CHAPITRE 10

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Le vendredi matin, chaque pilote a son emploi du temps dédié aux médias et aux interviews. Lewis et Sebastian ne sont pas attendus au même endroit, pourtant, ils arrivent ensemble sur le paddock. Ce dernier porte un tee-shirt rouge sur lequel on peut lire les mots : "ARE WE ALL GONNA DIE?"

Lewis porte des vêtements lambda, mais il est clair que, marchant à côté de Sebastian, il affiche son soutien.

— Est-ce que vous pouvez nous parler de votre tee-shirt ?

— C'est un tee-shirt qui s'adresse directement à la FIA. Et ce n'est pas une question rhétorique, j'attends vraiment une réponse.

— Est-ce que vous accusez la FIA pour tous les décès enregistrés depuis le début de la saison ?

— Je n'accuse personne. J'exprime simplement mon inquiétude. Quand on dit que la Formule 1 est un sport à risques et qu'on peut en mourir, ce n'est pas ce qu'on veut dire.

— Vous êtes dernier du classement, à égalité avec Alexander Albon. Est-ce vous craignez pour votre vie ?

Sebastian baisse la tête, les lèvres serrées.

— Oui. Oui, je crains pour ma vie.

— Bonjour, Alexander, merci de venir à notre micro. Les deux séances d'essais libres ont été difficiles de votre côté, vous avez trouvé une explication ?

— Non, malheureusement, pas d'explication. C'était difficile, on cherche encore pourquoi.

— Vous avez été accusé par certaines personnes d'être en cause du nouveau classement et des deux morts du dernier Grand Prix car c'est vous qui avez proposé une qualification en grille inversée. Qu'est-ce que vous répondez à ça ?

— Je suis dernier ex-aequo avec Sebastian. Je vais mourir, comme tout le monde. Je ne suis fautif de rien.

— Qu'est-ce qu'il vient de dire ?

— Je crois que nous avons tous entendu la même chose...

— Il serait temps que la FIA intervienne. Cette situation devient dramatique.

— Après sept morts... la situation était dramatique il y a sept Grand Prix. La FIA n'a plus le choix.

Lewis s'éloigne de l'agitation du paddock. Il préfère aller courir pour remettre ses idées en place.

— Ça va mieux depuis la semaine dernière ?

— Désolé de t'avoir accusé, frérot, mais tu m'as tellement énervé à contredire toutes mes théories, alors qu'elles se sont toutes vérifiées.

— Ouais je comprends. Pas de rancœur, Charles. Mais faut se serrer les coudes, surtout dans notre écurie. On peut pas se monter les uns contre les autres, on a un ennemi commun.

Sebastian et Alex le savent : l'un d'eux va se faire éliminer dimanche soir. Ils pensent même pire que ça : que l'un d'eux va mourir dimanche soir.

Ils ont 48 points chacun et seulement une qualification et une course pour les départager. Dès le samedi, il faut se démarquer.

— Je vous l'ai déjà dit, je ne mettrais pas un pied dans cette voiture !

— Arrête ton cirque, Esteban ! On a assez de problèmes comme ça !

— Mais on marche sur la tête. Je vais pas conduire pour me faire tuer juste après !

Alex est déterminé. Il ne se souvient pas de la dernière fois qu'il a eu une telle détermination. Il devait sûrement encore porter les couleurs de Red Bull. Il peut le faire. Il va le faire. Il va se sauver.

ILS ÉTAIENT VINGT » FORMULE 1 ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant