7. Les lois de la communication

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Une semaine s'est écoulée. Et chose incroyable : mon pied a un peu plus gonflé et une vilaine teinte bleue violacée a commencé à se propager sous ma peau. Cela ne me gêne pas plus que ça, évidemment. Non, ce qui est plus dérangeant ce sont toutes ces personnes que je croise et qui me demandent pourquoi je boîte et comment cela est arrivé. Je n'ai jamais autant travaillé mon imagination pour trouver une histoire plausible et ne se référant surtout pas à...

Stop, stop, stop ! N'avais-je pas décidé la semaine dernière d'oublier totalement cet épisode et surtout cette personne ? Oui, et baratiner mes élèves et mes collègues du lycée était la parade parfaite. Peut-être qu'en répétant assez de fois le bobard que j'ai inventé pour justifier ma cheville foulée, je finirais par y croire moi aussi et effacer la risible réalité de mon esprit.

Mais pour accomplir ce travail sur ma mémoire, il faudrait que je réussisse à ne pas vivre dans la crainte insoutenable de retomber nez à nez avec lui. Même si je sais que la probabilité de le recroiser en plein centre-ville est extrêmement faible, ce qui l'est beaucoup moins c'est de le recroiser juste en bas de chez moi. La voiture que j'ai abandonnée chez lui sur sa fameuse voie privée ne m'a toujours pas été ramenée. J'ai conscience que ce n'est pas lui, en personne, qui viendra la déposer.

Pourtant, savoir que l'employé qu'il enverra sera au courant de cette sordide histoire me met au plus mal. Le portrait que Nate lui brossera de ma personne ne sera pas des plus reluisants et peut-être même qu'il lui suggéra de se méfier de la probabilité que j'aie la langue bien pendue avec les paparazzis. Plus embêtant que de ne pas avoir récupéré la voiture, l'absence de mon précieux téléphone portable que j'ai sauvagement lâché sur le siège passager se ressent cruellement.

Heureusement pour moi, je ne suis pas de celle à être toujours scotchée à son portable. Néanmoins, ce genre de gadget trouve tout son intérêt lorsqu'on est loin de sa famille et de ses amis. Le seul moyen qui me reste pour communiquer, c'est Internet et plus particulièrement Facebook. Bon, okay, je dois aussi avouer que Facebook me permet de vivre une vie par procuration en regardant ce que mes « amis » ont accompli alors que moi, j'ai l'impression de stagner depuis des années. J'attrape ni une, ni deux, mon PC portable et me connecte sur le réseau social.

Deux petites icônes rouges apparaissent, m'indiquant que j'ai trois nouvelles notifications et un message privé. Sans attendre, je clique dessus et découvrent sans surprise des invitations à des jeux sans aucun intérêt. Intriguée, je dirige ma souris vers l'onglet M.P. et découvre son contenu. Un certain Hugh Flynn, personne totalement inconnue au bataillon de mes contacts, m'a adressé un message. Depuis quand est-il possible d'envoyer des messages aux gens que l'on ne connaît pas sur ce site ? me questionné-je tout en l'ouvrant.

[Hugh Flynn] •Je sais ce que vous avez fait... et avec qui vous étiez.

Juste en dessous de cette phrase, qui n'a aucun sens pour moi, se trouve une photo de très mauvaise qualité. Je clique dessus impatiemment avec l'espoir de la voir s'agrandir. Un hoquet de surprise m'échappe quand je me reconnais sans aucun doute, allongée avec une élégance à en faire pâlir n'importe quelle otarie dans de la gadoue au pied de nul autre que Nate.

Perfectly Imperfect (Imperfection #1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant