La grossophobie dans Harry Potter

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Je sais que je suis censé dénoncer la transphobie seulement ici, mais, plus je creuse, plus je trouve de nouvelles facettes de haine dans Harry Potter (univers de fiction qui est pourtant mon préféré.) Et, tout comme la lutte contre la transphobie, la lutte contre la grossophobie fait parti du féminisme intersectionnel - celui que je défends le plus. Selon moi, on ne peut pas se battre pour les droits des femmes et des minorités de genre sans prendre en compte les personnes grosses. Alors oui, j'ai dérivé mais voici pourquoi ce chapitre est ici.  

Avant de commencer, je dois aussi vous préciser que je ne suis pas concerné par le problème dans le sens où mon poids est plus ou moins normal. Par contre, je souffre de TCA depuis  plusieurs années donc je considère que j'ai fait les frais d'une société grossophobe, et si j'ai pas conscience de l'oppression qui va avec j'ai conscience du mal que ça peut faire, passons. Tout ça pour dire,  je m'exprime en mon nom mais je ne prétends pas m'y connaitre sur le sujet, j'ai conscience qu'il me reste des biais grossophobes à déconstruire et qu'il serait mieux d'entendre une personne concernée parler de tout ça. Cependant j'ai des choses à partager alors j'essayerai de vous trouver des sources plus fiables que moi et vous êtes libres de ne pas me lire si vous penser que je n'ai pas mon mot à dire.

I. Des méchant∙es gros∙es  

Dans Harry Potter, beaucoup de personnages gros∙ses sont méchant∙es. Ça en soit, ce n'est peut-être pas un souci puisqu'il y a aussi des personnages minces et méchant∙es (Voldemort, les Malfoy) ou des personnages gentil∙les et gros∙es (Hagrid, Molly Weasley) malgré le schéma méchant∙es = gros∙ses qui se répète avec les Dursley, Crabbe et Goyle, Tante Marge ou Peter Pettigrow (on y revient). 

Jusque là ce n'est pas une spécificité de J.K Rowling, les antagonistes dans beaucoup de fictions ont (avaient ?) des traits considérés comme "moches" ou "hors-normes" que ce soit les méchant∙es queer coded (dans les Disney : Jafar, Scar, Ursula), avec des cicatrices (Scar encore, le Joker, les sorcières de beaucoup de contes, l'empereur Palpatine, etc.) ou des handicaps (le Pingouin dans Batman jsp), des troubles mentaux (Norman Bates, le gars de Split, j'en passe) ou un poids hors-norme (que ce soit encore une fois Ursula ou au contraire Cruella d'Enfer qui est maigre).  

Mais dans Harry Potter iels ne sont pas seulement gros∙ses et méchant∙es, iels ont surtout une façon particulière d'être méchant∙es : iels sont ridicules. Ce ne sont pas les méchant∙es qu'on aime par leurs charisme comme peuvent l'être un Voldemort ou une Bellatrix Lestrange. Iels sont bêtes, intolérant∙es, stupides et iels mangent tout le temps. Les clichés que tout le monde a sur les personnes grosses, en somme. Et quand on regarde les gentils personnages gros on se rend compte que c'est à peu près la même chose : Hagrid ne brille pas non plus par son intelligence, Molly incite toujours Harry à manger plus et Jacob des Animaux Fantastiques tiens une boulangerie.

C'est intéressant comme c'est mis en avant, ce poids associé à la gourmandise et à la bêtise. Par exemple, quand on veut piéger Crabbe et Goyle dans la chambre des secrets, on met le polynectar dans des gâteaux parce qu'on sait qu'ils sont tellement cons et accros à la bouffe qu'ils vont se jeter sur des gâteaux volants pour les dévorer sans se méfier alors qu'ils sont dans une école de magie qui a connue entre autre des pétrifications d'élèves cette année là. Ils sont écrit de façon à ce que leurs façon de réfléchir et leurs esprit dépendent uniquement de la gourmandise. Et, pour bien souligner qu'on doit les détester pour avoir manger un pauvre gâteau, dans le film, Ron nous rappelle qu'ils sont dégoutants à se bâfrer comme ça alors que depuis le premier film on le voit manger comme quatre. (Je suppose que comme lui il est mince il a le droit /s.)

Rowling,Where stories live. Discover now