait de loin sa tête, Tsuki attira l'attention de la dame qui se trouvait juste derrière. Elle lui réclama des informations sur les endroits sympas dans l'hôtel, attendant une réponse claire, mais au lieu de cela, la dame en face l'ignora complètement et se tourna vers un homme pour l'embrasser.

—  Eh excusez moi mais je suis entrain de vous parler là , c'est pas le moment d'aspirer l'âme de votre conjoint ! Cria-t-elle énervée.  

La dame regarda Tsuki perplexe et s'assit sur une chaise. 

—Vous m'avez bien entendu, maintenant répondez moi s'il vous plaît, j'ai pas que ça à faire.

Tsuki n'avait pas l'habitude de parler de cette manière mais le comportement de la dame l'avait mise hors d'elle. 

La dame se retourna et prit un petit papier sur une table avant de le glisser à Tsuki. En souriant hypocritement, Tsuki attrapa le papier et salua les deux personnes. Elle inspecta ce que la dame lui avait donnée et remarqua, à sa grande stupéfaction, qu'il n'y avait non pas un salon de bien être ni deux, mais bien huit salons de bien être. Ne sachant pas quelle heure il était, elle décida d'abord d'aller dire bonjour à Ilona. "J'aurai tout le temps de voir mon père après, alors que Ilona, je ne sais pas jusqu'à quand elle reste." Se disait-elle tout en remontant le grand escalier d'un pas lent, songeuse. Arrivée à son étage, elle remarqua immédiatement la tante d'Ilona devant la porte. Elle donnait l'impression qu'elle attendait quelqu'un à la manière dont elle tournait la tête de droite et de gauche. Au moment où Tsuki arriva devant la porte, elle posa une question à la dame.

Tsuki - Oh excusez moi, serait t'il poss. . .

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que la dame l'a coupa. 

— Non, elle ne reçoit personne, et surtout pas toi. Elle ne veut plus te voir, pars !

Tsuki resta figée devant les paroles de la dame et s'apprêtait à partir quand une main froide et ferme lui attrapa le poignet, c'était la dame.

Tiens, maintenant que j'ai honoré ma promesse auprès de Tom, je ne veux plus te voir. Lui dit-elle, levant les yeux au ciel.

La dame lui tendit la lettre qui obsédait tant Tsuki et, sans dire un mot de plus, claqua la porte derrière elle.

Tsuki resta là, bouche bée devant cette fameuse lettre, prête à l'ouvrir, quand son père l'appela du bout du couloir.

Viens et dépêche toi! Nous partons.

Tsuki ne chercha même pas à négocier et partit, le moral à plat.

Une fois installée dans la voiture, des pensées désagréables la tenaillaient. " Non, Ilona n'aurait jamais fait ça, c'est sûrement sa tante qui l'a forcée." Se répétait Tsuki pour se rassurer. Sa mère à l'avant de la voiture chercha l'internat sur la carte, pendant que son père remplissait le coffre d'affaires. Tsuki regarda les images du fameux internat et une boule de stress commençait à apparaître dans son ventre. Au bout de trente minutes de trajet, Tsuki avait besoin de prendre l'air. Alors elle demanda à son père de s'arrêter sur une aire de repos afin de manger quelque chose et de prendre l'air. Il accepta et s'arrêta à l'aire suivante. Elle sortit de la voiture en premier, se précipita vers les toilettes, prit la première cabine libre et vomit. Elle resta bien quelques minutes accroupie par terre à pleurer sans trop savoir pourquoi. Après ça, elle sortit, marcha en direction du lavabo et passa de l'eau chaude sur son visage tout rouge. Sa mère rejoignit son père, ignorant tout de l'horrible sensation qui oppressait sa fille. Soudain, les yeux dans le vide, Tsuki se remémora la fameuse lettre chiffonnée. D'un coup, une effroyable idée lui traversa l'esprit ; avec l'allure d'un brouillon qui ne sert à rien, un de ses parents avait sûrement du la jeter pensant que c'était là sa destination. Alors, prise de panique, Tsuki courut rejoindre ses parents, visage encore mouillé, afin de leur demander ce qu'ils avaient fait de cette fameuse enveloppe.

Arrivée à leur niveau, folle d'inquiétude et essoufflée, Tsuki tira le manteau de son père.

— Tu as vu une enveloppe ? Lui demanda-t-elle d'une voix clairement inquiète. S'il te plaît, c'est urgent !

— Hum. . . Une enveloppe tu dis ? Oui je dois en avoir vu une. Répondit son père l'air perplexe.

— Où est elle ?

— Je l'ai mise dans le coffre, pourquoi ?

— Tsuki laissa échapper un soupir de soulagement et fit mine de rien.

— Oh, c'était juste un courrier important pout moi. Expliqua-t-elle le cœur palpitant.

Après avoir pris un café, sa mère proposa à Tsuki et son père de reprendre la route, ce qu'ils acceptèrent tous deux. Alors, Tsuki s'installa à l'arrière, rassurée. Elle tenta de s'occuper le temps de la route avec un carnet à dessin, elle dessinait comment elle imaginait le collège dans lequel elle allait rester jusqu'au brevet.

La fille de la luneWhere stories live. Discover now