Chapitre 15

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« 𝐂𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐚𝐬-𝐭𝐮 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥'𝐨𝐮𝐛𝐥𝐢𝐞𝐫? »

Août 2015

Le silence est l'une des choses les plus étranges qui existe. Il veut tout dire en ne disant rien. Parce que parfois, un silence dit plus de choses que des mots. Il est le centre de nombreuses citations. "L'élégance d'un silence vaut mieux que l'impuissance des mots" dit John Joos et "chaque parole a une conséquence. Chaque silence aussi" explique Jean-Paul Sartre. Parce que oui, les silences sont un bien étrange  phénomène. Ils évoquent la peine tout comme la joie. La gêne comme l'agréabilité. Certains ne les aiment pas, d'autres l'adore.

Emma Rousseau faisait partie de ceux le détestant. Elle trouvait toujours quelque chose pour le cacher. Elle pouvait hurler à tout moment, certes, mais ce qu'elle préférait pour le masquer, c'était la musique. Elle chantait, jouait d'un instrument, tout le monde la savait: Elle était ce genre de personne pour qui les harmonies musicales représentaient toute une vie.

Mais ça, c'était avant.

Avant qu'elle apprenne ses véritables origines familiale.

Avant qu'elle ait vu son jumeau mourir sous ses yeux.

Avant qu'elle se soit réveillée à l'hôpital, orpheline parce qu'elle avait, sans le vouloir, tué son père.

Avant qu'elle assiste aux enterrements des deux derniers membres de sa famille.

Avant qu'elle soit recueillie par les Cullen.

Elle faisait toujours de la musique. Mais c'était différent. Avant, elle en faisant par passion, pour combler l'ennui, pour éviter les silences, justement. Maintenant, c'était par peine, par solitude et par hommage. Ses textes avaient changé. Ils étaient plus tristes, plus sensibles.

Et malheureusement, il n'y avait pas que ses textes qui avaient changé. La jeune fille l'était tout aussi. Autrefois joyeuse, pétillante de vie et sûre d'elle avec un grain de folie, elle vivait maintenant passivement. C'était comme-ci elle n'arrivait plus à vivre normalement.

Elle s'était éteinte en même temps que son frère. 

Assise sur son lit, elle écrivait. Depuis quelques temps, écrire dans un journal était devenu une occupation dont elle ne voulait plus se passer. Autrefois, c'était à son frère qu'elle se confiait, mais elle ne le pouvait maintenant plus. Alors, c'est tout naturellement qu'elle a opté pour le journal intime. Journal bien particulier, car en plus d'y retrouver son quotidien et ses pensées, on pouvait y retrouver des chansons, des photos, des dessins, des lettres au passé comme au futur. Mais également des textes pour Olivier. Ces textes étaient ceux qu'elle préférait écrire. Ceux dans lesquels elle exprimait réellement ses sentiments.

Lorsqu'elle eut relevé son stylo de la page du carnet, elle se perdit quelques instants dans ses pensées avant de lire ce qu'elle avait écrit:

Tu as disparu. C'est fou, mais à chaque fois que quelque chose de trop génial m'arrive, tu es la personne à qui j'ai envie d'en parler. Et pareil quand ça ne va pas, tu es aussi cette personne à qui j'ai besoin de le raconter. Mais tu as disparu, et tu ne réapparaitras plus. Plus jamais. À chaque fois, j'espère te voir. À chaque coin de rue, j'espère te croiser. C'est bête, je sais... Mais je ne peux me rattacher qu'à ça. Tu étais la dernière personne qu'il me restait, et même toi, tu es partit. Tu as rejoins maman sans même m'en avoir parler avant. Tu m'as laisser seule dans une vie que je n'arrive plus à vivre. 

T'as vécu avec moi, sous le même toit, en même temps que moi, et maintenant tu vis dans mes larmes. Et je sais très bien que pleurer ne te feras pas revenir, mais cela me prouve que tu es bien partit. Et je t'ais tellement pleurer que je n'y arrive plus. Ton absence m'a complètement asséché. Et cette absence se reflète dans mon sourire. Un faux sourire qui ressemble à la peine que tu me causes en étant partit. J'aimerai tellement pouvoir te parler. Chanter avec toi. Parce que je maintiens que tu aurais dû rejoindre la chorale.

[2] Pour l'éternité • CondamnationWhere stories live. Discover now