9- Une amie?

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Je reste enfermé dans ma chambre à jouer de la harpe toute la journée, occasionnellement, je papote avec Gayle, mais elle reste silencieuse.

Lorsque je mange avec les autres, c'est le silence total, outre les rires indiscrets des deux hommes parfois lorsqu'ils trouvent que la blague de l'autre vaut vraiment le coût d'être dite.

La Duchesse ne me parle jamais, mais elle laisse ses regards hautains m'atteindrent. Dès que je la vois, j'ai envie de lui hurler dessus et lui avouer à quel point je la déteste, à quel point je la méprise.

Caspian reste de marbre, ne m'adresse aucun regard. Je ne le fais pas non plus, d'ailleurs. La pitié dans son visage lorsque la Duchesse m'a humilié devant lui et le Duc est ce pourquoi je le déteste. C'est peut-être une mauvaise raison, mais depuis que j'ai été choisie par eux, j'ai cette impression que ma vie va rester un enfer.


Installée sur mon banc à côté de ma harpe, je laisse glisser mes doigts sur les cordes souples de mon instrument. Je réfléchis à n'importe quoi, je laisse mon esprit divaguer quand je joue, ça me permet de rester calme.

— Vous jouez très bien, Mademoiselle, me complimente Gayle après que j'ai fini ma partition.

— Merci, Gayle. Jouez-vous d'un instrument? je lui demande en posant mon doux regard sur son visage.

La jeune fille est petite, ses cheveux roux et ses yeux verts lui donnent une impression de fougue. Ses dents croches dévoilées lorsqu'elle sourit avec cet air malin lui donnent un effet d'immaturité, même si elle semble l'être beaucoup.

— Non, Mademoiselle. Être servante ne me laisse pas beaucoup de temps, répond-elle en laissant paraître son visage radieux.

— Je vois...

Je réfléchis un instant à l'idée qui vient juste d'apparaître dans mon esprit. Je me dis que ça ne ferait de mal à personne!

— Viens, je vais t'apprendre.

Gayle lève subitement la tête dans ma direction lorsque je me lève. Elle ouvre la bouche, mais la referme aussitôt.

— Mademoiselle, je n'ai pas le droit... Je dois bientôt commencer à vous préparer, le dîner est sous peu...

Je lève les yeux au ciel en lui indiquant le banc.

— Nous avons encore une trentaine de minutes devant, Gayle!

Elle hoche la tête et refuse de venir s'installer sur le banc.

— Vous n

e voulez pas? je lui demande avec l'impression d'avoir trop insisté.

Elle soupire.

— Ce n'est pas cela, Mademoiselle, j'aimerais bien, mais le problème c'est que je ne suis qu'une simple servante! En plus, mes doigts sont rudes et très peu efficaces.

Je soupire à mon tour.

— Vous êtes quand même une jeune fille qui a la vie devant elle! Vous ne resterez pas ici éternellement! Un jour, vous vous marierez et vous pourrez jouer de la harpe à vos enfants pour se coucher.

Gayle sourit et accepte enfin de venir s'asseoir sur le banc.

Dès le début, je lui montre comment positionner ses mains, la façon la plus facile de jouer de simples notes, puis je tente de lui montrer comment jouer une mélodie, mais ce n'est pas chose faite.

D'un coup, elle arrête, puis pose ses mains sur ses genoux.

— Dites, Mademoiselle June... dit-elle avec un ton hésitant. Voulez-vous des enfants?

Sa question trotte dans ma tête quelques instants, à en voir l'expression sur le visage de Gayle, je me rends compte que la mienne doit être déstabilisante. Je lui souris pour la rassurer.

— C'est sûr que j'aimerais porter un enfant, mais je ne sais pas si je serais une bonne mère.

Elle sourit.

— La mienne m'a vendu au Duché d'Angwin du Nord, mais elle était aimante. Elle a fait cela pour me protéger, l'argent qu'elle gagnait comme femme de ménage à temps partiel dans un bar ne suffisait pas pour que nous mangions toutes les deux. Elle a fait ce qu'il fallait pour notre survie. Elle était une bonne mère, après tout, avoue-t-elle sur un ton nostalgique. Je ne vous connais que très peu, mais je suis persuadé que vous en seriez une excellente.

Je pince mes lèvres ensemble.

— Vous savez, Gayle, vous me connaissez mieux que quiconque. Je ne me suis jamais ouverte à personne, j'avais trop peur d'être blessée un jour.

Faire des confidences de ce genre fait parfois du bien. Je pense que je me suis trouvé une bonne amie. Même si elle est jeune, je crois qu'elle est là pour écouter et qu'elle ne me jugera pas.

La Duchesse du Nord (En réécriture)जहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें