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Nerveuse, pour la dixième fois, Paula essuya ses lèvres, avant de refaire son rouge à lèvres foncé, et soupira, décidant que cette fois ci serait la bonne. Elle se lança un regard dans la glace, et se sourit : son pantalon noir n'avait pas bougé d'un poil. Quand elle était plus jeune, adolescente, la femme passait des heures à observer ses cuisses et ses fesses, en se plaignant elle même que les premières soient trop épaisses, et les secondes trop plates. En marchant, auparavant, elle lançait des regards désespérés dans les baies vitrées des magasins, attendant de voir un jour une forme au niveau de son postérieur, mais rien n'était jamais arrivé. Désespérée, elle avait continué de voir son corps rectiligne, et ses cuisses, ses bras, qui indiquaient qu'elle aimait la vie. Mais, à cet âge, Paula avait décidé qu'elle était belle, et qu'elle aimait ses formes, et ses non-formes. La femme eut un rictus, puis dépoussiéra son haut rose de cochonneries qui auraient pu s'y trouver.

C'était ce jour ci qu'elle allait trouver enfin Bucky, et Sam, pour leur donner l'article, puisqu'elle n'avait pas eu le temps de le faire la dernière fois. Le temps, ou l'occasion. La femme se sentait comme avant son tout premier rendez vous galant avec son premier copain, fébrile et le sourire facile, et pour la troisième fois, elle vérifia son sac, pour voir si elle avait tout. L'idée d'oublier l'article avant d'être sûre qu'elle reverrait Bucky la traversa mais elle se résigna : quelque chose de réel naîtrait entre eux si cela le devait, mais elle ne devait pas provoquer le destin.

Elle descendit les escaliers, puis salua Ted, pour qui elle allait chez une amie, Melanie, inventée. Il lisait un livre sur le développement de l'économie dans le monde, alors il leva brièvement son regard vers elle pendant qu'elle enfilait ses chaussures.

A partir de l'instant où elle eut habillée ses pieds, elle n'était plus maître d'elle : tout allait plus vite quand elle devait retrouver Bucky, alors elle se retrouva à une vitesse impressionnante devant le bar. Sam et Barnes semblaient attendre devant la porte, alors, en descendant de sa voiture, elle croisa immédiatement le regard bleuté de Bucky, et laissa un rictus naître sur ses lèvres. La femme s'avança vers eux, la main serré sur son sac et arriva bientôt à leur hauteur.

- Bonsoir, salua t elle, en lançant un regard éclatant à Bucky, qui lui répondit avec un coup d'œil teinté de tendresse.
- On rentre ? proposa Sam, et la femme hocha la tête.

Paula marcha jusqu'à leur place habituelle, et les deux hommes la suivirent.

- Tu abuses pas, cette fois ci, fit remarquer Sam.
- Promis, lui répondit elle, en sortant de son sac l'article. Lisez le, et dites moi s'il y a des choses qui ne vous plaisent pas.

Les deux hochèrent la tête, puis débutèrent la lecture, pendant que Paula les regardait, pour essayer de comprendre leurs expressions faciales.

- Personnellement, ça me va, approuva Wilson
- Tant mieux. Et toi ? s'enquit la femme en posant ses pupilles sur Bucky, qui leva ses yeux sur elle, en esquissant un sourire ridiculement amoureux.
- Ça me va aussi.

Elle hocha la tête, le cœur battant la chamade, et l'esprit dans ses bras.

- Bon sang, soupira Sam. Je suis là. Qu'est ce que vous avez fait ?

Il parut afficher un grand sentiment d'exaspération, et ses deux camarades se tournèrent vers lui.

- On a rien fait, murmura Bucky en tentant de s'innocenter
- Rien, pourquoi ? renchérit Paula, en se tournant ensuite vers Barnes, avec à nouveau cet air tendre
- Paula, bon sang. Tu te maries dans quatre mois.

Elle papillonna des yeux, sourit et se rongea l'ongle, en chuchotant "je sais". Sam lui lança un regard désabusé, comme si pour une fois, il était le seul à avoir l'esprit clair.

- Bon sang, ne comptez pas sur moi pour vous couvrir, déclara t il, le doigt pointé sur le duo, qui se dévorait toujours du regard.

Paula ne parut même pas réagir, et Sam soupira, puis dit pour lui même :

- Mais l'important c'est que vous soyez heureux.

L'homme fit un signe de la main à un serveur, et celui ci approcha, puis Wilson lui donna une commande, qui leur fut apportée une dizaine de minutes plus tard. Sam leva son verre, en l'honneur de ce qu'il nomma comme les "amoureux", et Paula sentit qu'il venait de poser des mots sur ce qu'elle éprouvait. Cela lui fit du bien, comme à un malade à qui on annonçait qu'il l'était, et qui enfin, comprenait sa douleur, et cette différence.

- Et, Jared est au courant ? demanda Sam
- Non.

Elle se tourna vers Bucky, et l'interrogea du regard, sans un mot, mais il comprit.

- Moins de gens sont au courant, mieux ce sera.
- Vivons heureux, vivons cachés, rit la femme, et Bucky approuva d'un geste de la tête.

Sam les observa un instant, laissa échapper un rire et se rendit compte qu'ils allaient bien ensemble. Pourtant, en emmenant Bucky, le soir où il avait son tout premier rendez vous avec Paula, il ne s'attendait pas à cela. Il était juste fatigué de voir son ami passer ses soirées seuls, alors en pensant l'habituer à profiter de sa vraie vie libre, il l'avait mené dans les bras de la femme. Pour l'instant, Sam ne savait pas si c'était la meilleure chose qu'il n'ait jamais fait, ou bien sa plus grande bêtise.

- Hé, ajouta t il, et le duo se tourna vers lui. Même si vous rompez, vous pouvez faire en sorte de ne jamais vous détester ? Ça m'éviterait des situations embarrassantes. Par exemple à mon enterrement, vous devrez tous les deux venir, sauf que si vous êtes en dispute continuelle, on oubliera même que je suis mort.

Paula lui donna un coup de pied dans le mollet, les sourcils froncés, et protesta :

- Ne nous porte pas la poisse !
- Tu parles bien entendu de ma mort ? plaisanta Sam
- Si ça te fait plaisir d'y croire, se moqua Bucky, faisant rire Paula.
- Je ne devrais pas me vexer.

La femme rit et adressa un clin d'œil à Bucky, pour montrer son soutien.

L'Aigle et le Loup Blanc [Bucky Barnes] MARVELDove le storie prendono vita. Scoprilo ora