Le rêve américain

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Oliver Gliese, c'est ainsi qu'il faut l'appeler désormais, est en route pour la belle et grande Amérique dont on en parle comme on parlerait du dernier smartphone Apple qui ressemble aux précédents.

Il avait décidé de prendre cette destination une fois rentré à Paris, il ne pouvait décidément pas laisser impuni son père Django, son cousin Emile, et tout le reste de sa colonie. Leur mort ne devait pas être vaine, elle ne devait pas plonger dans l'oubli et même lui, il se voyait mal vivre le restant de ses jours dans ce corps de bipède ridicule sans aucun moyen de défense naturel; même leurs dents étaient inutiles, un dinosaure herbivore faisait bien plus de dégâts avec ses dents arrondis et lisses... Non, Oliver ne pouvait décidément pas rester sur cet échec. Il devait se venger, et quoi de mieux que le titan du Nouveau Monde comme point de départ à sa terrible revanche? Ainsi donc, il avait pris le premier avion depuis sa capitale chérie pour se rendre au lieu de son choix qui lui permettrait de mener à bien ses plans.

Dans l'avion, Oliver réfléchissait posément, en observant les autres humains présents autour de lui, quelle serait la suite de ses plans une fois arrivé sur le sol américain. Il n'était personne, il se voyait donc mal se hisser jusqu'au sommet du gouvernement pour appuyer sur le gros bouton rouge avec l'étiquette "Attention Bombe Atomique Nolwennienne, si t'appuies, on crève tous", décidément, non. Impossible, impensable, il fallait trouver autre chose. Qu'est-ce qui fait fureur aux Etats-Unis? En dehors des hommes politiques qui se font la guerre pour des broutilles, et qui permette à un jeune blondinet, totalement inconnu du monde, de se faufiler relativement facilement pour mieux tous les détruire? Oui. Oliver songea aussitôt à Hollywood, à ses célébrités diverses et variées, à ses acteurs, à ses chanteurs, à ses comédiens, à ses icônes de la mode... Ah Hollywood, aussi abondant qu'un panier de pique-nique abandonné, qu'un fromage vieilli oublié dans le frigo... Des proies faciles qui n'attendaient que d'être dévorées...

Ceci étant, Oliver devait bien choisir sa cible. Il ne fallait pas qu'il choisisse quelqu'un de trop connu, ce serait étrange, et il n'aurait sûrement pas le temps de faire souffrir le monde avant de l'exterminer pour le bien de sa vengeance, ça se déroulerait bien trop vite, il n'aurait définitivement pas le temps d'apprécier... Il ne fallait pas non plus choisir un total inconnu auquel cas sa démarche n'aboutirait jamais... Ou peut-être dans très longtemps alors... Oliver se souvint alors d'une conversation qu'il avait eu avec son père Django alors qu'ils étaient avec la colonie en train de déguster les déchets fraîchement déposés dans le compost d'une vieille fermière mal-élevée. Django lui avait raconté comme il s'était infiltré dans la maison d'un comptable retiré à la campagne, dans un bled voisin à celui où ils se trouvaient en ce moment. Il était en train de grignoter quelques morceau de pain de campagne abandonné dans un panier créé spécialement pour cet effet et tandis qu'il pensait que le comptable l'avait vu et allait le chasser, il se rendit compte que ce dernier allait en fait allumer la télévision. Et ce fût l'engouement total, l'extase d'un petit vieux de rat affamé, Django avait découvert un groupe qui portait le même nom que la Reine d'Angleterre: Queen. Il avait littéralement "kiffé la vibe" tout en mangeant et ce fût probablement le plus beau casse-croûte qu'avait vécu Django. Il avait ajouté que de ce qu'il avait compris, le chanteur était une sorte de... "prolongation de premier pour faire perdurer le groupe" qui avait perdu son premier chanteur trop tôt. Adam Lambert, Adam Gilbert? Elliott Lambert, Elliott Gilbert? Impossible de se souvenir du nom que lui avait dis Django...

- Excusez-moi? Monsieur? Je peux... Emprunter... votre...

- Mon téléphone?

- ... Ouais?

Quel premier échange mémorable en tant qu'humain Oliver... En même temps, difficile d'ouvrir une conversation quand on découvre qu'on sait parler et qu'on a un vocabulaire assez restreint en tant que rongeur... L'homme qu'il avait interpellé lui prêta donc son téléphone et Oliver put découvrir que les quatre noms qu'il avait sorti était en fait une seule et même personne: Adam Lambert. Chanteur, acteur, il a prêté sa voix à bon nombre d'exercices qui en ont pourtant pas fait une célébrité de haut rang... Peut-être qu'Oliver tenait sa proie? Pas trop connu, mais un peu quand même grâce au groupe Queen qui avait, selon internet, une réputation en béton.

Oliver rend le téléphone à son propriétaire, le remercie - enfin essaye - et repart vers ses pensées en attendant leur arrivée sur le sol américain... qui se produisit quelques heures à peine plus tard. Oliver fût le premier à décamper de l'avion, puis de l'aéroport. La grande question maintenant, c'est "qu'allait-il faire à ce Adam?", "Comment se faire repérer par le bonhomme?"

Car oui, Oliver n'est pas bête, il sait qu'on a vite fait de se faire prendre pour un hystérique si on agit de la manière la plus naturelle qui soit, à savoir: aller à la rencontre de la personne qu'on veut rencontrer.

Il fallait donc qu'Oliver commence par se créer un peu plus précisément son identité humaine avant de pouvoir passer à l'attaque... Allons bon, que lui fallait-il? Un téléphone et un compte Instagram pardi!! Oh que c'était facile de devenir quelqu'un en fait... Avec sa petite gueule d'ange idéalisée par l'idéal humain, Oliver avait bien toutes ses chances... Qui plus est, le bel étalon qu'il avait dans le viseur était on ne peut plus solo, la chance du rêve américain frappe à la porte ou est-ce qu'Oliver est juste terriblement chanceux dans son malheur?

Quand la fin du monde fût déclenchée par un rat de labo coréenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant