~ Chapitre 1 ~ Commencement

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♥♦ Gabriel ♥♦

Un sourire narquois menaça d'étirer mes lèvres.

Des cris de joie fusaient, secouant l'assemblée comme une vague de folie contagieuse. Les moteurs des voitures rugissaient, comme des fauves prêts à bondir, leur écho résonnant contre les murs décrépis des immeubles alentour. Les néons colorés, accrochés sous les châssis rutilants, projetaient des reflets vibrants sur les visages partiellement masqués par l'obscurité et la lueur vacillante des rares lampadaires.

La foule était en effervescence, une énergie brute parcourant chaque mouvement, chaque respiration. L'air était lourd, chargé de tension, d'excitation et de l'odeur âcre de l'essence. Une sorte de fièvre collective s'emparait des spectateurs, les rendant impatients, presque frénétiques.

Et pourtant, ce n'était que le début.

L'ambiance, déjà incandescente, promettait d'exploser à tout moment. Les éclats de rires, les murmures impatients, les regards avides... Tout convergeait vers l'instant où le chaos calculé prendrait enfin vie dans une gerbe d'étincelles.

Sous les boum-boum assourdissants de la musique qui envahissait la rue, les rythmes hypnotiques du hip-hop, du reggaeton et de l'électro se mêlaient dans un chaos grisant, s'échappant des fenêtres entrouvertes des voitures voisines. Les filles, électrisées par l'ambiance, dansaient avec une sensualité effrontée, les rires et les éclats de voix se mêlant au cliquetis des bouteilles. L'alcool circulait librement, partagé de main en main, de bouche en bouche, comme un élixir de jouvence.

D'une main, je tournai le bouton des basses, poussant le volume de ma sono à son maximum. Le grondement sourd de mon moteur, couplé aux vibrations des enceintes, résonna comme une détonation, marquant mon entrée en scène.

À mon arrivée, un frisson d'excitation parcourut la foule. Le chemin s'ouvrit devant le capot de ma caisse comme si l'univers lui-même s'écartait pour me laisser passer.

Trois voitures attendaient déjà, alignées comme des prédateurs prêts à bondir. Je garai la mienne avec assurance à côté de mes concurrents, le rugissement de mon moteur se mêlant aux acclamations. Mon nom volait déjà de bouche en bouche, porté par l'effervescence de la foule.

Un groupe de filles en tenues légères s'agglutina autour de ma voiture, leurs regards pleins d'admiration et de malice. Les néons de la rue soulignaient leurs silhouettes mouvantes, tandis que leurs éclats de rire perçaient à travers la musique.

La clé toujours sur le contact, je sortis de ma caisse. Les applaudissements redoublèrent, et une marée humaine se resserra autour de moi, comme on le ferait pour saluer une légende vivante, tandis qu'eux, saluait leur roi revenu réclamer son trône.

Max fendit la foule, son éternel sourire narquois accroché à son visage. Il n'avait pas besoin de parler : son regard disait tout. J'étais le dernier. Ils n'attendaient plus que moi.

D'un geste assuré, je refermai la portière derrière moi, laissant le grondement de ma voiture marquer le début imminent de cette nuit où tout allait basculer.

— Gab, annonça Max, d'un rire amusé. Ça fait plaisir que tu aies pu te libérer pour venir.

Nous échangeâmes une accolade, tandis que la foule s'agglutinait autour de ma voiture, leurs regards émerveillés illuminant leurs visages comme ceux d'enfants découvrant leurs cadeaux de Noël.

— Content de te voir aussi, Max, plaisantai-je, parfaitement conscient du sous-entendu qui se cachait dans ses paroles. Mon contretemps pouvait bien attendre... Par contre, le blé, lui...

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