02 : l'onigiri au thon

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Marilyn, Marilyn. Son prénom obsède toutes mes pensées. Cet abruti de Samuel et ses apôtres ne m'ont d'ailleurs presque pas énervée, tant je pouvais avoir la tête ailleurs. Je compte bien retourner la voir aujourd'hui. Son jardin est un havre de paix qui a l'air de sortir d'une autre dimension et j'apprécie beaucoup ce refuge. 

Dès que la sonnerie a retenti midi, je me suis précipitée hors de la classe pour retrouver Marilyn. J'avais peur que la porte soit fermée, qu'elle ne vienne plus, ou même que tout cela ne fut qu'un rêve. J'ai presque couru dans le couloir, et me voilà toute essoufflée devant la fameuse porte. Cette fois, je frappe trois fois avant d'oser appuyer sur la poignée. Et miracle, elle s'ouvre. Le temps s'arrête et j'entre dans le jardin qui parait encore si irréel. 

_ Salut, Marilyn ... 

Je m'arrête aussi tôt en ne voyant personne. J'aurais dû m'y attendre. Mais je suis bien plus déçue que ce à quoi je m'attendais. J'ignore si j'espérais surtout pouvoir rester un peu dans le jardin, ou pouvoir revoir Marilyn. J'avance un peu avec le peu d'espoir qu'il me reste, mais personne n'est à l'horizon. Quel dommage, qu'est-ce que je peux être bête parfois. 

Mais c'est en faisant demi-tour que j'entends la porte grincer et se refermer rapidement.

_ Marilyn ! 
_ Personne ne t'a vue entrer ? s'affole-t-elle, presque à bout de souffle. T'as même pas fermé la porte.
_ Non, je ne crois pas, il n'y avait personne. Ça va ? Tu m'inquiètes, qu'est-ce qu'il se passe ?
_ J'espère pour toi. J'ai vraiment pas envie que tout le monde vienne ici, ça devrait rester secret pour l'instant. 
_ Je vois, je suis désolée.
_ C'est rien, soupire-t-elle. Mais fais attention la prochaine fois. 
_ Oui, promis. 

Ce n'est vraiment pas mon genre de m'excuser comme ça, mais la voir si anxieuse voire en colère m'a fait regretter aussitôt. Je m'en voulais d'être aussi maladroite ; j'étais si excitée de la revoir que j'en ai oublié tout le reste. 

Marilyn avance jusqu'au fond du jardin et s'installe sur un banc en bois usé que je n'avais pas encore remarqué. Elle sort de son sac à dos vert pomme une grande boite en bois et une gourde à fleurs.

_ Je peux manger avec toi ?
_ Si tu veux, lance-t-elle sans même un regard.

Je la rejoins et m'assied à côté d'elle prudemment, prenant soin de mettre un petite distance entre nous. Soudain, je me souviens d'une des raisons pour lesquelles je suis revenue aujourd'hui.

_ J'ai ... J'ai quelque chose pour toi, dis-je en sortant de mon sac un petit emballage en aluminium. Je t'ai fait un onigiri. Au thon.
_ Oh, c'est très gentil Vicky mais ... je ne peux pas accepter. Je suis végétarienne, désolée.

Je la vois rougir et baisser la tête ; comment pourrais-je lui en vouloir ?  

_ Ne t'inquiète pas, ce n'est pas grave ! lui ai-je souri. J'aurais dû te demander avant. 

En effet, dans sa petite boîte se trouve une salade bien garnie de légumes et de graines, ainsi qu'un morceau de baguette à côté. J'ai un peu honte de mon sandwich industriel au poulet. Pour la peine, je mangerai l'onigiri, et je me régalerai bien plus. 

Je me suis amusée à les faire pour mon frère et moi hier soir, et j'ai gardé le plus joli pour l'offrir à Marilyn. Cela me faisait une bonne raison de venir la voir. La prochaine fois, je lui en ramènerai un aux légumes.

le blond jasminWhere stories live. Discover now