15.

92 4 6
                                    

D E U X   A N S   P L U S  T A R D
N E W  Y O R K

Bucky Barnes poussa un long soupir, affalé sur son canapé, et tapota sur sa télécommande, en pensant à ce qu'il aurait dû faire aujourd'hui : les courses, maudîtes courses. Certains jours étaient plus durs que d'autres, et, à cette pensée, frustré, il changea de chaîne. Habituellement, il regardait les mêmes émissions, parce que celles ci le rassuraient, et qu'il s'était habitué à écouter les présentateurs. La tête parallèle au plafond, il ne lança pas un regard à l'écran : une vilaine migraine le maltraitait. Cependant, une voix attira son attention, et il décolla ses yeux du plafond, pour se tourner vers la télévision.

Et, aussitôt, il fut frappé.

Par ces yeux noirs qui transmettaient une passion sans fin, par cette voix qui l'avait tant rassuré, par ses cheveux châtains coupés, par ses lèvres nues qui bougeaient, prononçaient des mots, que Bucky ne comprenait pas.

Il se redressa sur son fauteuil, les yeux rivés sur l'écran, où Paula Alcott parlait d'une quelconque tragédie, dont l'homme se fichait. Elle parlait, et lui la regardait, enfin, après tout ce temps sans elle. Alors qu'elle disparaissait à l'écran, que la pluie derrière elle s'intensifiait, il attrapa son téléphone et composa son numéro, qu'il n'avait jamais oublié.

Il y eut quelques sonneries, et la femme décrocha :

- Allo ?

Et aussitôt. En l'entendant lui parler avec sa voix, les papillons revinrent, comme s'ils n'étaient jamais partis, et il eut un sourire.

- C'est moi, souffla t il, bêtement.

Mais elle parut comprendre :

- Bucky.
- Paula, déclara t il sur le même ton, avec un rictus.
- Que deviens tu ? s'interrogea t elle. Attends, je vais à l'abri, il pleut, là où je suis.

Il entendait effectivement le bruit d'une tempête, mais cela lui importait peu.

- Je vais bien. Et toi ?
- Bien, Bucky, bien. Il y a t il une raison à ton appel ?
- Je t'ai vu, à la télévision. Ça m'a fait peur.
- Quoi, peur ?
- J'ai eu l'impression d'halluciner.

Paula eut un rire.

- J'étais si belle que ça ?

Il savait qu'elle le taquinait, et que sa beauté n'avait rien à voir avec sa peur d'halluciner, mais il décida de marcher :

- Oui, tu l'es.

De l'autre côté du fil, la femme se laissa tenter pour un rictus, un sourire si franc qu'on aurait pu croire que jamais ils ne s'étaient quittés.

- Depuis quand fais tu de la télévision ? demanda Bucky, curieux.

Paula prit une grande respiration, en se souvenant des événements passés au cours des deux dernières années, puis répliqua :

- Voyons nous. Je te raconterai tout.

Un léger flottement se fit entendre, et elle entendit Bucky souffler de satisfaction.

- Est-ce un rendez vous ? s'enquit t il d'un ton qui indiquait que sa réponse changerait selon celle de la femme.
- C'en est un.
- Je suis disponible demain.
- Je le suis aussi. J'habite toujours au même endroit, viens quand tu veux le soir, annonça t elle, en jouant avec ses doigts nerveusement.
- Avec plaisir.

L'Aigle et le Loup Blanc [Bucky Barnes] MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant