Partie 02

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Théaros était silencieux, comme à son habitude quand il participait au Conseil des quatre tribus. Bien que son père fît interdire tout contact avec l'Humain, aussi bien des contacts amicaux et non amicaux, des groupes de rebelles s'étaient formés pour s'attaque à eux. Le Roi chargea les chefs de tribus de trouver les meneurs de ses groupes rebelles et de les faire enfermer. S'attaquer aux Humains ne réglerait pas le problème et d'après lui, la meilleure solution était que tout le monde retourne de son côté de la forêt, comme avant. Théaros ne contestait pas ce point de vue et aucun membre du Conseil ne tenu tête au Roi sur ce point. Le Conseil se termina, chacun récupéra ses armes qu'il avait laissé sur la table en face de lui puis salua le Roi et son fils héritier d'une révérence avant de repartir.

Théaros attendit patiemment que tous partent avant de descendre les marches de la grande terrasse du Conseil. Son père l'interpela, son fils se retourna, les yeux rivés sur lui : « Fait attention », soupira le père. Théaros hocha la tête, ses deux gardes, restés en retrait allaient, comme d'habitude, le suivre de loin.

Théaros était un jeune Centaure d'un peu plus de vingt ans. Son pelage était d'un bai cerise flamboyant et sa jambe antérieur gauche était marquée, à sa base, d'une petite balzane blanche. Son torse et ses bras étaient musculeux, son visage plutôt fin et ses yeux d'un marron très clair. Sa peau était largement bronzée et ses cheveux noirs tombaient en longe crinière jusqu'à son garrot, et comme tous les membres de sa race, ses oreilles étaient pointues et mobiles. Il portait à son coup un médaillon de forme ronde et une petite corne de brume dorée. Son avant-bras gauche était protégé d'un long bracelet de cuir marron gravés d'arabesques mystérieuses. A sa main droite, il portait le sceau royal de son père.

Ce jour-là, il dut s'aventurer plus profondément dans la forêt qu'en temps normal, mais il ne s'en rendit compte que lorsqu'une voix chantante lui parvint. Intrigué, le Prince Centaure marcha dans sa direction. Dans une petite clairière pleine de fleurs des champs, une petite humaine dansait et chantait. Elle était très petite et semblait fragile. Sa robe blanche virevoltait autour d'elle ainsi que ses boucles blondes. Elle portait sur la tête une petite couronne de marguerites. Soudain, ses petits yeux bleus s'arrêtèrent sur Théaros et elle se figea totalement.

« Ne me faites pas de mal ! » gémit-elle en tombant à genoux.

Surpris, le Prince s'approcha d'elle d'une démarche très lente et prudente. A chacun de ses pas, la terreur de l'enfant était plus grande. Il finit par stopper son avancé et demanda d'une voix très douce : « Est-ce moi qui te fais peur, petite?

— Oui !

— Et pourquoi donc ?

— Car vous êtes un centaure ! Je vous en supplie, ne me tuez pas !

— Je ne vais pas te tuer. Quel est ton nom ?

— Nellie.

— C'est un très joli nom. Aime tu la musique ?

— Oui, répondis la petite fille timidement.

— Mon peuple aussi.

— Mais, vous êtes des barbares.

— Ai-je l'air d'un barbare ? »

Nellie regarda Théaros scrupuleusement, toujours à genoux dans les fleurs : « Je ne sais pas, balbutia la petite. Vous êtes si grand... Vous me faites peur...

— Tu n'as pas à avoir peur, Nellie. Je ne te ferrais jamais de mal. Je te le promets. Que fais-tu seule dans la forêt, loin des tiens ?

— Je me suis enfuie car je ne voulais pas étudier les mathématiques et les sciences. Je n'aime que la musique. Mais je crois que je me suis un peu perdue.

— C'est très dangereux de t'enfuir ainsi, Nellie, réprimanda Théaros. Le soir commence à tomber. Je vais te ramener chez les tiens. Monte sur mon dos. »

Théaros s'approcha de l'enfant, et la prenant dans ses bras, il là fit grimper sur son dos. La petite Néllie n'était pas très rassurée et s'accrocha fermement aux longs cheveux du jeune Centaure : « Hey ! Fait attention, tu me fais mal ! », se plaignit-il. Néllie s'empourpra et préféra poser ses mains sur le garrot de Théaros. Le jeune Centaure prit le pas en direction du Royaume des Humains. La petite s'était largement éloignée de chez elle et comme le soir tombait rapidement, il prit un petit galop cadencé. Au début, Néllie sautait sur son dos au rythme de ses foulées et Théaros se crispa légèrement, mais n'osa rien dire à l'enfant de peur de la paniquer. Après quelques minutes de galop, l'enfant se décontracta enfin, permettant au Centaure de galoper librement.

Il faisait nuit quand Théaros arriva à l'orée de la forêt. Il déposa Néllie sur le sol : « Je te laisse ici, je ne peux m'aventurer plus loin, c'est trop dangereux pour moi. Rentre chez toi, Néllie, et ne fugue plus car il n'est pas certain que des gens te retrouveront à chaque foi. » La petite semblait presque triste quand le grand Centaure fit quelques pas en arrière pour disparaître dans l'ombre. Elle se rua à sa suite : « Attend ! Comment tu t'appelles ? Je t'ai dit mon nom, tu dois me dire le tien !

— Théaros, mon nom est Théaros. Rappel toi de notre rencontre, Néllie, et qu'elle face grandir ton peuple ainsi que le mien ! Bonne chance, petite Humaine ! »

Néllie resta longtemps sur place, regardant l'ombre de Théaros disparaître dans la nuit noire tandis qu'il retournait chez les siens.

Théaros et Valerya (histoire courte - 5603 mots)Where stories live. Discover now