Un Carnet de Scène

VI - 15 décembre 2018

(Narrateur externe :)

Charles n'était toujours pas réveillé. Peu de monde avait d'espoir qu'il se réveille un jour. Les jours passaient, les opérations s'enchaînaient, le désespoir l'emportait, mais toujours rien. Peut-être n'y avait-il aucun espoir..

Matthew avait fini par aller le voir, un mois après la catastrophe. Il n'avait pas trouvé le courage de revoir son visage avant, son visage si fermé et sans émotion.

Il avait songé à le rejoindre, plus d'une fois, il avait même tenté de passer à l'acte, un soir, mais Roel lui en avait empêché. Il ne mangeait presque plus, son corps était devenu encore plus maigre qu'il ne l'était déjà avant. Il ne souriait plus, et ne faisait aussi plus rien de ses journées, restant simplement cloîtré chez lui, à tourner en rond.

Il était donc là, à tenir entre ses mains la photo qu'il avait toujours aimée. Une photo qu'il avait toujours chérie. Une photo où il était avec son bien-aimé, ce dernier lui embrassant la joue en souriant. Qu'est-ce que ça lui manquait, les baisers de la part de Charly. Qu'est-ce qu'il lui manquait...

Et Charly était à côté de lui, sur ce lit, branché de tous les côtés. Telle une machine sans vie, tel un corps mort qu'on tente de remettre à la vie.

Le bip continue de la machine est la seule chose qui brise le silence froid de la chambre, si ce n'est les sanglots de Matthew, et sa respiration saccadée. Comment un concert avait-il pu tourner au drame, menant son bien-aimé à une mort presque certaine ? Comment avait-il...

Puis un bruit. Enfin un bruit étranger au bip continue de la machine. Un murmure. Le jeune guitariste relève alors la tête avec vivacité, et regarde son chéri. Est-ce réellement lui qui vient de parler ? Y a-t-il encore un espoir, finalement ? Ou n'était-ce qu'une illusion ?

Et, encore un bruit. Matthew fixe alors Charles. C'est en effet bien lui. Il murmure quelque chose pas très compréhensible, comme s'il essayait de parler. Matthew s'approche alors un peu plus de lui, prenant doucement sa main immobile entre la sienne. Une lumière d'espoir réapparaît. Faible, fragile, mais elle est bien là.

"Charly..."

Le concerné ne répond rien, mais après quelques secondes, sa main se resserre doucement, serrant celle du guitariste entre la sienne, avec une force très faible.

Il entend Matthew. Il le comprend. Il sait qu'il est là, à son chevet, depuis maintenant longtemps. Il sait qu'il ne doit pas lâcher la vie, au risque de faire lâcher celle de son chéri. Il comprend que, s'il part de ce monde, il ne sera pas le seul.

Puis Matthew éclate en pleurs, serrant fortement la main redevenue inanimée de Charly. Il n'arrive pas à battre le silence de cette chambre d'hôpital, ce silence pesant. Il n'arrive pas à se dire que son bien-aimé frôle la mort, et qu'à tout instant, il peut rencontrer celle-ci et la rejoindre.

"Charly... Ne m'abandonne pas... Je t'en supplie..."

Son cœur se serre et se resserre sans qu'il ne puisse reprendre son souffle, comme une danse sans fin. Une danse avec la souffrance.

Il n'arrive pas à s'imaginer vivre sans lui, lui qui était sa lumière d'espoir.

Il essaye de reprendre son souffle, en vain. La danse frénétique ne s'arrête pas.

"Ch... Charly..."

Il ne veut pas le voir partir.

Il n'arrive plus à respirer tant la douleur est forte.

Il l'aime. Du plus profond de son cœur, de son âme.

"S'il te plaît... reste..."

Il finit par poser sa tête contre son compagnon, comme il l'avait fait le jour du concert. Ses cauchemars faisaient surface chaque nuit, où il revoyait ce jour où tout avait basculé...