Partie 06

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Un jour, ils furent surpris tous les deux, couchés dans l'herbe. Valerya appuyée contre le flanc de Théaros. Ils discutaient de choses et d'autres. Ils ne se rendirent pas compte qu'ils étaient observés et c'est seulement quand Théaros retourna chez les siens qu'il comprit son manque de vigilance. Son père éclata tel un orage, frappant de son gros sabot le sol : « Tu ne m'as pas écouté, Théaros ! Je ne peux plus te faire confiance ! Qu'on tue cette humaine qui te corromps ! Gardes ! Entravez mon fils ! » On fixa aux jambes de Théaros des entraves qui l'empêchèrent d'avancer puis, on lui attache les mains solidement et son père lui arracha son sceau royal qu'il portait à la main d'un geste symbolique.

Théaros se débattis avec ses entraves et redoubla d'effort pour les briser. Valerya était en danger et il devait la sauver. Mais ses violents coups de sabots ne le débarrassèrent pas de ses entraves, bien au contraire. Il se faisait mal lui-même. A force de s'agiter en tous sens, il finit par tomber lourdement au sol, fatigué. La nuit était noire et sombre, aucune étoile ne brillait. Xaév fut le seul à venir le voir. Se tenant au-dessus de lui, il lui dit : « Je t'avais prévenu, mon ami. Je suis désolé que les choses tournent ainsi.

— Délivre moi ! Xaév ! Je t'en prie ! Délivre-moi !

— Me promets-tu de la sauver, de la ramener aux siens et de ne plus jamais la revoir ? »

Silence. Long silence. Ces paroles furent comme arracher de la bouche de Théaros : « Je le promet ! »

Xaév décrocha les mains de son ami qui étaient tenues dans son dos, puis les entraves qui tenaient ses jambes. Dès que Théaros fut totalement délivré, il partit au grand galop dans la direction de la clairière où il se retrouvait avec Valerya. Sa corne de brume sonna au loin, il l'avait donné à Valerya un jour pour qu'elle l'appel en cas de problème. Elle avait besoin de lui ! Il galopa, encore plus vite. Les muscles de ses épaules et de ses cuisses se contractèrent pour le propulser en avant, son souffle était court, ses poumons douloureux. Elle avait besoin de lui !

Il arriva enfin sur la clairière, il faisait nuit noire. Doucement, les nuages semblaient se dissiper et la lumière de la lune éclaira la scène. Valerya se tenait debout, crispée, un couteau sous la gorge. Derrière elle, un Humain au regard fou et derrière eux, trois archers Humains qui avaient bandé leur arc. Théaros s'immobilisa et l'Humain qui retenait Valerya s'écria : « Sais-tu qui je suis, Centaure ? Je suis l'homme qui doit épouser cette jeune femme et qui doit être couronné Roi, mais le hic c'est qu'elle passe plus de temps avec toi qu'avec moi ! » Valerya poussa un cri et tomba au sol, les deux mains sur sa gorge. Théaros fit mine de s'élancer vers elle mais l'Humain reprit : « Ne bouge pas ou j'ordonne aux archers de te tuer ! Tu n'as aucune chance ! Vous allez mourir tous les deux car vous n'êtes que des traitres qui pactisent avec l'ennemi ! »

Le son de plusieurs Centaures au galop se fit entendre. L'Humain rigola : « C'est trop facile ! Avec cette petite corne que tu as donné à Valerya, je peux t'avoir à ma merci ainsi que ceux de ta race qui viennent à ton secours! C'est vraiment trop facile ! »

Les gardes royaux étaient déjà aux côtés de Théaros et comprirent trop tard la situation : « Je suis désolé, tout est de ma faute » murmura le Prince de Cantaura. Il regarda le corps de Valerya au sol, elle tenait toujours sa gorge et lui jetait un regard apeuré. Etait-ce comme ça que tout allait finir ?

Surement pas !

Il se jeta en avant, bouscula l'Humain qui venait de lui tendre ce piège, saisit Valerya dans ses bras et s'enfuit à toute allure entre les arbres au plus grand étonnamment des Humains et des Centaures : « Poursuivez-le ! » hurla l'Humain à ses archers, mais les Centaures étaient déjà sur eux et les tuèrent tous. Seul leur chef put leur échapper.

Théaros galopait, Valerya serrée contre son coeur. Il galopait droit devant, sans vraiment savoir où il allait. Son ancienne blessure à la cuisse lui fit soudainement mal et il trébucha et tomba à genoux. Dans sa chute il lâcha Valerya qui roula à terre. Cette dernière se releva, sa gorge saignait toujours, elle attrapa son ami pour le bras : « Relève-toi ! Théaros ! Tu ne peux pas rester là ! Je t'en prie, fuit ! » mais Théaros ne voulait fuir sans elle pour rien au monde. Pas après tout ça. Il se releva, les genoux défoncés et reprit Valerya dans ses bras. Il déchira la nuit de son galop. Ni lui, ni la Princesse Humaine n'aurait pu dire combien de temps ils galopèrent ainsi.

Soudain, quelque chose scintilla dans la nuit, comme un oiseau d'argent. Théaros eut comme un sursaut, sa respiration se fit difficile, sifflante. Valerya comprit qu'une dague venait de le toucher en plein dos. Elle aurait voulu hurler mais rien ne sortit de sa bouche. Théaros continua de galoper, le sang coulait sur son dos et dans ses cheveux, sa prise sur Valerya était plus molle, moins ferme. Sa vue se brouilla et il tomba au sol, de tout son long.

La Princesse Humaine roula su sol. Malgré la fatigue, la douleur de sa gorge, elle rampa vers son ami. Il lui adressa un dernier regard, un dernier sourire, tenta de tendre une main vers elle mais sa main retomba au sol, ses yeux se fermèrent tout à fait.

Quand les Centaures arrivèrent sur place, ils trouvèrent Valerya blottit contre Théaros. Ils pensèrent qu'ils étaient morts tous les deux mais l'Humaine était encore en vie. Ils ne savaient pas s'ils devaient là tuer ou pas. C'est Xaév, arrivant à ce moment-là qui les en dissuada avec quelques mots habiles. Le Centaures aux cheveux blonds prit à son tour l'Humaine dans ses bras et là ramena chez les siens. Il expliqua brièvement la situation au Roi Humain. Le Roi Humain promis une trêve pour réfléchir à la situation : « Trop de nos enfants sont morts » expliqua-t-il.

Au matin, nous emmenâmes notre Roi voire le corps de son fils. Cela fut un moment terriblement pénible. Il avait perdu ses deux fils. Nous brulâmes le corps le jour même. La mort de Théaros marqua profondément tous les Centaures et l'histoire de notre Prince et de Valerya toucha les deux peuples.

La guerre cessa tout à fait, les Centaures ne revirent plus d'Humaines et les Humains ne revirent plus de Centaures.

Théaros et Valerya (histoire courte - 5603 mots)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant