MANE NORA - The Pact

Chapitre 7

- Putain, Juliet. Mais t'étais où, bordel ?

Ela, qui m'avait toujours connue sous mon pseudonyme, était furieuse contre moi. Et à juste titre. J'avais disparu pendant plus d'une semaine et voilà qu'un soir, je lui envoyais un message privé sur les réseaux. Son visage sur l'écran m'affichait une mine contrite. Ses yeux étaient froncés, mais je pouvais y déceler une pointe de soulagement.

- Je suis sincèrement désolée, Ela. Vraiment. Mais je n'ai pas pu faire autrement.

Quel euphémisme, ma fille !

Ses longs cheveux blonds vénitiens encadraient son visage. Elle les rassembla sur une épaule, signe qu'elle s'apprêtait à passer à l'offensive. Elle faisait la même chose quand elle souhaitait me demander la suite d'une de mes histoires. En tant que fan numéro un, elle était toujours impatiente de connaître mes récits en avant-première.

- Écoute, on se connaît depuis pas mal d'années maintenant. Et je peux affirmer que ce comportement ne te ressemble pas.

- On croirait entendre ma mère, soupirais-je.

Elle me lança un œil peu amène pour m'indiquer de garder le silence, et j'obéis. Mieux valait ne pas la contrarier, surtout après mes derniers exploits.

- Qu'a-t-il bien pu te passer par la tête ? Je me suis fait un sang d'encre ! J'ai cru que tu étais morte ! Je suis allée chez toi et j'ai vu ta porte enfoncée, plus aucune de tes affaires n'étaient dans ton appartement. Je ne savais pas si c'était un cambriolage qui avait mal tourné ou si...

Elle laissa sa phrase en suspens, car elle n'osait pas dire tout haut ce qu'elle pensait. Aussi, je l'encourageais :

- Tu peux le dire.

- Ou si ton passé t'avait rattrapée, quoi qu'il puisse être.

Que dire ? La deuxième hypothèse était la bonne, mais je ne pouvais pas le lui avouer. Car ça pourrait la mettre en danger. Dieu sait ce que la Mane Nora serait capable de lui faire pour me faire chanter ? S'il lui arrivait quoi que ce soit par ma faute, j'en serais brisée. Je ne pourrais jamais le supporter.

- Dis-moi seulement où tu es, et je viens te chercher.

- Non, non. Surtout pas.

J'avais parlé trop vite. Ma précipitation la rendit suspicieuse. Je voyais déjà ses antennes s'agiter, flairant l'entourloupe.

- Tu peux tout me dire, Juliet. Tu le sais. Si tu as besoin de quoi que ce soit, laisse-moi t'aider.

Elle ne lâcherait jamais l'affaire. Je ne la connaissais que trop bien.

- Tu es retenue quelque part ?

- Bien sûr que non.

Mensonge éhonté...

Je me sentais mal à l'idée de lui cacher des choses. Mais la peur qu'il lui arrive malheur éclipsa mes scrupules.

- Dans ce cas, tu ne verras aucun inconvénient à ce que l'on se voit demain ? Disons... Quinze heures ?

- Aucun problème !

Mais pourquoi j'ai répondu ça ? J'aurais mieux fait de prétendre être malade.

Je passais une main dans mes cheveux pour cacher mes mains tremblantes. Comment allais-je faire pour honorer ce rendez-vous ?

Un problème à la fois. Je devais d'abord couper court à cette conversation avant qu'elle n'ait plus de doutes.

- Quinze heures demain, pas de problème. Je te retrouve au Belvedere Castle.

- J'apporterai le café ! se réjouit-elle, quelque peu rassurée.