Chapitre 4

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Deux jours plus tard, 15h07

Je me sentais vide. J'avais déjà cette impression de ne plus avancer dans la vie, de stagner complètement mais là c'était pire. Ne rien faire de productif et laisser la vie m'emporter là où elle le voulait, je n'aimais pas ça. J'avais prévu de ne rien faire et d'attendre sagement mais je me rend compte que c'est impossible. Il me réveillait toujours le matin quand il le souhaitait, me donner le même petit déjeuner immonde, il ne parlait que très peu et ignorait mes questions la plupart du temps, ne me laisser jamais être seule, je n'en pouvais plus, de lui et de mon avenir flou.

Je dois partir d'ici, je vais tenter le tout pour le tout. Par chance, Jack était entrain de se préparer à partir. Je le voyais prendre un sac en plastique blanc et le mettre dans sa poche puis se diriger vers la porte.

- Reste tranquille, je n'en ai pas pour longtemps.

Je lui avais demandé où est-ce qu'il allait pour voir à peu près combien de temps j'avais mais il n'a pas voulu me répondre. De toute façon, je ne sais même pas où on est alors cette information est inutile. Il venait de répondre à ma question du coup : je n'avais pas beaucoup de temps. Il sortit de la maison en prenant soin de fermer la porte à clé. J'étais prête à mettre mon plan à exécution. Je n'étais pas sûr à 100% qu'il allait fonctionner mais comme je l'ai dit, je tenterai tout. L'objectif était de mettre un maximum de bordel dans la maison, faisant croire que quelque chose s'est passé ou que je me sois enfui. Il rentrera donc et totalement confus, se mettra à chercher ma présence dans la maison oubliant de fermer la porte d'entrée à clé. C'est là que moi cacher et impatiente, me faufilerai vers la porte et quitterai ce taudis. Je suis prête à le menacer avec un couteau de cuisine et je n'hésiterai pas à m'en servir.

La porte d'entrée claqua et je restai assise sans bouger d'un poil sur le canapé. Après avoir attendu quelque minutes, je mis mon plan à exécution.
Je renversa le canapé en arrière, je pris doucement la télé et la posa délicatement sur le sol, je n'avais pas envie de vraiment tout casser, tout devait être une mise en scène. Je me dirigea vers ma chambre et jeta le matelas par terre à l'autre bout de la pièce. La chaise du bureau renversé à l'entrée de la porte. Je mis un peu de bazar dans la salle de bain et fini par sa chambre en ouvrant son placard à vêtement et en jetant tout par terre.
Je comptais me cacher entre les meubles de la cuisine et me repérer aux bruits, c'était la pièce la plus proche de l'entrée mais je ne pouvais donc pas vraiment voir ce qu'il y avait dans les autres.

Je pris un couteau de cuisine simple, celui qui pourrait couper une tomate mais aussi du pain et le glissa dans la poche de mon sweat à capuche gris. Vêtement que je portais depuis maintenant 4 jours il me semble. J'avais un t-shirt en dessous mais bon bas, c'était juste bon bas de pyjama. Le tissu était léger et bleu clair. Un style qui laisse à désirer. Si j'avais su ce qui m'attendait, j'aurai pris la peine de m'habiller plus chaudement. Même si j'avais toujours mon manteau si j'avais vraiment trop froid. Le bruit de la porte qui se déverrouille me sortit vivement de mes pensées.

- Ça y est, c'est le moment. pensais je

La porte s'ouvrit puis plus un seul bruit. Le seul bruit que j'entendais était celui de mon cœur sur le point d'exploser. Après ce qui semblait être une éternité, des bruits de pas énergiques entrèrent dans le salon et se précipitèrent dans le couloir.

- Maintenant !

Je sortis rapidement de ma cachette en essayant de faire le moins de bruit possible. La porte était grande ouverte, comme prévue. Je n'en revenais pas, était-ce de la chance ? Existe t-il vraiment un dieu dans ce monde ? Je mis un pied dehors et pris mes jambes à mon cou, je n'essayais même pas de regarder derrière moi, je voulais juste courir le plus loin possible, je ne sentais même plus mes jambes, l'adrénaline s'était emparée de moi et avait l'air de me faire courir à une vitesse que je n'avais jamais atteinte. Je ne savais pas où j'allais mais je me contentai de courir. Le ciel était orangé, les arbres aussi, des petites gouttes de pluie commencèrent à tomber mais malgré ça tout avait l'air plus beau, je n'ai pas assez profité de ce qui m'entoure. Quelque chose de banal comme le ciel, les fleurs, les oiseaux, un bonjour d'un inconnu, un sourire d'un enfant heureux, la compagnie de mes proches, tout ça me manquait terriblement et je n'en avais pas assez profité. Mais je comptais bien le faire à partir de maintenant. C'est quand on a plus rien qu'on se rend compte qu'on avait tout finalement.

Un sourire illuminait mon visage pâle et fatigué, le vent qui fouettait mon visage et balayait mes cheveux me fis un grand bien. Cela devait faire plus de 5 min que je courrais maintenant et je me sentais ralentir, j'étais pratiquement épuisée. Je ne sais même pas comment j'ai pu trouver la force de courir autant avec seulement un pauvre repas par jour.
Alors que je commençais à me laisser aller, j'entendis des pas rapides derrière moi, toujours en courant, je tourna la tête pour voir derrière moi et découvrir que Jack me poursuivait rapidement.

- Il est rapide ! hurlai-je dans ma tête.

Si il m'attrape, je suis foutue. Je ne pouvais pas m'empêcher de me répéter cette phrase tandis que j'accélérai, comptant sur mes dernières forces pour survivre. J'entendais les pas se rapprocher à une vitesse hallucinante et je commençais à paniquer de plus en plus. Les larmes coulèrent le long de mes joues, me floutant la vue. La pluie était plus forte, tout ce qui était beau il y a quelques minutes tournaient au cauchemard.

Finalement ce qui devait arriver arriva, il saisit ma capuche et s'arrêta ce qui m'étrangla et me força à m'arrêter aussi. Je me débattais pour le faire lâcher mais il me colla son poing dans la figure. Sonnée, je titubai pendant qu'il m'attrapa le poignet avec force et commença à me ramener. Je commençai à lui crier dessus de me lâcher, le supplier de me laisser partir. Il était comme un robot avec un seul objectif : me garder enfermé. Soudain, je me rappelai du couteau dans ma poche. Je glissai ma main à l'intérieur et attrapai le manche en bois du couteau et le sortit en une seconde. Peut-être était-ce mon instinct de survie ? Parce que sans aucune hésitation, je plantai le couteau dans le bas de son dos. Jack me poussa en grogna de douleur. La pluie rendait le sol de la forêt glissante ce qui me coûta une belle chute sur les fesses. Le couteau tomba au sol, j'ai senti qu'il n'était pas allé très profondément dans son corps, son tas de vêtements l'avaient protégé en quelque sorte. Dans un ton démoniaque et plein de rage, il prononça un mot.

- Salope ! s'exclama t-il.

Ignorant la douleur, il se jeta sur mon et me rua de coup. J'essayai de protéger mon visage en vain, il arriva quand même à frapper aux bons endroits. Je sentis un liquide chaud couler de mon nez, je me sentais partir petit à petit. J'étais naïve d'avoir cru que je pouvais échapper à ce monstre aussi facilement. Puis même si je m'étais échappé, m'aurait-il retrouvé ? Combien de temps aurais-je mis pour retrouver une vie lambda ? Est-ce que les gens m'auraient cru ? C'est ça qu'on ressent quand on échoue misérablement ? La douleur, le désespoir, le regret.

The forest. [Creepypastas]Where stories live. Discover now