08 : le jasmin dans ses cheveux

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Le parc est désert, comme à mon habitude. Nous nous sommes installés sur un banc devant un buisson de jasmin, avec un croissant chacune. Le ciel se colore déjà de rose et d'orange, tout comme mes joues qui rougissent au moindre contact de peau avec Marilyn.

Elle me parle de chacune des fleurs qu'on a croisées, et aucune de nous deux ne s'en lasse. Je ne l'écoute pas toujours, je préfère la regarder avec des étoiles dans les yeux. Je dois avoir l'air bête comme ça. Je pense trop à mon apparence, avec ça : j'ai toujours peur que ma frange soit mal placée avec le vent, ou que j'aie une miette de croissant sur la joue par exemple.

Le parfum de Marilyn se fond dans celui du buisson derrière nous et m'envoûte un peu plus chaque minute. Je me perds trop souvent dans la contemplation de son visage, la vague de ses yeux bleus me submerge à chaque regard. Est-ce qu'elle ressent la même chose pour moi ? J'aimerais ne pas me tromper. Je voudrais tant que ce soit réciproque, même si je ne suis pas totalement sûre de ce qu'il m'arrive.

— Je suis très contente de passer du temps avec toi hors du lycée, annonce-t-elle en souriant.
— Oh, moi aussi, Marilyn. Ça me fait très plaisir, et on change un peu de cadre aussi. J'espère qu'on pourra faire ça plus souvent.

Je la vois rougir alors qu'elle baisse la tête vers ses chaussures. J'ai envie de tenir sa main et de la prendre dans mes bras. Qu'est-ce qui m'en empêche ? Je n'ose pas, j'ai peur qu'elle ne veuille pas ou qu'elle ne soit pas d'humeur. Mais je n'ai pas le temps de me poser plus de questions, car c'est elle qui prend ma main dans la plus grande délicatesse. Je n'ose plus la regarder dans les yeux. Sa peau est si douce et c'est absolument tout ce à quoi je pense.

— Je vais devoir rentrer chez moi, il se fait tard, dit-elle sobrement. Mais on se voit la semaine prochaine au jardin ?
— Oui, bien sûr, je serai là.

Nos regards s'entrechoquent à nouveau et je ne peux plus m'en détacher. Ses boucles blondes vacillent au vent autour de son visage et sur des épaules. Je voudrais enrouler une de ses mèches autour de mon doigt et ne plus jamais la laisser partir. Ses lèvres roses écrivent mon prénom sur le vent, alors que je serre ses doigts entre les miens, peut-être trop fort.

— Vicky, je dois y aller.

Je n'ai pas envie qu'elle parte ; je n'ai pas envie de rentrer chez moi ; je préfèrerais rester avec Marilyn pour l'éternité. Je voudrais aussi pouvoir lui dire tout cela, mais les mots sont bloqués derrière mes lèvres.

Soudain, même si je la sens hésitante, son visage se rapproche du mien et Marilyn laisse un doux baiser sur ma joue. Je suis aux anges, je frissonne, les papillons dans mon ventre s'agitent comme des enfants devant un marchand de glaces et moi, je dois être rouge comme un sorbet à la framboise. Malheureusement, elle retire ses doigts des miens et je dois la laisser se lever, à contre-cœur. Je la regarde avancer à reculons en me faisant un signe de la main, avec son adorable sourire.

Je ne peux pas la laisser partir ainsi, j'en suis incapable, encore une fois. Sans réfléchir, je me lève d'un bond et lui court après sur quelques mètres, alors qu'elle s'est retournée pour marcher.

— Marilyn, attends !

J'attrape sa main avec douceur, tout comme elle aurait su le faire. Mon autre main se pose instinctivement sur sa joue rose, et je n'hésite plus à l'embrasser. C'est si agréable, c'est divin, je n'ai jamais été aussi heureuse. Ses doigts resserrent leur étreinte autour des miens, et je ressens à présent à travers sa peau ce que Marilyn ressent, elle aussi. Après ce baiser trop court, elle pose ses yeux dans les miens et me sourit.

— Cela faisait longtemps que j'en avais envie, annonce-t-elle en rougissant. Je n'osais pas faire le premier pas. Alors merci, Vicky. On se revoit lundi ?

Ses doigts glissent une seconde fois des miens et c'est beaucoup plus douloureux de la voir partir, maintenant. Cependant, je me sens comme flotter sur un nuage que Marilyn aurait confectionné exclusivement pour moi. Je ne me suis jamais sentie aussi bien, et je sais que plus rien ne sera jamais comme avant. Vivement lundi, car le jasmin me manque déjà.

fin :)

le blond jasminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant