CHAPITRE I ϟ

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Du plus loin que je me souvienne, j'avais toujours aimé faire la fête. Surtout avec eux, accroupi, je regardais le corps de mon ami gisant au sol, le virus avait pris soin de le faire souffrir en brûlant chacune de ces cellules une à une. Le processus avait pris un peu moins de dix minutes, mais les cris pour moi étaient une belle et si douce mélodie. Je sortais mon papier de la poche arrière de mon jean ainsi que mon stylo et barrai le nom de cet idiot de première, au fil de ces trois dernières années, beaucoup de noms avaient été barrés, il n'en restait plus que trois. Les meilleurs pour la fin. Je n'avais pas besoin d'essayer de me remémorer la nuit où tout avait changé, je m'en souvenais comme si c'était hier, malgré les trois années passées, ce souvenir restera ancré dans ma mémoire jusqu'à ce que ma liste soit vide.

3 ans plutôt...

— Tu ne passes pas ton anniversaire avec nous ? demanda ma mère sachant très bien ce que j'avais prévu ce soir.

— Maman, je vais le fêter avec mes potes, l'informai-je une nouvelle fois en boutonnant ma chemise, je te l'ai déjà dit cent fois.

Je savais qu'elle tenait qu'on le fête ensemble comme il y a deux ans, mais je ne tiendrais pas un dîner en compagnie de mon géniteur, et elle le savait. En parlant de ce dernier, il apparut derrière et posa sa main sur mon épaule. À ce contact, je tentais de la dégager, il y exerça alors une pression.

— Tant mieux, tu n'es plus la bienvenue à table avec nous, annonça-t-il d'une voix intransigeante.

— Chérie ! Arrête de dire ça, le réprimanda ma mère de la cuisine.

— Ce n'est pas comme-ci, j'avais envie de rester avec un salaud qui ne sait pas regarder plus haut que la jupe de sa secrétaire.

Je tournai les talons, le laissant en plan dans la salle à manger.

— Je te demande pardon ! hurla-t-il en faisant presque trembler les murs de la villa.

Un décibel de plus et les murs s'effondraient, je fis volte-face.

— Je ne pense pas avoir à répéter, à moins qu'en plus de tromper ta femme et de perdre des neurones, tu perdais aussi ton audition, ironisai-je.

Sur ces derniers mots, je quittai la villa, ma mère alarmée par nos cris était sortie de la cuisine au même moment où je claquais la porte. J'en voulais à ma mère d'être aussi naïve, de croire une seule seconde que son mari l'aimait et ça je l'avais compris dès que j'avais su sortir une syllabe. Jamais, au grand jamais, il n'avait fait preuve d'amour envers ma mère et moi, cela nous faisait un point commun. Aimer ne faisait pas partie de notre vocabulaire. Je sortis mes clés et m'engouffrais dans ma Range Rover qui faisait ravage avec les filles, ou peut-être que j'étais celui qui faisait des ravages. J'ouvrais mon pare-soleil, comme par magie en tombait un joint, ma mère avait l'habitude de nettoyer ma caisse, j'avais alors trouvé un endroit où bien les cacher, j'ouvrais ensuite ma boite à gant pour en sortir un briquet. Ma mère savait que je fumais, mais si elle savait quoi, elle me tuerait. Qu'est-ce que je donnerais pour ne pas être fils unique d'une femme en putain de manque d'affection. J'allumai le roulé qui n'attendait que ça, dès lors ou la nicotine entrait dans mes poumons, je pouvais enfin respirer, je n'avais plus l'impression de m'étouffer. J'étais libre, je n'étais pas le fils de papa, je n'étais pas enfermée dans ma villa à double tour, j'étais moi et seulement moi. Un bourdonnement se fit entendre. Un papillon. Un putain de papillon dans ma caisse. J'ouvrais rapidement ma fenêtre.

—Dégage de là, sale bête, ajoutai-je en soufflant ma fumée dessus et celui-ci s'envola.

Je secouai légèrement la tête pour éviter que les mauvais souvenirs remontent. Quand j'avais fini et bien trop rapidement à mon goût, je me rendais alors à ma fête d'anniversaire surprise, je le savais car Romy ne savait pas tenir sa langue. Je me garais devant l'usine désaffectée, très drôle choix pour l'endroit, mais une chose était sûre, on ne serait pas dérangés.

V I R U SWhere stories live. Discover now