CHAPITRE 19

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— Tu es prêt ?

— Ouais, ouais, j'arrive.

— Oh, bah t'as l'air sacrément motivé.

— C'est la même chose chaque semaine. Ils ont tout changé pour que ça ne le soit pas et ça l'est encore plus qu'avant.

— On y va, ça va être l'heure.

— Oui. Tu sais que les qualifs commencent à être plus longues que les courses ? Quinze minutes de conduite ! Sans drapeau rouge ! Le rêve quand on pense que c'est notre métier.

— C'est l'heure des qualifs.

— Mais qui t'as permis d'entrer ?!

— Personne, mais...

— On frappe, avant d'entrer quelque part, non ?!

— Je repars. Je ferme la porte derrière moi.

— On va être en retard.

— Oh non, je vais peut-être me retrouver quatrième, quelle place difficile à avoir.

"J'en ai marre de tout ça. De cette ambiance. De ce mélange de peur et de suspicion tout le temps. De ne plus conduire ou presque. De devoir me méfier des autres pilotes. La vraie ambiance du sport me manque. Et je vais très probablement mourir sans la revivre."

"Je voudrais bien aller leur parler... Leur dire que moi aussi, j'ai plus envie de faire ce métier parce qu'il est devenu un spectacle et uniquement un spectacle. Mais si ce n'est pas moi le tueur, c'est l'un d'eux."

"Je m'en fiche des autres. Je veux gagner le championnat."

"J'ai hâte que ça soit mon tour d'être tué."

— Et c'est la fin des qualifications à Austin ! Max Verstappen s'élancera de la pole position, suivi par Charles Leclerc, deuxième, de son coéquipier Ferrari, Carlos Sainz, qui sera troisième. George Russell termine quatrième et donc dernier.

— Il ne semble pas dans son assiette, George Russell... Peu de tours effectués, et pas de très bons chronos...

— Oui, c'est vrai qu'il nous a habitués à mieux. Peut-être une baisse de moral.

"C'est très difficile de savoir qu'on va mourir. Ça fait plusieurs mois que je le sais, pourtant. On meurt tous un par un. C'est la nouvelle règle. Pourtant, tant qu'on n'est pas dernier, ça nous passe un peu au-dessus. On n'est pas concerné. Je ne me suis pas senti concerné jusqu'à la mort de Lewis. Là, je me suis dit que, quand même, c'était réel. Les pilotes ne partaient pas simplement. Je n'imaginais pas Lewis mourir. Je n'imaginais pas un pilote Mercedes mourir. Et maintenant, c'est mon tour. Demain, c'est moi qui vais mourir. Peut-être avant même que le tueur ne sévisse. Peut-être que c'est moi, le tueur."

— J'ai reçu un message de George.

— Russell ? Pour te dire quoi ?

— Il demande à ce qu'on vienne le voir juste avant de monter dans nos monoplaces sur la grille pour se dire au revoir.

— Et tu vas y aller ?

— J'ai pas encore décidé.

— N'y va pas. C'est dangereux.

ILS ÉTAIENT VINGT » FORMULE 1 ✓Where stories live. Discover now