C'est ainsi que tout a commencé. Ma voie était soudain tracée. Et j'ai décidé de commettre non pas un seul meurtre, mais toute une série de meurtres.

Mon plan avait progressivement mûri. Il était maintenant au point, et le facteur décisif en a été une consultation que j'ai eue chez mon médecin-traitant. J'avais déjà subi une opération. Cette consultation m'a appris qu'une seconde opération ne servirait à rien. Mon médecin a joliment enveloppé la nouvelle, mais j'ai l'habitude d'interpréter les phrases enjolivées. Je n'en ai rien dit à l'homme de l'art, mais j'ai décidé que je ne connaîtrais pas la mort lente et l'interminable agonie que me réservait la nature. Non, ma mort surviendrait dans un flamboiement d'émotions. Je vivrais avant de mourir.

Venons-en maintenant au processus criminel proprement dît.. Je demandais à Angela (qui était bien évidemment au courant de mon plan) de convaincre Mohammed Ben Sulayem d'expérimenter une nouvelle règle d'élimination directe. Angela était experte en la matière. En me fondant sur les renseignements que j'avais recueillis sur mes coéquipiers, j'ai pu concocter un appât adapté à chacun. Tout a marché comme je l'avais prévu.

Le 5 mars, tous les criminels arrivaient sur le paddock. Je faisais moi-même partie du lot.

L'ordre des décès avait fait l'objet de toute mon attention. Je considérais que mes invités n'étaient pas tous coupables au même degré. J'avais décidé que les moins coupables disparaîtraient les premiers, qu'ils ne connaîtraient pas la même angoisse, la même terreur interminable que les délinquants endurcis, dont l'existence avait pour unique but de promouvoir la destruction de la planète.

J'utilisais l'excuse du footing pour aller préparer les morts, ou échafauder mes plans avec Angela. Quoi de plus naturel que de prendre soin de son corps quand on est sportif de haut niveau.

Nicholas Latifi et Guanyu Zhou moururent les premiers, en se crashant l'un dans l'autre en Australie. D'après moi, Guanyu Zhou n'avait pas reçu à la naissance, comme la plupart d'entre nous, le sens des responsabilités. Il était dangereux...

Concernant Mick, je ne m'attarderai pas sur la manière dont je m'y suis pris pour le supprimer. La police l'aura compris sans mal. N'importe qui peut se procurer du cyanure de potassium pour se débarrasser des nuisibles. J'en avais en ma possession et je n'ai eu aucune difficulté à en mettre dans les gâteaux de Mick pendant le moment d'affolement qui a suivi la course.

Lors de récentes discussions avec mes ingénieurs, j'ai appris énormément, notamment sur les pneus, et ce qu'il fallait éviter de faire afin qu'ils n'explosent pas. Il m'a été facile d'appliquer ces conseils sur les trains de pneus Aston Martin. Lance Stroll en était encore plus coupable qu'il a purgé la peine que son père aurait dû avoir. Il a aussi payé pour le temps que les manigances de son père m'ont fait perdre, à devoir changer au dernier moment la personne qui allait se voir enlever la vie. Cela n'a pas été bien sorcier car, à ce moment-là, la méfiance n'était pas encore de mise.

Le général Yuki est allé à la mort sans souffrir. Il ne m'a pas entendu approcher. Bien sûr, j'ai dû choisir mon moment pour surgir de la banquette arrière de sa voiture, mais tout s'est passé sans accroc.

Comme je m'y attendais, on a commencé à dire que ces morts étaient des meurtres. Cela a créé aussitôt un climat de suspicion. J'ai donc décidé de faire une pause afin que les esprits, certes peu développés, ne s'affolent pas.

Selon mon plan, je devais avoir bientôt besoin d'un autre allié. J'ai choisi mon cher Sebastian pour ce rôle. C'était un individu facile à duper, qui me connaissait et qui partageait mon point de vue ; il était inconcevable pour lui qu'un homme de mon importance puisse être un meurtrier ! Ses soupçons se portaient sur la FIA et j'ai fait semblant d'abonder dans son sens. Je lui ai laissé entendre que j'avais un plan susceptible d'amener l'assassin à se trahir.

ILS ÉTAIENT VINGT » FORMULE 1 ✓Where stories live. Discover now