Tout en douceur

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Dans un pays lointain, un pays très différent de ceux que l'on connait de nos jours, vivait une jeune fille au village d'Alpin. Elle s'appelait Tsuki, et était née de parents modestes toujours souriants et chaleureux. Dans un village comme le sien, difficile de ne pas se faire remarquer, car tout le monde se connaissait et se parlait. Ils échangeaient à propos de leurs travaux, de leurs relations ou encore de leurs voyages à travers le monde. Mais Tsuki n'aimait pas la compagnie de tous ces gens, elle préférait de loin monter tout en haut du grand arbre en face de sa fenêtre, s'installer devant la lune et lire des romans d'amour ou d'action. Lorsqu'il faisait jour et que la petite ne pouvait pas admirer la lune, elle aidait ses parents ou faisait des randonnées dans la montagne. On lui avait proposé des centaines de fois de jouer à des jeux de groupes ou de se faire des amis mais rien ne l'intéressait. Personne ne connaissait réellement la cause de cette asociabilité mais la vérité est que même dans sa plus tendre enfance, la jeune fille ne trouvait refuge qu'auprès des livres et de la lune. Souvent seule assise à sa fenêtre attendant que la lune apparaisse pour monter à son arbre, elle avait pris l'habitude, bien que ça ne lui ressemble pas, de regarder les enfants jouer ensemble dans la petite cours au milieu de son village, là où se trouvait une immense fontaine à eau centrale entourée d'arbres centenaires et où les enfants aimaient s'éclabousser en ricanant.

La jeune fille qui ne côtoyait personne, ne recevait ni compliments, ni moqueries. En réalité personne dans son village ne s'intéressait vraiment à elle non plus. Pour eux, c'était Tsuki la fille un peu perchée et solitaire, ils l'avaient toujours connue ainsi et n'y voyaient rien d'anormal. Cependant, et c'est peut-être la raison pour laquelle elle aimait tant admirer de ses beaux yeux bleus la lune, Tsuki possédait un don qui n'apparaissait que le soir, une fois que la lune mi rose mi rouge, comme elle l'aimait , était bien visible. À ce moment là, la jeune fille se tournait vers la lune. Alors elle ne voyait plus rien autour d'elle, elle était comme dans une bulle, dans son propre monde, un endroit où personne ne pouvait lui parler ni la déranger, un endroit où le silence régnait en maître.
Ses vêtements pauvres et sales se changeaient alors en belles et longues robes en satin avec de jolies motifs fleuris qui recouvraient l'intégralité de la robe, ses cheveux gras et emmêlés, car elle ne prenait pas la peine de les brosser, se coiffaient seul, laissant apparaître une belle chevelure blonde d'un blond doré, lisse et brillant. Le vent chantait une douce mélodie tellement apaisante à entendre un soir à la campagne quand l'air est si pur. Et les étoiles scintillaient, donnant l'illusion d'un feu d'artifice dans la galaxie. Lorsque ce doux spectacle s'arrêtait, Tsuki pouvait reprendre sa lecture l'âme en paix. Elle se plongeait alors dans des lectures aussi passionnantes que variées. Ses goûts pouvaient passer du roman policier au roman d'amour et elle pouvait finir la soirée avec un roman de science-fiction. Chaque page de plus tournée remplissait son cœur d'une sensation de plaisir incomparable.

Mais comme on la connait si bien, la vie n'est jamais toute belle toute rose, et il fallait bien que quelqu'un vienne perturber le paisible quotidien monotone de notre jeune et innocente Tsuki.

Dans une forêt au nord du village d'Alpin, se trouvait une sorcière, la sorcière des Bois Lumières. On ne la nommait pas de la sorte juste pour ses pouvoirs mais surtout pour le fait on ne peut plus visuel, qu'elle avait vraiment l'apparence clichée d'une sorcière : cheveux crépus, dents jaunes et tordues, nez crochus, verrues d'une couleur non déterminée et chapeau droit comme un piquet. Mais en plus de ressembler et d'avoir les pouvoirs d'une sorcière, elle avait vraiment le caractère d'une sorcière (sinon ça aurait été trop facile) ; elle était méchante mais d'une méchanceté à en faire taire Voldemort ( et pour ça il faut y aller fort ). Elle était si méchante que plus personne n'osait parler d'elle de peur qu'elle ne surgisse derrière eux pour les transformer en hérisson, tellement méchante qu'elle était capable de sacrifier toutes les créatures sur la planète pour sa seule personne, si méchante que sa propre fille l'avait laissée pour partir refaire sa vie loin très loin de ce pays. Elle était en tous points la sorcière qu'il ne fallait surtout pas croiser un dimanche matin lorsqu'elle est un peu fatiguée et irascible.

La fille de la luneWhere stories live. Discover now