17 - « Reine ? »

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Dans un éclair d'entendement, la rouquine barra sa bouche bée d'une main.

— Oh non... C'est pour ça que tu es blessée ! Le prince disparaît quand le magicien s'évade et qu'un intrus infiltre le palais. Ne me dis pas que cette névrosée pense qu'il a été enlevé ?

— Si, soupira Nolie en baissant le regard sur ses mains à la peau zébrée. Et elle accuse les Wabans, comme tu sembles l'avoir deviné.

Horrifiée, Isela plongea son visage derrière ses doigts.

Je n'aurais jamais dû écouter Vendi! Gagner le soutien d'un magicien... j'ai surtout réussi à rendre la reine encore plus folle.

— Il faut livrer le prince à Indu, souffla-t-elle.

— As-tu perdu l'esprit ? s'horrifia Nolie. Tu sais ce qu'il fera. Il le torturera et cherchera à faire chanter la couronne... s'il ne le tue pas.

Isela renifla.

— Et alors ? Ce n'est pas comme si ses parents nous enterrent dès qu'ils nous mettent la main dessus.

— Ce n'est pas la solution Isela, tu le sais. Aide-moi à concrétiser le plan que ton père et moi avions. Suren est un bon itaki. Si nous le plaçons sur le trône, il réparera les torts causés par le roi actuel. Tu sais que les idées de ton père étaient sensées. Bien plus que celles d'Indu !

— Parce que tu crois que les Wabans et les opprimés de tout Yorze vont lui manger dans la main simplement parce qu'il cherche à panser les plaies causées par les siens depuis des générations ? cracha la rouquine.

Nolie pinça les lèvres, ses prunelles fuyant un court instant le regard courroucé de l'itakie.

— Non. Ce ne sera pas si simple, avoua-t-elle. Mais le magicien que vous avez amené avec vous est la solution.

Plus perplexe que furieuse à l'entente de ces mots, Isela plissa les yeux.

— C'est-à-dire ? grommela-t-elle.

— Suren m'a expliqué qu'il est l'envoyé d'Imshe. Il m'a aussi montré la pierre noire. Si tu aides le prince hériter à soutenir l'élu durant sa quête, il sera adulé tel un miracle soutenu par les dieux eux-mêmes. Et toi, tu seras l'icône du peuple qu'il a enrôlée à ses côtés, d'égal à égal.

— C'est très... dégoulinant de croyances, grimaça Isela dans un frisson.

— Arrête tes bêtises ! Ne me dis pas que tu ne serais pas tout aussi subjuguée par un trio aussi dépareillé qui ramènerait les ténèbres sur le royaume ?

— Un trio dépareillé, certes, mais qui ramènerait la nuit de Limpis, nous en sommes encore loin. Pour peu que cela soit possible.

— Il faut bien démarrer quelque part ! Et l'occasion est parfaite.

Dans un sourire malin, Nolie lui glissa un clin d'œil.

— Tu pourrais même séduire le prince durant votre voyage et devenir la future reine, ajouta-t-elle. La présence d'une Wabanne au côté du futur roi calmerait d'autant plus les opprimés de Yorze, comme tu le dis.

À ses mots, Isela manqua de s'étouffer dans sa propre salive.

— Tu n'es pas sérieuse ?

— C'est un bel itaki, respectueux, qui...

— Épargne-moi ton discours de nourrice fière de son protégé. Je n'arrive pas à croire que tu le jettes dans mes bras comme un vulgaire sac de viandes bien coté.

— Je suis persuadée qu'il te plairait, si tu prenais le temps de le connaître.

— C'est sûr que si tu me coinces avec lui dans une quête insensée, j'aurai l'occasion de faire connaissance. Car, tu m'excuseras, mais entre les murs du palais, j'avais un peu de mal à lui passer le bonjour autour d'un petit thé, ironisa Isela.

Ténèbres d'ImsheWhere stories live. Discover now