Perfectly Imperfect (Imperfection #1)

10. Révélation

Je lâche un couinement de honte avant de me passer les mains dans les cheveux. J'essaye pendant une courte minute de me persuader que rien de tout cela n'est arrivé... mais j'ai beau y mettre la meilleure volonté du monde, cela ne fonctionne absolument pas parce que les images qui flashent dans mon esprit sont bien trop vivaces pour n'être que le fruit de mon imagination. Combien de fois Nate Calvin m'a-t-il vue nue ou suffisamment déshabillée pour que cela ne soit pas acceptable en société ? Bien trop de fois pour que je puisse le regarder droit dans les yeux à notre prochaine rencontre... une prochaine rencontre que je dois dorénavant absolument éviter. Je ne suis pas sûre d'être en mesure de le supporter ou même d'y survivre. Rien que l'idée de croiser son regard me mortifie. Un bain d'huile bouillante me paraît une torture bien plus agréable.

Je m'écroule sur mon matelas. Épuisée, les paupières closes, je respire profondément tout en essayant de remettre toutes les pièces du puzzle de cette soirée floue en place. Il y a un détail qui me tourmente plus qu'un autre. Je n'ai aucun souvenir du moment où Nate a quitté ma chambre. Mais surtout, pourquoi et comment a-t-il perdu un bouton de manchette ? À moins de s'être dévêtu ici, je ne vois pas co...

Oh... bordel !

Est-ce qu'il s'est déshabillé ici ? L'ai-je déshabillé ? Est-ce que... est-ce que...

Je déglutis péniblement alors que mon cœur s'emballe. Je me concentre un instant et tente d'identifier toute douleur anormale dans ma région pelvienne. Si j'ai perdu ma virginité cette nuit, il est certain que ce ne serait pas indolore le lendemain, pas vrai ? Je ne sais pas si la paranoïa mêlée à ma mémoire défaillante me pousse à imaginer des choses, mais j'ai cette sensation de tiraillement au cœur même de...

Merde de merde ! Mais putain de bordel !

J'ai couché avec Nate Calvin. Nate Calvin a couché avec moi. J'ai beau retourner la phrase dans tous les sens, ça n'en reste pas moins improbable.

La réalité me cloue le bec. C'est absurde ! Pire qu'absurde même. Tout ceci me permet de me remémorer comme dans un rêve les événements de la veille.

Je me revois balancer mes vêtements au pied de mon lit. J'entends à nouveau Nate Calvin se moquer. En revanche, j'avais occulté la suite des événements...

— Vous ne souhaitez pas prendre une douche avant de dormir ?

Sa voix était plus douce, mais toujours lointaine. Amorphe, je n'avais réussi qu'à grogner des paroles inintelligibles.

Tu parles d'une séductrice !

Alors, sans me demander mon avis – un avis que j'aurais été de toute façon incapable de donner – il avait glissé ses bras autour de mon corps et m'avait transportée, toujours en petite tenue, jusque dans la salle de bain.

J'étais dans un état pathétique, mi-éveillée, mi-endormie, incapable de bouger. Nate avait ouvert la cabine de douche pour ensuite me caler à l'intérieur en position assise. Aucun commentaire déplacé n'avait filtré de ses lèvres. Il s'était juste contenté d'ouvrir le robinet et de l'eau chaude avait coulé d'abord sur ma tête, puis mes épaules, avant de me tremper toute entière.

— Je m'absente deux minutes. Je tente de vous trouver une bouteille d'eau. Vous devrez boire au moins un litre, si vous n'envisagez pas de vous réveiller avec la gueule de bois du siècle.

Je ne sais pas pourquoi il insiste pour avoir une conversation avec moi. Un moi bourrée avec le QI d'une moule desséchée. Il est si prévenant comme s'il était dans ses habitudes de s'occuper de gens complètement torchés.

Quand il revient dans la salle de bain, je n'ai pas bougé, je crois même que je me suis carrément endormie. Ce n'est que lorsqu'il referme le robinet que je réussis à ouvrir difficilement un œil. Il m'aide à sortir de la douche et je reste debout tout en grelottant. Je crois que je laisse échapper un gémissement quand ses mains me frictionnent à l'aide d'une serviette.