Chapitre 11 ~ Partie 1 ~ Poussière d'or

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Myra s'écarta du Gardien, sans comprendre. De qui parlait-il, exactement ?

- Tu as les mêmes cheveux. Quoique les siens étaient moins bien coiffés, ajouta-t-il après une pause.

- Euh... excusez-moi, mais vous trouvez que je ressemble à qui ? demanda-t-elle faiblement, les jambes tremblantes.

L'Hégémon fronça les sourcils. Sa peau semblait si pâle qu'on aurait dit un cadavre et de là où elle se trouvait, la jeune sylde pouvait distinguer le moindre trait gris dans ses yeux.

- Mais à l'humain bien sûr !

- À... l'humain ?

Le Gardien se leva et s'approcha de Myra qui avait reculé de quelques pas, le souffle coupé. Il se pencha vers elle et s'arrêta lorsque son visage fût à quelques centimètres du sien.

- Oui... Au fou qui te servait de père, siffla-t-il.

La jeune sylde écarquilla les yeux et recula précipitamment. De la poussière d'or se souleva et les enveloppa d'un nuage précieux.

- Je l'ai bien connu, tu sais... Plus que je ne l'aurais voulu, murmura-t-il d'une voix mielleuse.

Myra leva la main devant son visage, comme pour se protéger. C'était idiot, jamais l'Hégémon ne lui ferait de mal. Même s'il venait juste de dire que son père était fou.

Ton père était fou. Mais tu le savais déjà, non ? susurra la voix dans son esprit.

La jeune sylde plaqua ses mains sur ses oreilles.

- Tais-toi ! Je ne veux plus t'entendre ! hurla-t-elle.

Aodren se figea et la fixa. Myra se rendit compte qu'elle avait parlé à voix haute et plaqua une main sur sa bouche, le cœur battant à tout rompre.

- À qui parles-tu ? souffla le Gardien d'une voix menaçante.

Un murmure choqué enfla dans la salle, mais l'Hégémon fit un signe de la main. Aussitôt, le monde disparut. Il ne resta que Myra, Eko, Aodren, le silence et de l'or partout. Une illusion, songea la jeune sylde. Le Gardien était un Tisseur. Et il venait de les faire disparaître aux yeux des autres. Elle ne pouvait imaginer la panique qui devait régner au palais à cet instant.

- Maintenant que nous sommes seuls, tu peux me répondre. À qui parlais-tu ?

Myra resta pétrifiée.

- Allons, je ne te ferais pas de mal. Je me doute que tu ne me parlais pas à moi. À moins qu'Ysin et Sulek aient vraiment tout raté. Ce qui au final ne m'étonnerait pas tant que ça.

Il fit une pause et avança d'un pas vers la jeune fille.

- Vois-tu, ta mère n'aurait jamais dû trahir les siens. Ce n'est pas de ta faute... Mais le fruit de leur union devait forcément avoir une part du mal qui les rongeait. Évidemment, Amalya n'en a fait qu'à sa tête. Tu devras faire bien attention. Jamais je ne te laisserai trahir les syldes à ton tour. Je suis là pour t'aider, tu comprends n'est-ce pas ? fit-il avec un sourire.

Le cœur de la demi-humaine rata un battement. Comment ça, « le mal qui les rongeait » ?

- Je... Non. Non, je ne comprends pas.

Le sourire de l'Hégémon disparut aussitôt.

- Écoutes moi bien, Myra. En tant qu'Hégémon et Gardien des syldes, tu me dois obéissance, plus qu'à quiconque. Je ne te laisserai jamais mettre en danger les syldes. Si je le juge nécessaire, je pourrai te mettre hors d'état de nuire en un rien de temps. Ton influence humaine ne pourra plus jamais nous toucher, je m'en assurerai. Et crois-moi, c'est une punition que je ne souhaite à personne, pas même à mon pire ennemi. Mais je n'hésiterai pas.

La Pierre des ÂmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant