— Que n'as-tu donc pas compris dans ce que je viens de te dire ?

    Camille tire ma chemise vers elle, me demandant ainsi de ne pas obéir à l'ordre détestable de mon ami. A ce moment précis, mon allégeance lui est destinée.

    D'ailleurs au-delà du fait que je n'ai aucune envie de m'éloigner d'elle, mon corps ne le peut. Une force me guide vers elle, je ne peux lutter. Je le sens dans chaque parcelle de mon corps et ne cherche pas à me rebeller contre cette contrainte qui n'en est aucunement une.

— Elle ne lit pas seulement ton esprit, elle le guide.

— Par tous les Sept Royaumes, qu'elle le fasse !

— Ce n'est pas toi qui parles, c'est elle à travers toi.

— Parce que tu crois que je n'ai pas envie de la prendre dans mes bras ? je tranche en voyant rouge, me sentant insulté. N'as-tu donc jamais espionné mes pensées auparavant ? Ne sais-tu pas que j'en avais envie bien avant qu'elle ne le fasse ?

    Il marque un silence et je jubile. Il sait que j'ai raison, que je suis maître de la moindre de mes décisions.

— Si c'est vraiment le cas, prouve-le et éloigne-toi.

— Non.

— Fais-le ne serait-ce qu'une seconde, tu pourras la toucher à nouveau après.

    Le défi qui m'est donné n'est pas bien compliqué et je suis bien trop fier pour ne pas m'y confronter. Je pourrais ainsi donner tort à Nicolas tout en profitant ensuite du corps de Camille contre le mien tant qu'il me plaira. Je resterai la nuit entière sur la tomette de ce salon à regarder la braise de la cheminée nous réchauffer avant de m'endormir.

    Mais alors que je vais pour me saisir de la main de Camille et la retirer de ma chemise, je n'y arrive pas. Mon cerveau pense, donne l'ordre à mon corps, en vain. Ma main ne bouge pas. Pas un seul mouvement, tremblement ou amorce du moindre geste.

    Je suis contraint de la garder dans mes bras, ne pouvant faire autrement.

    Quelle douce prison.

— Je ne peux pas, j'avoue à contrecœur, le sourire au bord des lèvres.

— Que les Sept Royaumes soient damnés !

    L'énervement de Nicolas ne m'inquiète pas, tout juste est-il dû à son habitude de pouvoir tout contrôler, contrairement à moi.

    Je ne crains pas Camille et sa capacité à m'emprisonner à ses côtés. Le devrai-je ? Sans aucun doute.

    J'y réfléchirai demain, quand la jolie sorcière blottie contre moi aura séché ses larmes.

    Je la regarde, n'apercevant que ses cheveux, ses longs cils sous sa frange et le bout de son nez. Je souris.

— C'est vous qui faites-ça, Camille ?

    Elle relève la tête vers moi, m'offrant toutes les forêts des Royaumes dans ses yeux brillants.

— Bien sûr qu'il s'agit de vous, mais je ne désire pas m'éloigner de vous. Mais ça, vous le saviez déjà.

    Elle entrouvre ses lèvres et les referme en plissant les sourcils et je comprends sans peine qu'elle est bien trop occupée à lire mon esprit pour parler.

    Je ne m'en plaindrais pas, car d'une façon ou d'une autre, Camille m'offre les siennes également en souhaitant ma présence avec une force que je n'avais encore jamais expérimentée.

    J'ai enfin la certitude qu'elle se sent en confiance à mes côtés et pas uniquement parce que je suis son protecteur et qu'elle est sous la contrainte de notre contrat bancal et injuste.

DÉPENDANTES [ L'émeraude des Sept Royaumes ]Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin