- Bástardos¹, juré-je en me levant brusquement.

Je ne parviens plus à me retenir. La fureur est tel que je deviens aveugle. Tel un fou, je passe mes nerfs sur tous ce qui est à portée de mes mains. J'envoie valser les objets de ma commode par terre. Je me défoule sur cette dernière en la frappant, en lui assénant des coups de pieds.

- Poutso kelftis², j'vais les buter ! m'emporté-je en attrapant un tiroir pour le flanquer au sol.

J'attrape les trois autres et fais de même. Certains sont claqués avec une telle force qu'ils se brisent sous le choc. Mais je ne m'arrête pas. Je ne peux pas. Je n'y arrive pas.

La rage est trop ancrée en moi.

Malgré moi, je ne peux pas la refréner.

Pas quand ma douce Esperanza est concernée.

Pour elle. Je ne peux pas. C'est impossible.

- Bande de bâtards ! crié-je haut et fort.

- Adelfós³..., gémit une voix enraillée dans mon dos.

Ce timbre fragile et délicat me stoppe brusquement. Je suis toujours dos à mon lit. Les tremblements s'emparent de moi. Mes muscles se tendent. Mes lèvres tressaillent. Mon cœur bat plus fort. Mon visage se raidit. Ma colère se tapie dans un coin. Mes yeux se gagnent d'eau.

J'ai envie de chialer. Elle est vivante. Elle m'a reconnu. Elle me parle enfin. J'entends sa voix. La mélancolie me gagne. Je veux céder et me laisser aller auprès d'elle.

Mais je ne peux pas.

Pas moi.

Je ne suis plus une tafiole.

Je dois être fort pour elle.

Un homme comme moi n'a pas le droit de pleurer. Ce serait faire preuve de faiblesse. Et dans mon monde, elle ne peut être visible. Sinon, on te bouffe. Les plus forts dévorent les faibles. Et moi, je suis celui qui mange les plus faibles. Le lion qui chasse. Pas la proie en fuite.

Je serre mes poings le long de mon corps, prenant le contrôle de la situation. Il me faut un laps de temps avant de regagner un temps soit peu de calme. Je me pare de mon expression froide. C'est déroutant de faire ça, mais, je n'ai pas le choix.

Esperanza lit en moi comme dans un livre ouvert. Elle est la seule personne qui décèle mes maux. Je ne doute pas que même après tout ce temps, elle y arrivera. Et ce n'est pas faisable. Si elle ressent mon animosité, dans son état actuel, elle va paniquer. Si elle découvre mon affliction, elle va s'inquiéter.

Alors si je dois passer pour un homme sans cœur, impénétrable dans ses émotions, je le ferais.

Pour son bien.

Je la protégerai mieux ainsi. Elle a besoin d'une personne sur qui s'appuyer. Pas d'une brêle au bord de perdre l'ascendant de lui-même.

Elle est ma sœur. Elle mérite d'être choyée par une véritable homme. Quoi de mieux que de me comporter comme l'homme que je suis aujourd'hui : un mafieux dont la parole fait loi.

Tu ne vas pas me reconnaître gatakí⁴ mais sache que tout ce que je fais est pour toi.

Je soupire une dernière fois, me décidant à enfin la regarder. Elle me fixe de ses magnifiques yeux marrons, les larmes s'écoulant en leur creux. Elle sanglote bruyamment à ma vue. Elle tend la main dans ma direction, tremblante.

- Dae...c'est...toi ? mumurre-t-elle, c'est...vrai-ment toi...?

Je réprime une grognement éméché. Je suis ému de la voir comme tel. Si ça ne tenait qu'à mon ancien "moi" je pleurerais son retour. Or, actuellement, je ne peux que me contenter de la soutenir. De découvrir ses maux. De la panser. De la sécuriser. De la protéger.

Hard Love : Renaissance (Love Saga 1 - Terminé)Where stories live. Discover now