Regrets

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⚠️‼️mention de suicide, de mort, inapproprié pour les personnes souffrant de dépression. A vos risques et périls.‼️⚠️
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Je suis morte.
Je quitte ce monde.
Adieu.

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Moi, c'est miette. Enfin c'était.
Oui, c'était un nom peu commun, surtout en France. Pourtant, j'étais fière de ce nom, une personne me l'avait fait apprécier. Elle m'avait confié que mon nom représentait ce que j'étais pour ce monde : une miette dans l'humanité, comme un grin de sable sur la plage, une vie insignifiante parmi tant d'autres.
Comme tout le monde, j'étais née, j'avais vécu, j'étais morte, mais je n'étais pas rien. Sans miettes, il n'y a pas de pain. Ma présence ne changeait rien mais sans humains, il n'y avait pas d'humanité.

Je parle de tout cela au passé, car ma vie vient de prendre fin à mes 16 ans. J'ai conscience que j'étais trop jeune pour mourir, que j'abandonnais ma famille, mais pourtant, j'étais heureuse. Pourquoi ? Parce que j'allais enfin rejoindre la seule personne que j'avais vraiment aimé. La personne qui m'aimait aussi, mais que j'avais rejeté. La personne dont j'avais causé la mort.

J'étais égoïste.

Mais maintenant, tout est fini. La douleur a disparue. Les regrets ont laissés la place à un calme et un bonheur rassurant. Je suis enfin sereine. Enfin je crois.

Je suis égoïste.

Devant moi, je vois un corps inerte. Il est de taille moyenne, les cheveux mi-longs bruns lisses, les yeux marrons, la silhouette mince, quelques boutons sur le visage et des bagues métalliques aux dents. Bref, une adolescente des plus basiques et commune. Sans le sang autour de son visage, on pourrait croire qu'elle dort mais elle est belle et bien morte puisque c'est moi. Je ne suis pas belle. Je ne l'avais jamais été. Alors comment une personne avait pu m'aimer ?

Je resterai égoïste

Dégoûtée par moi-même, je me détournais. Encore, si j'avais été gentille, intelligente ou même souriante comme elle, j'aurai pu comprendre ses sentiments. Mais nan. Elle avait raison après tout. Je n'étais qu'une miette. Insignifiante, sans intérêt.
Je ne voulais pas être une miette. Je voulais vivre, je voulais dominer le monde, je voulais hurler à tous que j'étais là, moi, et que je n'étais pas une miette mais plutôt un morceau de pain entier.
Maintenant c'était fini, et la seule personne qui m'avait vue en tant que pain était morte. Par ma faute. Comment ai-je pu être aussi aveugle. Je me dégoûte.

C'était un mardi. Je m'en souviens comme si c'était hier. Elle était étincelant comme d'habitude, ses beaux cheveux bouclés qui lui retombaient sur les épaules, son visage d'ange qui semblait angoissé et sa petite bouche qui demandait à me parler cinq minutes. Juste cinq minutes. J'avais accepté avec légèreté, contente d'avoir de l'attention, ne réalisant pas que je jouais avec ses sentiments, avec sa vie. Maintenant que j'y repense, je ne l'avais jamais vue aussi mal. Elle se triturait les mains, grattant sur ses manches sa peau meurtrie, ses cicatrices. Elle s'était mutilée, elle s'était fait mal parce qu'elle avait peur. Elle s'était fait mal parce qu'elle savait que j'étais un monstre. Que j'allais lui faire du mal. Et elle avait peur, juste peur de ses sentiments, juste peur qu'on la rejette comme d'habitude, elle qui ne correspondait pas aux normes de la société. Et moi j'étais contente. Horriblement contente qu'elle me parle. Elle qui ne m'avait jamais dit mot, sans que la raison de ce silence ne me vienne même à l'esprit. J'avais accepté de l'écouter, inconsciente de son état, moi qui était évidemment la personnification même de la perfection.
Dégoûtant.
Voilà ce que j'avais répondu, quand elle m'avait livré ses sentiments d'une petite voix fébrile, incertaine. Elle attendais sa sentence. Et je n'avais pas manqué de la lui donner. De lui cracher ce mot dur, violent, à la tête, comme une claque qui retentirait dans toute l'école.
Elle l'avait subi. Elle avait baissé la tête, elle avait fait un petit sourire triste. Puis était partie.
J'étais une idiote, j'étais un monstre, j'étais là pire. De quel droit pouvais-je faire ça ?
Je me prend la tête entre les mains, celles-ci me traversent. La miette avait disparu, avec toutes les autres, mangés par une situation qui l'avait dépassée. Au moins elle ne souffrait plus. Elle comprenait enfin la délivrance qu'était la mort. Mais les souvenirs ne s'effacent pas.... Ils ne s'effacent jamais....
Mes larmes coulent sur mes yeux. Je ne sens rien.
Juste du vide.
Juste un sentiment désagréable. Qui m'obsède et que je ne peux contenter.
Maintenant quoi ?

Je me rappelle. C'était une journée comme les autres. J'étais heureuse. Tout allait bien dans ma vie. J'avais des amis, j'avais des bonnes notes, j'avais des parents aimants... et elle était là. A mes côtés. Que lui avais-je dit déjà ? Ah oui : « Si tout le monde, chaque humain, avait un destin égal, une vie qui apporte le même bonheur, alors je mourrai atrocement, car j'ai tout, tout qui me permette d'être heureuse. Ça me fait un peu flipper. »
Quelle blague....
C'était vrai....
J'avais mal.
J'ai mal.
C'était entièrement ma faute. Du début jusqu'à la fin.
Je l'aimais.
Je l'aimais terriblement.
Je n'avais juste pas eu le temps de le réaliser...
Si seulement il y avait eu un peu plus de temps ! Juste une minute !

Lorsque sa famille m'avait appelé, j'avais couru, de toutes mes forces, sans m'arrêter, parce que si je m'arrêtais, je n'allais jamais me relever.
Le temps, toujours le temps. Le temps qui provoque la pluie qui tombe, celui qui me faisait avancer, celui qui s'était terminé.
En même temps, j'étais une idiote, je ne pouvais finir qu'en idiote.
Et quoi de plus idiot qu'être percuté par une voiture à 80km/h comme dans les films dramatiques...
Mais ça me rassurait.
Car je n'aurais pas pu vivre sans elle. Je n'étais pas courageuse, juste une ado trouillarde qui avait fait une erreur fatal.

Quelles avaient été ses dernières paroles ? « Je t'aime ? »
J'espère que ce n'était pas cela.
Elle qui était si philosophique, qui aimait les belles paroles inutiles. Un jour, elle avait sorti : « Je pense qu'il faut s'aimer autant qu'aimer les autres. Ne pas s'aimer plus que les autres, être égoïste et seul, ne pas les aimer plus que soit, être altruiste et s'oublier, mais juste trouver un équilibre. Je préférerai mourir avec la personne que j'aime que mourir sans elle ou la laisser vivre sans moi.»
Haha
Ha
ha.
h.
...

Elle n'avait pas tenu son pari. Mais pourtant je l'avais tenu pour elle. Quel acte de bonté....

Que vais-je devenir ?

« Miette »

Qui m'appelle ?

« Moi »

Ce n'est pas possible

« Je t'aime »

...

Moi aussi

« ...

Je te pardonne »

...

..


.





Merci









~~~

Je suis morte.
Je quitte ce monde mais je reviendrai. Et cette fois si je serai là pour toi.
Au revoir.




















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Alors ? Encore vivant ? Désolé du pessimisme de cette histoire.
Avez vous été ému ? Avez vous détesté ? Avez vous aimé ?
Sachez que vous pouvez vivre comme il vous l'entend mais vivez pour vous.

Bisous !

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⏰ Letzte Aktualisierung: Apr 20, 2023 ⏰

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