Chapitre 8

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Ce ne fut qu'une fois les portes totalement refermées que Luciano et Bruno se placèrent devant moi, le dos bien droit, les pieds écartés solidement ancrés dans le sol, et les mains jointes devant eux.

L'ascenseur retentit une nouvelle fois pour annoncer la fin de la descente, et nous posâmes le pied dans le garage situé au sous-sol de l'immeuble. De nombreuses voitures étaient stationnées, allant de la Lamborghini Diablo noir mat à la grosse Jeep en passant par la berline luxueuse. Toutes rutilantes et parquées les unes à côté des autres. Bruno se présenta à un bureau vitré où étaient assis plusieurs agents de sécurité aux yeux rivés sur des écrans de surveillance. Je ne doutais pas que les caméras dussent être nombreuses, vu l'individu chez qui j'étais retenue depuis plusieurs jours maintenant.

L'un des hommes lui tendit des clés et Luciano me conduisit vers une Audi A6 gris métallisé. Il me tint la portière tandis que je m'installais sur le siège en cuir derrière le passager. Le grand blond prit le volant et démarra, son acolyte à sa droite. Le moteur vrombit et nous nous mîmes en route. Une fois sur l'asphalte, mes épaules se détendirent un peu. Je commençais déjà à mieux respirer.

Je voyais l'extérieur, la ville de New York grouillante de tout ce monde sur les trottoirs, la circulation embouteillée. Les rues étaient lumineuses des panneaux de publicité disséminés un peu partout sur les façades des immeubles, les taxis klaxonnaient pour se frayer un passage entre les véhicules. Les passants marchaient rapidement, regardant droit devant eux. J'imaginais que l'un d'eux, en complet gris bleuté et un attaché-case en cuir noir à la main, se rendait à une réunion. Et cette fille, dans sa jolie robe fourreau de couleur blanche, rejoindre un amant dans un bar lounge des quartiers chics. Il lui proposerait un dernier verre dans son appartement et c'est là qu'ils consommeraient leur passion. Mon imagination d'écrivaine turbinait déjà. Peu importe sur quoi mes yeux se posaient, tout était bon pour me donner une idée inspirante.

Je reportais mon attention sur des touristes qui photographiaient tout et n'importe quoi, même les choses les plus insignifiantes. Un jeune homme plus loin se démenait avec les laisses des nombreux chiens qu'il baladait tandis que ceux-ci jappaient joyeusement en sentant les odeurs d'un stand de hot-dogs à quelques mètres.

La vraie vie...

Elle était si proche. Il me suffisait d'ouvrir la portière et de descendre de cette voiture pour mettre le pied dehors et me mêler à la foule. Il m'aurait été ensuite si facile de disparaître. Mais mes geôliers avaient déjà pris le soin de verrouiller toutes les portières. J'avais tenté de tirer discrètement sur ma poignée, mais il ne s'était rien passé.

La tête posée sur la vitre, je fermais les yeux et me concentrais sur les gouttes de pluie qui commençaient à tomber. La voiture continua sa progression dans la circulation de la mégalopole quand Luciano arrêta la voiture. Je vis que nous étions à la lisière de Central Park.

Bruno jeta un coup d'œil à sa montre puis tourna sa tête sur le côté pour s'adresser à moi :

- Il est moins dix. Nous allons descendre ensemble et je vous accompagnerai jusqu'à votre rendez-vous pendant que Luciano ira garer la voiture.

- Et pourquoi ce ne serait pas toi qui irait garer la voiture ? se plaignit son ami.

- Parce que t'es déjà au volant, espèce de con.

Luciano se tourna vers moi, tout sourire :

- C'est juste une excuse. Il déteste conduire dans cette jungle.

Je souris, légèrement amusée par la dynamique de ce duo. Luciano était aussi léger que Bruno était sérieux. Le premier avait la plaisanterie facile alors que le bras droit de Cavalieri était sombre et crispé. Ce dernier jeta un nouveau coup d'œil à sa montre.

MANE NORA - The PactOù les histoires vivent. Découvrez maintenant