''Chapitre 6"

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D'un pas vif et résolu, elle se rendit devant sa cuirasse argentée et bleu nuit, l'enfila promptement, et courut presque à son étalon bai, en l'harnachant soigneusement. 
L'issue de cet affrontement ne pourrait jamais être semblable au dernier, elle préférait qu'il en soit ainsi. 

-Que faites-vous ?!

Ne se donnant même pas la peine de se retrouver, la jeune femme rétorqua

-Je pars les rejoindre.

-Ce n'est pas le rôle d'une femme de notre peuple, qui n'a aucune éducation en matière d'arme, et dont ce n'est pas le rôle off...

Devant le regard intense et farouche de la jeune femme, la voix de son interlocuteur se coupa, alors que sa réponse cinglait

-Je ne suis ni Japonaise, ni disposée à obéir à qui que ce soit.

Ses mots résonnaient encore quand la chevelure flottante au vent d'Elséïs disparut de la vue d'Hitsute.
Celui-ci secoua imperceptiblement la tête, un frêle sourire apparut en songeant à quel point son frère avait l'amour précieux de cette femme.

Si eux deux revenaient de cette guerre, le peuple les respecterait, qu'importe l'hybridation de leurs sentiments. 


La jeune femme laissait sa monture dérouler ses amples foulées, se contentant d'accompagner le mouvement puissant de l'étalon brun et noir. 
Au loin, elle vit que l'armée avait repris une cadence plus faible, pour économiser chevaux et hommes. 

Elséïs stoppa d'une main un peu dure le galop régulier de son cheval, qui secoua sa tête intelligente : postée sur un promontoire, elle dominait la route qui s'écoulait des pics enneigés aux vallées immenses. 

Les étendards de pourpre et d'argent claquaient fièrement là-bas, au détour du chemin. Les sabots gris des chevaux martelaient le sol, les cuirasses bariolées resplendissaient au soleil, et les sabres au côté des samouraïs étincelèrent ensemble de mille éclairs. 
Quittant le chemin tracé, la jeune femme pressa l'animal de couper à travers champs. 

Le seigneur menait la troupe de ses guerriers sur son destrier ébène. Il parvenait à songer à ce qui les attendait sans angoisse : son âme était apaisée. 
On meurt tôt ou tard, et mieux vaut périr par la discipline, le sabre, et par honneur, que fuir lâchement l'inévitable en oubliant les valeurs ancestrales. 
Veinko voulait revoir le visage de celle qu'il aimait, mais au moins en choisissant cette voie, il était persuadé qu'elle ne le mépriserait jamais. 

Une rumeur sourde derrière lui le surprit : ses hommes étaient rompus au silence exigé en cette heure grave, et... 

Une guerrièreWhere stories live. Discover now