Sonia

19 1 8
                                    

Quand j'étais petite, je prenais la caméra de papa et je m'amusais à filmer tout autour de moi.  Les grosses peluches qui décoraient ma chambre, maman qui cuisinait encore un de ces fantastiques gâteaux de semoule, le papier peint orange du salon, les abeilles qui tournaillaient près des fleurs dans le jardin. 

Mais ma petite soeur Liliana c'était ma star devant la caméra. Sans qu'elle le sache, je me cachais derrière l'entrebâillement de la porte de sa chambre et je commençais à la filmer. Elle prenait le temps de ranger lentement chaque petite poupée dans son lit, leurs faisait un baiser avant de dormir et leurs racontait une histoire. J'étais fascinée. Parce que moi, les poupées ça m'ennuyait terriblement, je me demandais qu'est-ce qu'elles avaient de si captivantes. Les faire se coucher, leurs donner à manger, les gronder lorsqu'elles font des bêtises ? Elle leur donnait des bains, coiffait leurs cheveux blonc et lisses et les habillaient avec de jolies robes à fleurs. Ma soeur était si gentille avec ces poupées, parfois même et leurs cuisinait des cookies. Elle ne voulait jamais me donner des cookies, même si je la suppliais. elle me disait " C'est pour Lili, Sophie, Marina et Lucie" ces quatre poupées de plastique. Puis forcément au fur et à mesure qu'elle disait leur donner un biscuit elle le mangeait. Je l'avais dit à maman mais elle m'avait répondu "Elle est calme, douce, tu devrais prendre son exemple toi qui revient toujours salie, pleine de boue."

Un jour, je suis devenue agacée de Liliana et ses poupées. J'ai décidé de prendre les choses en main et de me filmer moi. Au devant de la scène. J'étais si fière. Moi qui combats un monstre terrifiant avec mon épée tranchante, moi qui devient reine d'un immense royaume fantastique , moi qui capture les méchants à bout de bras et fait revivre le peuple des elfes fabuleux. Moi. C'était enfin Moi.

Ca ne plaisait pas trop à mes parents que je joue à l'aventurière. "Tu cries trop fort ma chérie" disait ma mère "ça suffit de jouer au garçon manqué" disait mon père 

Quand on devait aller voir les grands- parents, maman me disait toujours de mettre une robe. "ça va faire plaisir à ta grand maman de voir que tu es une jolie petite fille."  "on y va disait mon père. Mes parents nous attendent déjà depuis longtemps."

Grand maman me disait que j'avais les même yeux qu'elle et que papa. "Des yeux vert claire sur une petite fille métissée voilà quelques chose d'exceptionnel !"

"Et sa soeur à garder mes yeux noir"  déclara ma mère

"On a pas tous cette chance" répondit ma grand-mère.

"Oui.".avait répondu ma mère.

                                                                                          ***

Au début de mes 17 ans, je commençais une école d'acting à Florence. C'était un grand bâtiment beige à l'architecture surprenante qui donnait sur le parc du quartier "Campo di marte"

 Malgré le stress qui avait commencé à prendre le dessus lors de l'entretien, je n'avais pas eu trop de mal à y être admise. J'avais choisi d'interpréter le monologue de l'acteur Samuel l.Jackson dans pulpe fiction. J'avais eu l'idée de prendre une banane pour remplacer l'arme du film et de menacer un des jury avec le même sérieux que le personnage. Ca avait fait rire au début, mais je n'avais pas flanché et finalement les jurys furent conquis. Un jury m'avait même dit que " Avec un physique pareille vous avez tout pour faire du cinéma" 

Les premiers mois dans cet établissement, on parlait déjà de moi. " C'est la meuf la plus belle que j'ai vue "elle doit être canon sur scène" " Elle est faite pour être actrice"  " Elle a tout pour elle"

Chaque six mois, une audition avait lieu dans le hall de l'école. Tous les élèves que ce soit de première, deuxième ou troisième années y était convié. Pour cette audition, dans la même journée, nous étions seize élèves à passer devant tout ce monde. Cette fois- ci encore, j'avais choisi de  jouer un méchant. Enfaite, c'était toujours ce genre de personnage que j'interprétais pendant les cours. Cette fois ci j'avais puisé mon inspiration pour le terrible Hannibal lecteur dans le silence des agneaux. 

L'auditoire était pleins, mes professeurs au devant étaient fin prêts à m'évaluer. Le même stylo à bille avec le logo de l'école, la même chaise, la même feuille blanche. Je m'étais alors avancée sur scène d'un pas confiant. Mon idée était de jouer ce psychopathe mais version romantique qui lirait à voix haute une lettre à l'eau de rose. Fin de ma scène, Il m'avait semblé entendre des rires dans la foule. 

En fin de journée, les sept jurys avaient donc pris rendez-vous avec moi pour le résultat de cet examen. Je m'étais rendue dans le grand bureau de la directrice, fauteuil en bois de chêne, coussin en satin et tableau contemporain. Chaque jury étaient assis confortablement sur ces sièges au bois vernis et me regardaient avec un air désappointés.

-Mademoiselle, votre interprétation d'aujourd'hui..commenca la directrice

- C'est du vu et du revu.. répondit une autre

- Vous êtes la depuis six mois. Vous n'êtes pas capable de jouer autre chose qu'un méchant ?

- Vous êtes en formation pour être actrice, pas en formation de psychopathe. Répondit la directrice désespérée et amusée à la fois.

- Si vous ne faite que le même jeu tout le temps c'est fichu pour vous. 

- Regardez ce que font vos camarades autours de vous..c'est varié. C'est créatif !

Face à ses remarques, j'était tétanisée, je n'avais jamais pensé que ça aurait déplus à l'assemblée. J'aimais bien jouer les méchants car ça sortait de qui j'étais. Mais finalement, je pris conscience que faire ce genre de rôle constamment avait peux-être un impacte médiocre sur moi-même.

- Sonia,  nous vous laissons une seconde chance.

- Pour que dans les prochains six mois vous puissiez interpréter plusieurs rôles variés.

- Vous êtes bien jolie, mais..

- Ce n'est pas assez là.

- Si vous pouviez au moins jouer un vrai personnage féminin, plus sensible

- Les gens se bousculent pour entrer dans cette école, donc vous devez bosser dure dans les semaines qui viennent. 

- C'est votre dernière chance.


Quand je serai belleWhere stories live. Discover now