L'exposé des Cœurs -Drarry-

Chapitre 14

Harry n'avait aucune envie de saisir ce que lui tenait le blond : une assiette de riz avec une sauce non identifiée. Hormis l'apparence affreuse du plat le brun voulait vomir. Pourtant Drago insistait bien sur le fait qu'il devait la manger.

-J'ai mis des gouttes de Valériane dedans. Entama le blond. Ça t'aidera.

Le brun gardait une mine peu convaincue.

-Je sais que je cuisine pas très bien, mais c'est pas une raison ! S'exclama le blond.

Harry tendit sa main vers la fourchette, cueillit une maigre portion de riz et l'apporta à sa bouche. L'odeur était passable, il osa goûter et finalement ce n'était pas si mauvais il fallait le dire. Alors il prit toute l'assiette que lui tendait Malefoy et mangea franchement, malgré son ventre ballonné.

Drago lui jetait souvent un œil inquiet, soucieux de connaître son avis sur sa cuisine. Du moment qu'il la mangeait ça devait être un minimum bon. Au fond de lui voir Harry déguster sa préparation lui faisait plaisir, comme s'il gagnait des points pour sa maison. Il était presque soulagé que le brun n'est rien lancé de cinglant quant à son plat. En parlant de ça, il fallait se rendre à l'évidence, leur relation avait changée. Avant la guerre on pouvait considérer qu'ils se taquinaient, une rivalité bon enfant, qui pouvait, certes, être contraignante. Après la guerre ils étaient des inconnus qui se détestaient, du moins Harry le détestait. Ils étaient sortis de la rivalité depuis longtemps. Désormais leur relation avait étrangement muée, d'un accord tacite, plus de piques, plus de comportements haineux, plus d'animosité stérile. Drago n'avait pas envie de mettre des mots sur cette nouvelle relation, c'était risqué, il appréhendait ce changement.

Lorsqu'Harry finit son assiette le blond se leva machinalement pour ranger ses couverts. Ceci fait il était temps d'examiner la plaie du brun. Un onguent dans la main, du courage dans l'autre Drago s'assit sur le fauteuil au pied du lit de Potter. Ils s'échangèrent un regard entendu puis le blond aida Harry à se défaire de son pull puis de son t-shirt. La première fois face à une épaule ensanglantée Drago avait pu ignorer le fait que c'était Harry torse nu devant lui, mais maintenant cette idée ne voulait plus quitter son esprit. En effet la peau halée de Harry Potter s'étendait pleinement devant les yeux du blond, et bientôt sous ses mains. Le blond observa la blessure, elle s'était refermée, mais restait préoccupante. Grâce aux différents sorts lancés pas le Serpentard elle ne risquait pas de se ré-ouvrir. Cependant la cicatrisation allait être ardue. Drago savait que ce qu'il s'apprêtait à faire était une étape essentielle pour le rétablissement d'Harry.

Il saisit la pommade, en étala généreusement sur ses mains, prit une grande – immense – respiration puis posa d'abord un doigt sur la peau du brun. Après quelques secondes d'hésitation il y alla plus franchement, et massa l'épaule d'Harry. Après quelques minutes l'onguent commençait à pénétrer sa peau et là le blond fit une découverte terrifiante : sa peau était terriblement douce. Ce contact inopportun était presque tendre. Drago se sentait impudique à le toucher comme ça, à le sentir si parfaitement sous ses doigts, à examiner avec attention chaque parcelles de sa peau.

Harry, lui, le regardait attentivement, les mains du blond se mouvaient délicatement sur son corps. « Quelle sensation étrange ! » garda-t-il pour lui même. Il fallait se l'avouer être massé était foutrement agréable. Le brun se sentit quelque peu honteux lorsqu'il réalisa que ce doux massage était effectué par Drago Malefoy, celui qu'il haïssait tant il y a même pas une semaine. Il sentit ses joues chauffer et détourna vivement la tête. Coupable de ce comportement il ferma les yeux et se laissa aller à cette sensation encore inconnue.

Il aurait pu s'endormir sous les doigts de Drago s'il n'avait pas arrêté si tôt. D'un accord tacite, aucun d'eux ne prononça quoi que ce soit, sans doute gênés. Le blond fit un geste vague vers quelques fioles sur sa table de nuit puis sortit de la tente.