Chapitre 16: Que personne n'approche

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Surprise, Lady Dambury resta figée un court moment avant que sa main ne touche la joue de Lord Devitto, dans un clac douloureux.

_Non mais ça ne va pas ? S'exclame le gifflé, sa main jadis sur elle, désormais posée sur joue douloureuse.

_C'est plutôt à moi de vous demander ça ; réplique Ariella sur le même ton.

Et si le fantasme de tout Pompadour lui lançait un regard noir, Ariella elle, lui lançait des éclairs.

_Comment avez-vous osé ?

_C'est quoi cette question ? Tu t'attendais à quoi après tout ce temps passé à te séduire ? Après tous ces efforts ?

Les lèvres d'Ariella se fendirent en un “oh”, pas de surprise, mais d'outrance et de colère. Elle était si en colère qu'elle en perdait les mots. Le sale...

_Je ne vous ai rien demandé il me semble et si vous croyez que vos tours de séduction ont fonctionné eh bha détrompez-vous. Sentir vos lèvres sur les miennes est la chose la plus répugnante qu'il m'a été donné de ressentir. Et pourtant, j'en ai ressenti un tas de cette catégorie depuis que je vous ai rencontré.

_Vous savez quoi ? Ajoute-t-elle en le regardant de haut en bas d'un air moqueur. Pour un homme qui a la réputation d'être un casanova, je vous aurai cru plus doué. Si vos actes de ses derniers jours était pour vous des efforts dans votre séduction, alors je plains vraiment vos précédentes conquêtes.

Heureusement, le carrosse arrêta de rouler, signe qu'ils étaient arrivés.

_Tâchez de ne plus jamais retenter l'expérience Lord Devitto; dit Ariella avant d'ouvrir elle-même la portière.

_Ah oui ? Sinon ? Tu es ma fiancée je te rappelle.

Ariella tourna la tête vers lui avec un regard qui, Julien ne l'avouera jamais, fit frissonner son échine. N'ajoutant rien d'autre, car elle espérait pour lui que son regard aurait assez parlé, Ariella descendit du carrosse en rejetant royalement l'offre d'aide du cocher, bien que cela ne fusse point intentionnel. Foulant la terre avec colère, elle ignora chaque personne qu'elle croisa sur sa route, de l'entrée à sa chambre, trop occupée à se frotter les lèvres et à se guider jusqu'à cette dernière.

~~~

Le soir arriva plus rapidement que prévu et entre-temps, Ariella avait réussi à calmer sa colère et à faire disparaître son dégoût à coup de frottage de lèvres ~d'ailleurs un peu éffritées~. Finissant de s'habiller toute seule ~car même Sabrina n'avait pas osé l'approcher dans son état~, elle descendit pour dîner. D'ailleurs, elle arriva à peine après Julien qui tourna la tête vers elle à son entrée, comme tous les autres, domestiques y compris.

Ariella pensait pouvoir garder son sang-froid mais quand elle croisa son regard, elle se rendit bien vite compte que non. Julien, fidèle à lui-même, s'empara de sa main avec un grand sourire, pour lui baiser la main. C'était sans compter sur elle qui la retira illico et le contourna. Son attitude n'était pas digne d'une dame de la haute société ? Eh bien, elle n'avait pas vraiment quelque chose à faire.

_Bonsoir; lança t-elle à la tablée, avec un semblant de sourire qui ne trompa personne.

Les convives lui répondirent avec hésitation, conscients de la tension qui régnait autour d'elle. Ariella ne s'en rendait pas compte mais, à cet instant là, elle dégageait une dangereuse aura, qui donnait l'impression qu'elle était un volcan en ébullition. Chose qui ne s'arrangea pas quand, deux minutes après que le repas soit servi, elle piqua furieusement dans l'assiette, on dirait que le bout de viande avait voulu faire le caractérielle.

Ariella ne se rendait pas compte non plus que personne ne parlait, qu'on lui jetai de temps en temps des regards, les lèvres brûlantes. Surtout quand après quelques secondes sans bouger, une fourchette dans une main, elle se mit à frotter ses lèvres avec une serviette. Remarquant qu'elle n'arrêtait pas, Sabrina ~quoi que hésitante~ osa s'approcher et demander:

_Un peu plus de soupe Milady ?

_Non merci ; répond Ariella qui croisa le sourire de Sabrina, reposant inconsciemment le mouchoir sur la table.

Le dîner continua en silence, tendu. Personne n'osa lui demander ce qu'elle avait. Et même Victoria, avec sa langue de vipère, n'osa pas lui faire des reproche sur son attitude.

La promise de DeVitto.Where stories live. Discover now