9. Les Montagnes de Sonorc

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Alkmen

Rien qu'en levant un peu la tête, on pouvait observer les montagnes du Temps. Elles étaient imposantes, immenses et s'étalaient sur plusieurs centaines de kilomètres. C'était presque comme si leurs sommets pouvaient chatouiller les nuages.

Arwin et Jane se trouvaient au pied du Pic d'Emn. La plus grande montagne de Sonorc et la deuxième plus haute après le Mont d'Ébène près du Lac Argenté au nord-est de Calg. Ensuite, venaient les Monts Verts, composants la Chaîne Grise d'Elos, et enfin les trois monts de la Petite Chaîne en Etfôr.

Ils observèrent les alentours discrètement en espérant que la garde impériale ne s'y trouvait pas, ou encore quelques explorateurs curieux de localiser les villages cachés.

Jane traversa le pont de bois humidifié par les remous de la rivière au-dessous d'elle. La source descendant des Montagnes du Temps se retrouvait, grâce à divers cours d'eau, dans les Lacs Sonorc. Elle y était d'un rare turquoise clair que l'on ne retrouvait nul par ailleurs.

Tout autour d'eux, il n'y avait que de longs arbres dénués de feuilles. Certaines étaient allongées sur le sol, rougeâtres ou marrons. D'autres s'agrippaient désespérément à leurs branches par un petit follicule pendant que les brises ramenaient avec elles les odeurs spécifiques de la roche fraîchement humide.

Arwin devança la rouquine et la guida à travers les fourrés. Plusieurs chemins étroits zigzaguant montaient à travers les gros cailloux et les petits bois. Il emprunta l'un d'eux, pas plus différent que les autres, et commença à marcher.

Ils passèrent devant plusieurs roches semi-précieuses mélangées aux bouts d'ardoises tombés d'une carrière. Certaines, plus grosses que d'autres, glissaient sous leurs pas. Ni l'un, ni l'autre ne s'y attarda. Le sentier se divisa en quatre différents layons de terre si fins qu'ils ne pouvaient laisser passer qu'une seule personne. Caché entre deux fourrés, ils en empruntèrent un cinquième presque invisible si on ne faisait pas particulièrement attention. Ce dernier ne semblait pas avoir été emprunté fréquemment puisqu'il était entièrement recouvert d'herbes et de feuilles mortes. Ils grimpèrent quarante minutes de plus. L'effort devenait plus intense à mesure que le dénivelé augmentait. Leur peau prit une teinte rougeâtre, leur souffle brûlant faisait flotter une fine buée dans l'air à chaque expiration.

« C'est par ici ! » Annonça enfin Arwin.

Jane observa un village abandonné aux toitures écrasées par les pierres. Il n'y avait là aucun résident. Elle se demanda un instant s'ils étaient au bon endroit. L'aîné de la fratrie se moqua d'elle sans lui expliquer quoi que ce fut.

« On doit retrouver la porte.

- La porte... » Répéta-t-elle. « Quelle porte ?

- Les Temporels utilisent aussi des portes runiques.

- Je n'en savais rien...

- Moi non plus ! » Avoua-t-il. « C'est mentionné dans aucun livre, c'est Lonnàn qui me l'a montré ! »

Arwin et Jane traversèrent les maisons rudimentaires de pierres pour rejoindre un bois en amont. Le téléporteur effleura les arbres. Il en reconnut la majeure partie et les utilisa pour se guider à travers la densité de feuillus autour de lui.

Le duo passa devant une cascade d'eau cristalline. Les gouttes en suspens dans l'air dessinèrent un arc-en-ciel qui contrastait avec le gris orageux du ciel et le noir des roches qui l'entourait.

Peu après, ils empruntèrent un second ponton de planches mouillées, bien moins résistant que le premier. Jane manqua de glisser. Elle faillit se retrouver le derrière dans le ruisseau, qui coulait sous leurs pieds, si son frère ne l'avait pas rattrapé à la dernière minute. Il proféra un juron typique aux gens de Noffri. Une terre à la frontière de Calg. Puis il pesta en répétant inlassablement « Gaminé du déséquilibre ! Qui a construit ce pont ? Un incapable ! Sûrement ! ».

OVERGLADE    1. Le mage noirWhere stories live. Discover now