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Il se souvint.

Cette soirée était gravée dans sa tête de manière indélébile, comme une tâche d'encre étalée sur une page blanche.

L'ambiance était à la fête. Beaucoup parlaient de l'événement alors que l'on entendait en fond des rires mélangés aux rythmes des tambours. La nuit était calme, l'air du soir doux. On pouvait sentir cette odeur de bois fumé provenant des foyers allumés çà et là.

Tous s'installaient quand il s'approcha pour s'asseoir à table à son tour. Sans cérémonie aucune, tous commencèrent à manger. Les personnes qui l'entouraient étaient heureuses. Les sourires illuminaient l'obscurité calme, tapie sous ces grands pins. Il fallait reconnaître que l'occasion était assez exceptionnelle. Elle donnait de l'espoir à leur communauté. Ils en avaient besoin.

Faisant mine d'écouter les compliments qui lui étaient adressés, il répondait avec un sourire machinal. Mais son attention était portée de manière irrésistible sur elle. Son regard ne cherchait que ses yeux émeraudes. Elle semblait tout autant absorbée par ce jeu d'attraction qui passait presque inaperçu dans cette cohue ambiante. Presque.

Alors que le festin s'achevait, un silence cérémoniel s'installa. Sans être alimentés, les feux mourraient lentement. Il devenait difficile de distinguer les visages de chacun.

C'est à ce moment que l'on put percevoir des chants gutturaux provenir des tréfonds de la nuit. Ceux-ci résonnèrent comme un bourdonnement qui s'intensifiait peu à peu. Les chants devinrent plus nombreux et se répondaient.

Au cœur de la nuit, l'atmosphère devint alors mystique.

On fit résonner les tambours et vibrer la guimbarde au même rythme que les chanteurs reprenaient leur souffle.
Il sentait la tension monter et ferma les yeux pour la ressentir au plus profond de lui-même. C'était effrayant et très excitant à la fois. Son sang battait dans ses veines au son des tambours.
La forêt se réveillait progressivement pour l'accueillir en son sein.

Les sons se déplaçaient maintenant. Il sentait que certains passaient très près de lui.
On pouvait entendre des hurlements d'animaux percer la mélodie.
Un cliquetis résonna alors que le bal de chant accélérait la cadence. Il savait que cela provenait d'une parure faite en os. Il l'entendait s'approcher lentement.

Brutalement, deux mains se posèrent sur ses épaules et le silence s'abattit à nouveau.

Il sut alors sans l'ombre d'un doute qu'il leur accorderait sa vie pour les protéger puisqu'ils venaient de lui confier les leur.

BERSERKIRWhere stories live. Discover now