De solides arguments

Chapitre 5

Il finit de ranger sa salle de classe machinalement, attrapa le tampon du tableau et s'apprêta à effacer la leçon du jour, quand un de ses élèves se présenta sur le pas de la porte laissée entrouverte.

_ Hideki kun, quelque chose ne va pas ?

L'enfant sembla sortir de sa torpeur et regarda Iruka, puis le sol, pour enfin torturer le bas de sa chemise d'explorateur d'une main nerveuse. Le professeur attendait une réponse, mais ce sont des larmes, aussi soudaines que bruyantes, qui inondèrent le visage du plus jeune.

_ Senseiiiiiiii !!!!

Iruka délaissa son tableau noir et s'approcha de l'enfant, s'agenouilla à sa hauteur, et posa une main bienveillante sur son bras secoué de spasmes.

_ Qu'est ce qui te met dans cet état Hideki kun ? ... Viens, entre.

Iruka accompagna son élève jusqu'au premier pupitre. Ce dernier s'assit en tentant de réprimer d'autres sanglots. On lui tendit alors un mouchoir qu'il usa bien volontiers.

_ S...Sensei... je suis désolé, je ne...

Les sanglots semblèrent reprendre, alors Iruka posa sa main sur le haut de la tête d'Hideki et lui sourit.

_ Tu sais quoi ? Je fini de ranger la salle, et pendant ce temps, tu mets de l'ordre dans tes idées. Okay ?

Le garçon hocha la tête.

De toute façon, dans cet état, il ne tirerait que des bouts de phrases incompréhensibles.

Il s'en retourna donc à sa tâche, préoccupé mais patient, et à peine eut-il finit d'effacer la liste des devoirs pour le lendemain, qu'une voix timide osa enfin se faire entendre.

_ ...Sensei... ?

_ Hum ?

_ Je sais plus quoi penser.

Iruka s'en retourna donc vers les bancs, trouva place sur la rangée du milieu, tourné vers Hideki, attendant la suite.

_ ...Je...je croyais que c'était mal, d'aimer un autre garçon.

Heureusement que le visage brouillé de larme ne vit pas les quelques expressions par lesquelles passa Iruka qui comprit enfin le nœud du problème, et supposa qu'une telle révélation était liée à ce qui se disait ces temps-ci dans le village.

En tant qu'enseignant investit, il se faisait un devoir d'aider ces enfants du mieux qu'il le pouvait. A l'image de leurs parents, il avait auprès d'eux un rôle éducatif, mais certains sujets restent difficiles à aborder avec la famille.

_ On m'a dit que c'était comme une sorte de maladie, ou un démon qui nous force à faire de mauvaises choses.

L'enfant ravala une larme et poursuivit, sans pour autant oser regarder autre chose que le pupitre.

_ Et pourtant, tout le monde dit que vous et Kakashi san, enfin, que votre relation est peut-être une bonne chose. Papa n'en pense rien, mais maman a dit qu'elle était contente pour vous, et ses amies aussi. Je les ai entendues discuter.

Iruka était bien embêté, partagé entre l'envie de rétablir la vérité, et son devoir d'écoute attentive.

_ ...J'aurais dû être une fille.

_ Pourquoi ça ?

_ Je le sais, c'est tout. ...Ni-san dit parfois que je leur ressemble.

Certes, le jeune garçon avait des trais très féminin, mais à son âge, c'était encore courant.

_ Hideki kun, les autres peuvent dire et penser ce qu'ils veulent, la seule chose qui compte vraiment, c'est ce que toi tu as dans le cœur.

Un ninja malheureux ne peut pas faire un bon ninja après tout.