Chapitre 14

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Cavalieri continua de fourrer mon sac de voyage d'une montagne de vêtements en tout genre. Je ressentais son empressement dans chacun de ses gestes, ce qui n'arrangeait rien à mon anxiété. Je finis par m'approcher de lui et posais délicatement ma main sur son avant-bras pour qu'il s'arrête. Il se stoppa net dans son élan et,  l'espace d'un instant, je sentis ses muscles raides sous sa peau, puis il se détendit à mon contact.

- Où allons-nous ? demandais-je.

Il était évident que nous ne pouvions plus rester ici. Pas tant que la Mane Nora n'avait pas identifié la brèche dans la sécurité de l'immeuble. Nous allions devoir nous cacher. Comme je l'avais déjà fait plusieurs années durant. Mon esprit se remplit d'une immense lassitude à cette pensée.

Cavalieri se planta devant moi, l'une de ses mains sur mon coudes alors que l'autre caressait ma joue :

- Dans un endroit sûr, là où tu seras en sécurité.

Il déposa un baiser sur le sommet de mon front, et mon corps se détendit instantanément. Je détestais la façon dont je pouvais réagir à son contact. Ma tête le haïssait, mais corps lui le réclamait tout entier.

Il traversa la salle de bains, mon sac toujours à la main, et y glissa mon nécessaire de toilette. Je décidais de me ressaisir et d'arrêter de rester là les bras ballants. Aussi j'enfilais rapidement un jean et un pull, et me chaussais d'une paire de bottes. Une tenue confortable et pratique, au cas où les choses tourneraient mal.

Il descendit l'escalier de sa chambre et empaqueta des documents et son ordinateur portable dans un bagage à main. Pendant ce temps, je l'observais. Il était méthodique, d'une rigueur militaire. Cet homme était de ceux qui ne croulaient pas sous la pression, au contraire. J'avais presque l'impression que ça le vivifiait.

Il dégaina son téléphone et le colla une fois de plus à son oreille d'un coup d'épaule.

- La voiture est prête ? ... Très bien. ... Nous descendons dans deux minutes.

Je le suivis dans l'entrée et il se dirigea vers l'armoire encastrée où étaient rangés les manteaux. Il se saisit de ma veste en cuir et se plaça derrière moi pour m'aider à l'enfiler. Il passa le sien sur son dos et, nos deux bagages sur son épaule, il me prit la main et se dirigea vers l'ascenseur.

Pour une fois, je ne refusais pas son contact. Nous avions toujours nos différends, mais le fait que des étrangers mal intentionnés se soient introduits dans le seul endroit où je me sentais en sécurité me rendait très nerveuse, et la présence d'Ares, étrangement, me rassurait énormément.

En sécurité...

A quel moment avais-je commencé à considérer ma prison comme un endroit sûr ? Et depuis quand considérais-je la présence de mon geôlier comme rassurante ? Je décidais de laisser cette pensée de côté pour me focaliser sur le moment présent.

Une fois au sous-sol, un énorme 4x4 noir aux vitres teintées nous attendait, moteur allumé. L'homme que j'avais épousé lança les bagages dans le coffre et fit le tour du véhicule, nos mains toujours jointes, pour m'ouvrir la portière. Il m'aida à monter et prit place à mes côtés. Il ne se contenta pas de s'installer à l'autre bout de la banquette comme il l'avait déjà fait. Là, il prit place juste à côté de moi et passa son bras droit autour de mes épaules tandis que son autre main entrelaçait mes doigts.

Luciano au volant et Bruno sur le siège passager, la voiture s'ébranla et s'engagea à toute vitesse sur la chaussée.

- Tu penses qu'on peut être suivi ? demandais-je alors que je remarquais ses mâchoires crispées et ses coups d'œil furtifs par la vitre arrière.

MANE NORA - The PactWhere stories live. Discover now