Chapitre 4

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Désirée

- Comment allez-vous aujourd'hui, Désirée ? 

Assise sur mon fauteuil, Mme Robert me fixe de ses yeux de psychologue aguerrie. Je suis arrivée à son cabinet il y a de cela cinq minutes, pourtant pas un seul mot n'est sorti de ma bouche. Pour une simple et bonne raison : je n'ai rien à dire.

J'ai toujours détesté ce genre d'exercice. Parler de moi est sûrement l'une des pires tortures que l'on puisse m'infliger. Même si je sais très bien que Mme Robert est payée pour m'entendre déblatérer les horreurs de ma vie. Je ne peux pas. Je n'y arrive pas.

Cela m'étonne qu'après deux ans de bons et loyaux services, elle n'ait pas encore décidé de me classer parmi les cas désespérés. Elle comme moi savons très bien que cette thérapie ne sert absolument à rien. Alors pourquoi continuer ?

Parce que ta mère t'y oblige, ma chère Désirée, elle te croit folle au point de te forcer à suivre ces séances.

Je reprends mes esprits, tentant de repousser au loin les propos de ma voix intérieure. Ma mère ne m'a forcée à rien. Nous avons tout simplement fait une promesse elle et moi. Je peux vivre ma vie comme je l'entends en décidant d'aller à l'université quand bon me semble mais en échange je dois continuer d'aller voir Mme Robert.

Maman s'inquiète pour moi c'est tout. Elle ne pense qu'à mon bien être.

Tout ce qu'elle veut, c'est une fille "normale" qui ne soit pas obligée de prendre des médicaments pour se soigner. Une fille comme Orianne.

À quoi pensez-vous, Désirée ?

Je lève la tête, m'apercevant que Mme Robert ne m'a pas quitté des yeux un seul instant depuis le début de notre séance. Elle attend une réponse de ma part. Mais je ne sais pas laquelle lui donner.

Remarquant mon air confus, je la vois soupirer tout en posant son stylo et son bloc-notes sur la table. Elle croise les bras en penchant légèrement son buste.

Oh non ce n'est pas bon, pensé-je. Elle prend sa position "psy". Je vais avoir des ennuis.

Écoutez Désirée, je ne suis pas idiote, je me rends compte à quel point vous avez du mal avec ces séances.

Du mal ? Moi ? 

- Je sais aussi que votre mère vous y a forcée. Mais Désirée, vous devez comprendre qu'elle s'inquiète beaucoup pour vous. Elle m'a fait part de votre récente... altercation verbale avec sa meilleure amie.

- Ce n'était pas ma faute ! C'est Josiane qui...

Mme Robert me sourit, contente d'avoir pu m'extirper quelques mots.

C'était un piège, bien sûr. J'aurais dû le savoir après toutes ces heures inutiles passées à ses côtés.

Vaincue, je soupire à mon tour avant d'enfin commencer une conversation avec elle.

- Josiane est très gentille, je ne le nie pas mais... disons que son caractère est incompatible avec le mien. Ses mots m'ont blessée.

- Qu'a-t-elle dit exactement ?

Je lui fais part de mon expérience à la supérette en lui expliquant en quoi cette journée d'anniversaire est à classer comme la pire de ma vie.

Après quelques secondes de silence, je la vois prendre son air songeur avant de parler avec son habituelle intonation de psy.

Le regard vers les étoilesWhere stories live. Discover now