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Mica Tobez-Polilla
                       — février 2023

                                 — deux mois auparavant


     Le froid de février s'était engouffré dans mon manteau que, une fois la porte claquée derrière moi, je ne pouvais me résigner à enlever

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     Le froid de février s'était engouffré dans mon manteau que, une fois la porte claquée derrière moi, je ne pouvais me résigner à enlever. J'avais comme le sentiment de le ramener ici, dans cet appartement pourtant si intensément chauffé par la vague de réconfort qu'on sentait en s'y précipitant. Puisque honnêtement, je m'y précipitais. À cœur joie. Jusque plusieurs fois par semaine, cette antre devenait mienne et représentait à mes yeux l'arche qu'était celle de Noé aux siens. Je me délectais de revoir celui qui animait le mieux mes soirée dès lors que mes yeux se posaient sur sa porte d'entrée, et dès que je la refermais derrière moi en pensait à quel métro prendre, c'était avec la hâte de bientôt y retourner. Je l'adorais, mon voisin. Il était l'objet de ma plus forte adulation. Je l'idolâtrais lui autant que je tombais amoureuse de ses récits d'amour. Puisque pour être inspirants, ça, ils l'étaient. J'adorais que les mots si joliment alignés du monsieur suscitent en moi un tel état d'osmose, de paix intérieure avec moi-même.. Mais par dessus tout, ils me faisaient rêver. J'en tirais mon essentiel. Plus que tout au monde.


— Erasmo ? je lançais haut et fort.


Mes pas craquaient sur le parquet usé de l'entrée, mais comme à chaque fois, c'était les douces et chaudes lumières tamisées qui s'accaparaient mon attention.


— Cuisine, son accent purement catalan m'apparaissait presque comme chanté.


Le chemin m'était instinctif, à force de venir au sein même de ce foyer qui n'était pas mien. Ma seconde maison, au final. Alors une fois que mon manteau eut quitté mes épaules et mes chaussures mes pieds, bientôt, sa frêle silhouette apparaissait à travers l'encadrement de la porte.
Son dos courbé m'était présenté, ainsi, il ne me regardait pas et était affairé à sa cafetière. Mais mes pas avaient semblé l'alerter puisque dès que j'entrais et me rapprochais de lui, ses yeux s'ancraient dans les miens.
J'y lisais toute la sagesse du monde mais aussi, tristement, la plus grande des fatigues. Ils avaient beau pétiller de joie et de tendresse, rien ne maquillait suffisamment l'usure du temps qui avait passé.
Certes, ce temps me permettait d'avoir encore et toujours des tas d'histoires auxquelles me passionner, mais d'un autre côté il nous rapprochait chaque jour un peu plus du dernier où je le verrai.


— J'ai rêvé toute la journée de ce que tu allais me conter. je lançais en me débarrassant de mon sac à la hâte, le déposant presque violemment sur le comptoir.



— Laisse-moi te servir à boire avant, chiquitita.


Sa main ridée se levait pour attraper une tasse aux couleurs délavées par l'usure et avec toute la douceur que le monde eu jamais pu en faire don, il y versait son doux café tout fraîchement préparé. Son sourire craquelé accueillait le mien lorsque ma main se posait presque sur la sienne pour récupérer la boisson.
Erasmo ne se contentait pas de laisser que la chaleur de ses doigts sur ma peau, non, il m'implantait chaque fois un morceau de son cœur chaque fois plus gros que chaque fois précédente. À chaque contact.

romantic homicide - gaviWhere stories live. Discover now