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Elle croisa dans son entrée son fiancé, Ted, qui passait un coup d'aspirateur.

- Oh, bonjour, toi, sourit la femme en embrassant les lèvres de son homme.
- Bonjour. Où étais tu ? s'enquit il, en lui souriant
- Chez Jared. Un article nous a tué hier.
- Tu m'as manqué. J'avais tout préparé pour qu'on passe une bonne soirée.

Il lui lança un regard brûlant et elle eut un rictus.

- Eh bien décalons tout ça à ce soir ? Je suis libre, et rien qu'à toi à partir de dix neuf heures.
- Super. Tu retournes au travail ?
- Oui. Je me douche, et j'y vais.
- A ce soir, alors.

Paula hocha la tête et accourra jusqu'à sa douche, pensive. Ses pensées ne s'attardèrent pas sur la soirée dont rêvait Ted -il en faisait une toutes les deux semaines, toujours le même plat, la même manière de la baiser, et la même impression que dès qu'il jouissait, elle n'existait plus-, mais elle se plongea dans une réflexion profonde sur le rôle qu'avaient les supers héros. Il y a quelques années, alors qu'elle était encore stagiaire, les accords de Sokovie avaient bouleversés le monde et déjà à l'époque, la jeune femme qu'elle était ne savait pas quoi en penser. Elle ne comprenait pas ce qui dérangeait les États tant dans l'idée que les Avengers protégeaient la Terre, et au delà, puisqu'après tout, ils ne disaient rien lorsque leurs soldats ruaient des civils lors de guerres qui n'avaient même pas de sens. Elle critiquait ardemment cela, parce qu'elle pensait bien souvent à ces génocides qui avaient lieu, mais qui n'étaient eux arrêtés par personne. De même, personne ne disait rien lorsque des femmes étaient oppressées partout dans le monde, mais lorsqu'il s'agissait d'opprimer ceux qui défendaient les humains sans exception, là, les États étaient fort actifs.

Agacée et remontée, Paula sortit de la douche et accourra nue dans sa chambre, choisissant avec attention sa tenue : elle opta finalement pour une tenue sobre, mais classe. La femme monta dans sa voiture, sac en main, lunette de vue sur le crâne, et alluma l'automobile, en posant ses verres sur son nez, afin de voir quelque chose à la route.

Elle roula de longues minutes, avant d'arriver enfin à son travail, où Jared l'attendait dans le hall.

- Tu portais la même tenue hier, lui fit elle remarquer
- Et ? Elle est pas sale.

Paula soupira, la mort dans l'âme -elle devait se changer tous les jours, mais pas lui, quelle injustice-, puis demanda à son collègue où ils devaient aller.

- Salle de réunion, la B.

Elle enleva ses lunettes, les rangea dans un étui puis monta dans l'ascenseur accompagnée de Jared. Au deuxième étage, il s'arrêta, dévoilant monsieur Kemp, qui dandina pour rentrer dans l'endroit.

- Bonjour monsieur, grimaça Jared, en approchant près de lui Paula, qui grinça aussi des dents en le saluant.

La femme avait supposé que dans chaque entreprise existait le pervers du coin, celui que toutes les femmes, et même les hommes fuyaient. Il avait le regard trop caressant, les mains trop regardantes, et se léchait toujours le coin de la lèvre supérieure quand il croisait une tenue qui paraissait lui plaire. Parfois, Paula se disait que s'il avait voulu jouer le Pingouin dans les adaptations cinématographiques de Batman, il aurait largement pu, car il aurait été prit. Des cheveux filandreux se perdaient sur le haut de son crâne, mais c'était tout, et sa grande moustache lui faisait défaut. Toujours habillé d'un ensemble noir et blanc, il jouait toujours avec une pièce dans ses mains, comme s'il pensait qu'imiter Double Face l'éloignerait de son physique désavantageux.

- Bonjour, jeunes gens.

Paula lui répondit d'un sourire crispé, et se détourna en attrapant son téléphone, mais se sentait toujours fixée. Hésitante, elle leva un œil discret vers lui : la langue de l'homme restait coincée sur sa lèvre, caressant même les poils bruns de sa moustache. Répugnée, elle pivota instantanément vers Jared, lui lançant un regard de détresse : son ami comprit aussitôt, puisqu'il appuya sur le bouton qui indiquait l'étage suivant.

- Vous descendez là ? demanda Monsieur Kamp
- Oui, absolument, répondit Paula toujours souriante.
- Je vois.

Il lui fit un rictus vide de toute humanité, et elle manqua de fondre en larmes de terreur.

- Vous devriez faire de la télévision, Mademoiselle Alcott, vous avez un physique parfait, cela attirerait une nouvelle audience.

Elle plissa les yeux, retenant une nausée, et hocha la tête.

- Ou bien vous lancer dans une toute autre carrière, si vous voyez ce que je veux dire, lui conseilla t il avec un rire gras et un clin d'œil.

Paula ne voyait pas, et ne voulait pas comprendre, alors elle ria poliment, tout en sentant la colère grimper. Si cet homme n'était pas l'homme intouchable dans leur entreprise, il ne serait plus là depuis longtemps. Mais voilà, être ami avec le président, les plus grands inventeurs achetait un trône d'or.

Les portes s'ouvrirent et la femme se précipita en dehors, avec son ami sur les talons.

- Bon Dieu, je le hais, grommela Jared. On ne peut rien dire, ça me frustre tellement.
- Imagine notre place, alors, soupira Paula, en voyant au loin une collègue rentrer dans l'ascenseur. Oh, je savais bien que mettre ce haut n'était pas l'idée du siècle.
- Tu sais déjà ce que je vais dire.
- Et tu sais que je le pense aussi, mais si ce genre de malade n'existait plus, ce serait moins désagréable de s'habiller comme je l'entends.

Les deux amis montèrent alors peu à peu les marches, essoufflés, mais arrivèrent à l'heure à la réunion. Ils s'assirent à côté, fiers représentant de leur unité, bien que leur cadre vint les rejoindre rapidement.

L'Aigle et le Loup Blanc [Bucky Barnes] MARVELTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang